Elle s’appelait 10NES et s’était attirée les foudres des compétiteurs Sega et Atari. Cette politique d’exclusivité éditoriale imposée à tous les éditeurs par un Nintendo ivre de puissance hégémonique remonte à 1983. Les nombreux procès intentés dans le but de casser cette interdiction arbitraire aux yeux des constructeurs et quelques éditeurs isolés ont tous été perdus. Cette approche décriée a par elle-même fait long feu vers le milieu des années 90, à la faveur d’une détente concurrentielle. Cette pratique commerciale à la limite de la légalité appartient désormais au passé. Du moins le pensait-on jusqu’à ce qu’un développeur indépendant dénonce avec vigueur la stratégie de verrouillage éditorial au relent “tenessien” de Microsoft.
 
Pour Curve Studios, la coupe est pleine. La clause de parité de lancement sur Xbox One n’est ni plus ni moins qu’une pâle copie de l’implacable stratégie d’écrémage de Nintendo : « Pour nous, c’est une nuisance [...] une honte », s’emporte Rob Clarke, directeur marketing du studio britannique dans les colonnes d’IGN.com. Les modalités de développement d’un jeu indépendant imposent à cette communauté l’exclusivité à Xbox One si le titre n’a pas été au préalable commercialisé sur une console concurrente.
 
Or, les studios de taille modeste souvent désargentés concentrent leur faible ressource financière vers un seul format avant d’envisager un portage sur l’ensemble des plates-formes du marché à condition que les ventes soient suffisantes : « Il est délicat pour une petite structure généralement composée de petites équipes de proposer un lancement en simultané sur PS4 et Xbox One », alerte le responsable marketing. Curve Studios se fait le porte-voix de tout un pan de l’industrie vent debout contre cette politique commerciale passéiste : « Espérons que nous soyons entendus, Microsoft a été informé mais ils n’ont toujours pas changé de position », regrette Clarke.
 
Jusqu’ici, le géant américain a déclaré que les réclamations des développeurs seront examinées au cas par cas tout en excluant l’abandon de cette clause : « Au final, les joueurs seront gagnants », déclare avec une pointe de mépris le directeur exécutif Phil Harrison. Comble de l’ironie, en mesure de rétorsion Stealth Inc. 2 devient une exclusivité... Wii U !