Souffler les vingt bougies de StarFox donne l'occasion à d'anciens membres du studio Argonaut Software, d'expier du passé les relations aigres-douces que l'équipe britannique entretenait avec Nintendo. Dylan Cuthbert, un jeune prodige de la programmation informatique, se remémore l'organisation anarchique de Shigeru Miyamoto : "nous étions séduits et déroutés, le processus de production changeait constamment d'orientation [...] Miyamoto ajoutait des idées pour les retirer presque aussitôt, nous avions l'impression de n'aller nulle part". Et tout ceci n'est rien eu égard à la volteface de Nintendo, sabordant quelques semaines avant sa commercialisation le joyau StarFox 2 "l'imminence du lancement de la N64 a conduit à l'annulation du second volet sur SNES. Avec les retards successifs qui ont freiné le lancement de la console, SF 2 aurait pu sortir".
 
Les relations d'affaires du constructeur japonais étaient détestées pour leur dureté. Sous la coupe de Nintendo et son réservoir de croissance économique à deux chiffres, le studio Argonaut était pieds et mains liés au désidérata du géant japonais. C'est toutefois en toute confiance que l'équipe britannique soumet à l'état-major un prototype de jeu de plate-forme en 3D temps réel, "le premier au monde" qualifie sans détour San. Le concept fut rejeté, du moins en apparence. Lorsque Super Mario 64 a été officiellement présenté aux médias, les ressemblances avec le modèle préliminaire dévoilé à Nintendo sautent aux yeux des membres du studio de création : "SM64 avait l'aspect et la convivialité de notre prototype (un petit dinosaure évoluant dans un espace ouvert) [...] lors d'un show, Miyamoto s'est avancé vers moi et m'a présenté ses excuses d'avoir refusé de réaliser un jeu volumétrique avec Yoshi; il nous a également remerciés de l'avoir indirectement aidé à développer un jeu de plate-forme en 3D. Il nous a proposés un accord de reversement de redevance en guise de compensation". Et ce n'était pas le seul coup bas : "Nintendo a conservé Star Fox 2 et utilisé une grande partie de notre code au profit de Star Fox 64 sans nous reverser le moindre argent".
 
L'accord d'exclusivité qui liait les deux parties a véritablement été mal vécu par Argonaut Soft. "nous nous sentions sous-évalués, nous aurions pu faire tellement plus". Derrière les sucess story de Nintendo, se cachent d'inévitables rancoeurs...