La réputation sulfureuse de la franchise Grand Theft Auto n'est pas usurpée. Bien au contraire, elle revendique, avec un goût certain pour la provocation gratuite, l'apologie du crime, du sexe tout en décriant les mythes fondateurs des États-Unis. Du plus sérieux (american way of life) à la plus ridicule des légendes touristiques de la côte Ouest : le Bigfoot. Près de neuf ans après la commercialisation de GTA San Andreas, des joueurs persistent encore à croire en la présence cachée du monstre dans le jeu.
 
En 2004, les débats avaient fait rage sans que personne ne fût en mesure d'apporter la preuve formelle d'avoir croisé entre deux braquages sanglants, ce géant poilu. Partisans et adversaires en restèrent à ce statu quo jusqu'à ce qu'un joueur mit en ligne sur Youtube il y a quelques jours, une énième démonstration visuelle prouvant que Bigfoot hante bien GTA San Andreas. "J'étais à Back o Beyond, je me trouvais en haut d'une colline. Le brouillard était épais, mais derrière la végétation j'ai clairement distingué la présence d'une forme noire de grande taille", affirme un joueur dans les colonnes de The New Yorker. Le temps que celui-ci cherche son appareil photo, "il avait disparu", s'excuse-t-il. Pour beaucoup qui ont terminé le jeu jusqu'à l'optimisation complète du personnage, la chasse au Bigfoot reste la seule raison de revenir au jeu.
 
 
Rockstar avait intelligemment profité de cette énième tempête, bien soft en regard des autres motifs à polémique dont regorge le jeu. Cette vieille bisbille relancée semble agacer Terry Donovan, le PDG du studio : "Il n'y a jamais eu de Bigfoot, tout comme dans la vie réelle". Les modders de tout bord se sont assurément approprié cette controverse, compliquant la recherche de la vérité sur son existence. Cependant, le chef de file des défenseurs de cette thèse a recueilli plus d'une centaine de témoignages de joueurs convaincus d'avoir croisé au moins une fois le chemin de cette créature. Donovan reste malgré tout droit dans ses bottes : "La conception de San Andreas est d'une extrême complexité, parcourue par plusieurs millions de lignes de code. Il est possible que des choses étranges puissent arriver, néanmoins il n'y a rien d'intentionnel".
 
L'ouragan "Hot Coffee" de San Andreas a laissé des traces dans l'esprit des joueurs, fragilisant d'autant les propos de Terry Donovan. Ce mini-jeu sexuel caché de tous explosa à la face de l'éditeur américain qui essuya les plâtres (amende de 22 millions de $) après une violente réprobation dans laquelle associations et politiques s'étaient opportunément invitées. Il n'est donc pas impossible qu'un développeur parmi la centaine mobilisée pour la création du jeu eût inséré un Easter egg à l'insu de ses collègues et supérieurs, contribuant ainsi à la pérennité presque éternelle de ce mythe.