Kadoman Otsuka est chroniqueur pour le respectable magazine Famitsu. Ses billets sont un peu fourre-tout, souvent hors sujets, mais ils témoignent d'un réel engouement pour la matière écrite. Cette semaine, Otsuka a fait preuve d'une inhabituelle rigueur éditoriale. Entre deux levées de coude, il a demandé à une poignée de développeurs chevronnés avec qui il partage une réelle amitié, de citer trois jeux mémorables.
 
Daisuke Yamamoto est le premier créatif à se plier à ce genre d'exercice dont est friand l'électorat de cette célèbre publication. Auteur heureux du lucratif Puzzle & Dragons, Yamamoto identifie d'emblée deux titres : "ce serait Street Fighter II et le premier Pokémon". Quant au troisième, la sélection est plus délicate, mais par élimination il finit par choisir "Tetris". Une préférence à dominante arcade dont il ne nie pas l'origine : "gardez à l'esprit que je suis très influencé par les jeux coinup [...] leur conception est toute entière tournée vers un plaisir immédiat". L'hégémonie de la Famicom a également laissé une forte empreinte dans la mémoire des développeurs. Il n'est donc pas surprenant de constater que beaucoup d'entre eux revendiquent cet héritage.
 
 
À commencer par Kaname Fujioka, producteur émérite de la franchise multimillionnaire Monster Hunter : "je dirais sans réfléchir le premier volet de Mega Man. Son influence sur ma carrière est incalculable." Avant de briller sur Super Famicom, il y a l'imparable "Street Fighter II, en faveur duquel j'ai passé toute ma jeunesse à jouer en duel dans les salles d'arcade". Enfin, "Castlevania" et toute sa dimension technique tels que "les graphismes, l'environnement, la musique" avait éveillé chez Fujioka "de l'admiration" pour le titre de Konami.
 
A contrario, pour Keiichiro Toyama l'arcade a essentiellement nourri son patrimoine ludique. Question de "génération" se justifie-t-il. L'artisan du sympathique Siren et du renversant Gravity Rush cite "dans mon Top 3, je distinguerais Space Harrier, Xevious et Virtua Fighter [...] ils ont bouleversé ma vie". Cependant, ce classement est loin d'être exhaustif : "je pourrais énumérer une dizaine d'autres titres", preuve que son choix n'est pas définitif à une période où chaque nouvelle borne détonait par leur concept original.
 
Rompu à ce marronnier (sujet journalistique bateau, récurrent), le créateur légendaire de la série des Ogre Battle ne se prive pas de le faire remarquer au chroniqueur Otsuka : "si je me souviens bien, on m'a posé la même question voici une dizaine d'années pour Famitsu ou une autre publication, relève Yasumi Matsuno. Mes choix s'orientaient en direction de Xevious, The Legend of Zelda et SimCity". Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. D'autres titres plus contemporains ont modifié son classement préférentiel : "je dirais Zelda, Ultima Online et Red Dead Redemption". Il s'en explique ainsi : "Zelda caractérise l'exemple parfait d'une conception qui doit faire école. UO [...] représente le jeu de rôle par excellence. Enfin, RDR dévoile les charmes du jeu en open world. Il a réveillé en moi l'envie de réaliser un jeu de cette trempe".