Hideki Kamiya est un éternel insatisfait. Ce développeur aux multiples talents n'hésite pas à saborder des productions, quel que soit leur état d'avancement. Par le passé, il s'était illustré de cette façon avec le remodelage de Resident Evil 2 malgré un an et demi de travail effectué. Le second tour de table des Iwata Ask consacré à The Wonderful 101 convoque cette fois toutes les figures de haut plan qui ont participé au développement du jeu. Et deviner quoi ? Le bouillonnant Kamiya s'est une nouvelle fois montré très contrariant vis-à-vis de ses supérieurs...
 
"Tout a commencé lorsque Tetsuya Minami (responsable de Platinum Games) s'est adressé à nous : "travaillez à l'idée de rassembler les plus célèbres avatars avec en leur centre, ceux de Nintendo" moucharde Kamiya. L'homme fort du studio avait à l'esprit Wai Wai World (Konami) ainsi que Famicom Jump (Bandai), deux potpourris sur la 8 bits du fabricant japonais, particulièrement apprécié du haut dirigeant. Hideki Kamiya se laissa séduire par cette proposition, arguant que ce mélange improbable de personnages originaires de multiples horizons ludiques a le pouvoir de "magnifier" les jeux d'origine par le simple jeu "d'interactions entre ces avatars".
 
Confiant dans leur concept, celui-ci fut soumis au regard réprobateur de Nintendo. Le projet devait être réécrit pour décrocher la précieuse autorisation du fabricant, mais sans grand succès. Kamiya s'était approprié comme jamais le modèle. Il repartit à la charge avec cette fois-ci des personnages "similaires à Viewtiful Joe". Nouveau véto du constructeur, au motif que ces protagonistes renvoyaient une image négative. Sans se démonter, Kamiya et son équipe redessinèrent dans un ton plus léger les héros de pacotille. L'approbation enfin décrochée, le remuant Kamiya aborda dans le plus grand secret un mécanisme de jeu : le Multi Unite Morph. Son goût immodéré du risque l'amena à intégrer cette aptitude à transformer ses personnages en armes (fouet, épée, fusil...) à l'insu de son supérieur, Atsushi Inaba : "d'ordinaire, un énorme changement comme celui-ci nécessite une concertation prioritaire avec moi. Je l'ai découvert à mon insu. Comme rarement, j'ai piqué une grosse colère" souffle-t-il.
 
L'appétit immodéré de Kamiya pour l'effet de surprise cache l'âme d'un grand enfant soumis davantage à ses caprices, ses coups de coeur. Cette absence de rigueur professionnelle donne une saveur particulière, voire inimitable aux productions dont il a la charge.