La défense du pouvoir d’achat est une question d’actualité, brûlante qui plus est. Celle-ci n’appartient pas seulement aux parents, les joueurs sont aussi concernés. À chaque nouveau cycle, le prix des jeux grimpe parfois plus vite que l’inflation. Alors voilà, à près de 70€ le jeu on a tous le sentiment qu’un plafond psychologique est atteint, d’autant que la controverse du contenu additionnel s’invite avec fracas. Le vieux crouton que je suis pourrait vous vanter cet âge d’or du jeu vidéo emmené par des sociétés historiques telles qu’Atari, Activision ou encore Nintendo. Eh bien non. Car malgré l’ivresse ludique de cette période faste où tout restait à inventer, les prix pratiqués étaient scandaleusement élevés.
 

Ce n’est pas une ixième analyse d’un obscur cabinet qui en tire le constat, mais les grandes signatures du monde du développement. Réuni à l’occasion du sommet du DICE qui s’est déroulé début février, un parterre de vétérans de l’industrie a débattu de cette épineuse question. Mark Cerny, sorti de l’anonymat depuis peu est catégorique : “Le prix des jeux arcade était le plus élevé à ce jour”. Présenté comme l’architecte de la PlayStation 4, Cerny a commencé sa longue et brillante carrière en 1982 chez Atari avant de rejoindre Sega un an plus tard. Pendant son grand oral, il fut rejoint par Eugene Jarvis, co-créateur du légendaire Defender en arcade (1980). Ce dernier abonde naturellement dans le sens de son homologue et ami.

Alors que ce shoot’em up consacre le scrolling libre, les premiers tests réalisés en local n’accordaient que des sessions de jeu de 30 secondes. “Avec 25 cents vous n’aviez droit qu’à quelques minutes” , renchérit Mark Cerny. Ceux autorisant plus de deux minutes et demie étaient délibérément écartés par les opérateurs de salle d’arcade parce qu’ils n’apportaient pas une profitabilité élevée. Bien que très dynamique avec des taux de croissance à deux chiffres, cette activité était considérée à haut risque. Une grande partie du budget de développement des jeux était absorbée par le coût astronomique des meubles d’arcade. Leur conception devait être personnalisée afin de distinguer son produit de la concurrence, et ce de l’écran jusqu’au câblage : “C’étaient des projets d’un million de dollars”, acquiesce Eugene Jarvis. 
 
À trop vouloir idéaliser le rétro, on oublie souvent la cherté des jeux de cette époque.