Unearthing the Atari Gravyard : the search for ET, le documentaire d’investigation sur le funeste destin de millions de cartouches ET : The Extra Terrestrial enterrées dans le désert du Nouveau-Mexique avance bien, merci pour lui. Mais contrairement à ce que laisse supposer la thématique générale du titre du reportage diffusé exclusivement sur la chaîne documentaire des consoles Xbox, d’autres aspects de cette débâcle industrielle seront traités.
 
Lightbox et Fuel Entertainment, les deux sociétés coproductrices du documentaire démêleront la vérité économique du fantasme médiatique entourant la fuite en avant d’Atari face aux méventes d’un titre phare commercialisé sur console Atari 2600 en 1983. Plus qu’un détonateur de l’implosion du marché nord-américain des loisirs interactifs, le jeu E.T. cristallise surtout le rejet des pratiques commerciales douteuses des constructeurs.
 
Les deux représentants des sociétés productrices ont participé à un forum organisé par SXSW Gaming, couvert par le site Polygon.com. Ils ont répondu à une séance d’échanges avec le public présent. “Certains disent que les six courtes semaines de développement allouées au jeu sont une performance en soi, c’est bien pour cela qu’il mérite son statut de chef d’oeuvre, c’est peut-être vrai après tout” , répond diplomatiquement Jonathan Chinn de Lightbox. Avant d’être plus tranchant : “Pour répondre avec plus d’exactitude à votre question, ont-ils pris conscience du naufrage ? Selon moi, ceux qui connaissaient le métier oui. Nous nous sommes entretenus avec certains développeurs impliqués dans la réalisation du jeu, ceux qui exprimaient une véritable passion professionnelle.”
 
Cependant, la cupidité maladive des dirigeants d’Atari ont eu raison de l’intégrité professionnelle des créatifs, résumée par cette détestable maxime marketing : “Les consommateurs achèteront ce que vous vendrez”. Et c’est précisément sur ce point que Jonathan Chinn s’est penché. Comment de hauts responsables coupés des réalités du marché des jeux vidéo “ont été envoyés se faire voir” par une “communauté de joueurs encore embryonnaire”. Le coproducteur y devine une cassure entre Atari et les joueurs : “Ils se sont éloignés de leurs racines”. Immédiatement après les joueurs, le monde financier précipitera le destin du constructeur. L’action sera massacrée sur la place boursière Newyorkaise, entraînant le départ d’un codirigeant très controversé.
 
Si cette impossible histoire passionne tellement le public, c’est en partie dû, “Au bras de fer l’opposant aux grandes corporations” croit savoir J. Chinn. C’est l’histoire du pot de fer contre le pot de terre avec pour issue heureuse “La victoire du consommateur [...] consciemment ou non, c’est à la structuration d’une communauté de joueurs auquel nous avons assisté”. Les joueurs revendiquent d’une même voix leur refus “D’acheter un jeu parce que c’est une adaptation vidéoludique d’un film à succès [...] ce combat est toujours en cours dans le monde du divertissement d’aujourd’hui” insiste le coproducteur.
 
 
D’autres aspects irrationnels et militaires se greffent indirectement à ce désastre industriel, alimentant d’autant les phantasmes. La ville tout d’abord qui hébergerait la fosse cachée fut autrefois l’un des premiers sites d’essai nucléaire des États-Unis. De même, cette dernière n’est qu’à deux heures de route de Roswell, une ville réputée pour le crash d’un aéronef extraterrestre à la fin des années 40 et dont la zone de recherche était solidement gardée par l’armée. Enfin, dans cette ville un édifice mortuaire a été érigé en hommage au premier chimpanzé envoyé dans l’espace. C’était en 1983...
 
Et les choses ne s’arrêtent pas là ! À mesure que leur enquête progressait, Jonathan Chinn apprit que la municipalité avait déposé de toute urgence un ordonnancement prohibant le dépôt sauvage de détritus industriels, du moins exigeant une sécurité maximale pour la population vivant à proximité. “Le numéro de cette ordonnance municipale ? 666” glisse malicieusement le coproducteur. L’excavation du site ne commencera que dans un voire deux mois, révélant la présence ou non de ces fameuses cartouches victimes de la cupidité d’Atari : “les trouver sera la cerise sur le gâteau”.
 
Et la fin du mythe ?