La scène homebrew aime les défis, surtout les plus improbables. Le Virtual Boy, cette douloureuse parenthèse noyée dans un océan de succès, était peu engageant pour des éditeurs frappés par le concept hybride boiteux de la nouvelle console de Nintendo. Un casque de réalité virtuelle monté sur pieds toussant des images en simili 3D volumétrique en deux couleurs n'avait rien de commun sur le marché. Gunpei Yokoi, le concepteur de la machine, avait eu beau alerter ses supérieurs sur le risque industriel de commercialiser une technologie impropre, la décision fut tout de même prise dans la hâte. La SegaSaturn ainsi que la PlayStation montraient sans complexe leurs muscles tridimensionnels, il fallait rapidement réagir.
 
 
Principal souci, l'affichage à colométrie binaire du VB ne résistait pas une seconde face à la 3D temps réel nettement plus séduisante des concurrents. Les géants de l'édition tournèrent inévitablement le dos à Nintendo. Pour la première fois, le marché du jeu vidéo d'ordinaire soumis à l'agenda dicté par un fabricant omnipotent allait s'affranchir de celui-ci. La carrière commerciale du Virtual Boy s'arrêta si brutalement qu'elle ne vit aucun grand hit de l'époque fleurir son catalogue de jeux composé essentiellement de titres internes.
 
 
Pour réparer ce tragique accident industriel tout en réécrivant l'Histoire, des développeurs homebrew se sont décidés à porter au mépris de toutes les conventions légales, Street Fighter II sur la décriée 32bits de Nintendo ! Sous titré Hyper Fighting, le jeu est identique trait pour trait à la version SNES, si ce n'est la coloration toute en contraste du VB (rouge et noir). La démo est disponible à tout un chacun, mais nécessite la coûteuse et fuyante cartouche Flash Boy pour être lancée. Pour ceux qui ont pu l'installer, SF II Hyper Fighting est une totale réussite.