Les Iwata Ask ont beau être balisées comme du papier à musique, ils recèlent parfois des trésors inattendus. Nintendo a toujours entretenu des relations distantes avec les bouillonnants développeurs dont la vocation professionnelle est de sortir des sentiers battus. D'ailleurs, qui ne se souvient pas de cette poignée de main très protocolaire entre Mikami et Miyamoto qui célébrait l'arrivée de l'enfant terrible sur Gamecube ? Les deux hommes ne s'appréciaient visiblement pas, mais il fallait mettre médiatiquement en scène cette idylle forcée devant les journalistes...
 
 
Hideki Kamiya est un peu le fils spirituel de Mikami, avec un caractère plus explosif. Ce qui est un peu la marque de fabrique du studio Platinum Games. Lorsque Nintendo décida de se rapprocher de cette jeune pousse, ce fut avec beaucoup d'appréhension. Chacune des parties se regardant dans le blanc des yeux. Un sentiment partagé par Kamiya. Ce dernier percevait en Nintendo "un grand professionnalisme" orienté strictement "business". En somme, une entreprise régie par un fonctionnement bureaucratique, à l'approche du métier codifiée par le marketing. Aux antipodes des aspirations fantasques de Kamiya. Cependant, au fil du temps le génial créatif révisa son jugement. Désormais, il loue "la dimension humaine" de la société.
 
Identique crainte du côté de Nintendo. Le producteur Hitoshi Yamagami révèle que l'état-major avait une perception biaisée de la personnalité de Kamiya, qualifiée de "terrifiante". Yamagami a en mémoire le coup de sang du développeur étalé sur Twitter. Après plusieurs rencontres, les méfiances réciproques se sont désamorcées d'elles-mêmes : "nous avions juste besoin d'être honnêtes avec lui", résume consciencieusement le producteur.