Nintendo a toujours été la bête noire de feu Atari et son fondateur Nolan Bushnell ne l'a pas encore digéré. Le charisme d'un vieux sage que dégage cette légende du jeu vidéo ne doit pas nous faire oublier qu'il sait se montrer vénéneux en lieu et place d'une prédation désormais assagie par ses soixante-dix ans passés. Sa dernière sortie sur BBC ne fait effectivement pas dans la nuance : "Nintendo est sur la voix de l'affalement". Le géant japonais éprouve actuellement des difficultés à vendre sa nouvelle console de salon (seulement 180 000 Wii U écoulées en trois mois), l'addition des prochains chocs extérieurs (Xbox One, PlayStation 4) finira par sceller le sort d'une console incomprise sur le plan conceptuel. Telle est la thèse du persiffleur Bushnell, lui-même rejoint par une poignée d'analystes très imaginatifs assimilant le destin de la Wii U à celui de la... Jaguar d'Atari !
 
Cette machine fallacieusement qualifiée de "seul système 64bits du marché" en 1993 avait pour ambition de renverser les prétendants au leadership mondial à l'entame d'un nouveau cycle technologique (synonyme de remise à plat des rapports de force concurrentiels). Avec une cible prioritaire en la présence de Nintendo. Cependant, au terme d'une bataille commerciale et juridique d'une dureté inouïe durant laquelle Atari épuisa toutes ses ressources (tant humaines que financières) face à un fabricant indécollable de sa première place depuis 1983, le constructeur américain jeta l'éponge au milieu de l'année 90. L'ex-fondateur d'Atari est loin d'être gagné par la sagesse et l'humilité des vétérans de l'industrie passés à la postérité. Incapable de remettre en cause ses méthodes de gestion motivées par l'intimidation, Bushnell fustige l'attitude "d'entrepreneurs véreux" responsable selon lui de ce brutal décrochage industriel après "un début glorieux". Il fait référence au mégalomane Bruno Bonnel qui sous pavillon Infogrames avait racheté la marque dans le but d'internationaliser le savoir-faire de l'éditeur français. La mise en faillite d'Atari avait révélé aux yeux de tous l'existence de malversations financières (bonus doré indécent, soupçon de délits d'initié) provoquant les foudres des fondateurs historiques.
 
"j'vous en#@% !" semble nous jeter à la figure ce vieux crouton
 
Mais Nintendo n'est pas le seul constructeur à en prendre pour son grade. L'homme s'est joint au concert de réprobations que Microsoft a essuyé après la présentation d'une stratégie en ligne cadenassée : "ils veulent vous louer des choses, pas vous les vendre", résume-t-il si justement. Pour se justifier, le numéro un informatique avançait marcher sur les pas d'une tendance de fond (incarnée par le succès de Steam). Toutefois, pour Nolan Microsoft regarde ailleurs : "ils ont les yeux fixés sur le milliard de chinois, ils vendent moins de logiciels dans ce pays que dans une petite ville du Texas." Les BRICS (acronyme anglais désignant le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et la Russie), ces marchés émergents appelés à devenir des débouchés porteurs pour l'industrie du jeu vidéo, sont gangrénés par le fléau du piratage. Le tour de vis opéré par le géant des logiciels vise à lutter contre cette infortune que l'ensemble des acteurs de cette industrie vit comme une punition. À cela s'ajoute en Occident une double peine : le secteur de l'occasion aspire une partie des revenus dégagée par l'activité officielle.
 
Dernier constructeur à s'attirer les critiques de cette légende controversée, Sony. En particulier son infrastructure en ligne qualifiée "d'horrible", compromise  par "des outils logiciels lacunaires, pas bien documentés et rédigés en japonais" affirme Nolan. C'était effectivement le cas de la PlayStation 2 et dans une moindre mesure celui de la PS3. Néanmoins le centre de gravité décisionnel s'est depuis déplacé aux États-Unis. La montée en puissance de Mark Cerny présenté comme le principal inspirateur de la PlayStation 4 et chantre d'une approche fédératrice en témoigne.
 
En définitif, ce fossile semble être fâché avec toute la profession : "ils sont incroyablement stupides, ils ont tous perdu entre 10 et 25 points de QI, vous n'avez pas à leur accorder le moindre crédit"
 
À bon entendeur !