Les créatifs les plus talentueux de notre industrie rechignent souvent à s'épancher sur les jeux de leur enfance qui ont éveillé leur passion pour leur métier, au point d'y faire une heureuse carrière. Masayoshi Yokoyama n'est pas de ceux-là. Producteur et scénariste de la série à fort taux d'adrénaline Yakuza pour le compte de Sega, l'homme s'est livré à quelques confessions sur l'oreiller en exclusivité pour le magazine Famitsu.
 
Très vite, l'interviewé présente le cadre idyllique dans lequel enfant, il a baigné : "Maintenant que j'y repense, cette flamme s'est révélée très vite à moi [...] encore gamin, il y avait comme 500 jeux dans la maison." Le budget familial a peu souffert d'une telle orgie de jeux vidéo, tient à rassurer M.Yokoyama : "mon père était le directeur de la section jouets d'un grand magasin. Il était donc facile de mettre la main sur une grande quantité de jeux" fait remarquer le producteur. Une situation enviable que ce dernier a mis à profit, même en étant malade : "pendant un ou deux ans, j'avais pour interdiction d'exercer une activité physique intense lorsque j'étais à l'école primaire."
 
Il ne s'est pas dispersé malgré cette abondance de jeux à sa disposition immédiate. Un cliché récurrent voudrait que M.Yokoyama soit un fervent joueur de RPG, c'est tout le contraire : "j'étais un fan invétéré d'Excitebike. Je me suis tellement passionné pour ce titre que mes doigts s'en souviennent [...] je totalise environ 2000 jours passés dessus." Un autre lieu commun que M.Yokoyama fait voler en éclat est la superficialité supposée des jeux d'arcade des années 80. Celui-ci se défend d'être s'est laissé abrutir par la recherche du score parfait : "à chaque fois que j'améliorai mon chrono, je le notais sur un bout de papier. La chose la plus étonnante, c'était de le battre à maintes occasions et ce, de l'école primaire au lycée. En surface, ce titre ne paie pas de mine. Si bien que vous pensiez naïvement qu'il suffirait de prendre le plus court chemin, n'est ce pas ? Pas exactement. Il vous fallait tenter de nouvelles choses sans quoi vous passiez à côté du propos du jeu."
 

 
Cette idée de profondeur n'a jamais quitté le producteur. Il a fait de cette constante recherche d'expérience une exigence professionnelle : "Excitebike ne m'est jamais réellement sorti de l'esprit, témoigne M.Yokoyama. Je me pose souvent la question si je suis en mesure de reproduire un tel niveau de profondeur [...] avec seulement un ou deux boutons. Je suis un fervent supporteur de la combinaison des touches (simplifiées de la manette). Dans Yakuza, les combats empruntent ce type de configuration."
 
La jouabilité d'Excitebike se résume en effet à deux bouttons qu'il faut presser en fonction de la dangerosité d'une situation (essence et turbo). Elle donne cependant la possibilité au joueur d'exercer une plus grande latitude à son appréciation de l'action à entreprendre. Par exemple, le turbo est une arme à double tranchant. S'il permet de gagner plusieurs secondes sur le temps imparti, le surrégime du moteur de la moto guette le joueur opportuniste. En composant avec les deux touches, il était possible de constamment flirter avec la surchauffe symbolisée par une jauge.
 
"Je serai à jamais reconnaissant envers mes parents" souffle le producteur. Nous aussi !