C'est dans les vieux pots que l'on mixture les meilleures soupes. Si le géant Electronic Arts feint d'oublier cet adage frappé du bon sens, les joueurs sont là pour le lui rappeler. Et bruyamment ! Le numéro deux mondial de l'édition a fouillé ses fonds de tiroir pour y dépoussiérer en mode free to play une vieille licence tombée en désuétude avec le temps, Dungeon Keeper.
 
Fatigué par l'archétype du héros trop propre sur lui, le débordant Peter Molyneux proposa au joueur d'incarner les forces du mal dans un jeu de stratégie commercialisé en 1997 sur PC. Son concept à contre-courant des scénarios mielleux et stéréotypés fit mouche auprès d'un public avide de nouveauté audacieuse qu'il ne tarda pas à élever au rang de titre culte. Un succès planétaire appelant naturellement une avalanche de suite, celles-ci n'ont malheureusement pas réitéré la même performance commerciale.
 
Mais l'éditeur américain a visiblement de la suite dans les idées 17 ans après la sortie du premier volet. Surfant sur la lucrative fibre nostalgique, il dépêche en août 2013 les services du studio Mythic Enter. pour lancer une version iOS/Android en décembre dernier recentrée sur... l'appât du gain. Une filouterie portée à la connaissance de tout un chacun sur les réseaux sociaux. EA pensait naïvement que la bronca naissante se limiterait au noyau dur de fans fâchés de la restructuration du gameplay de Dungeon Keeper autour d'une politique "agressive" d'achat de contenu additif. Cependant, celle-ci ne cesse d'enfler pour finalement déborder du simple précarré de fanas invétérés. Ainsi, l'édition en ligne du journal gratuit Metro Uk dénonce dans une critique au vitriol l'incongruité des mécanismes ludiques aiguillés par le soudoiement. Le quotidien connu pour sa modération va jusqu'à pointer un 0/10 : "Le seul aspect positif est d'être incompatible avec les smartphones d'ancienne génération", ironise le périodique.
 
 
Les explications du responsable du studio Mythic Jeff Skalski n'ont pas été entendues, se confondant en exposé digne d'un stratège en marketing. Ce dernier se félicite de la sacro-sainte opinion positive des joueurs agrégée par les plates-formes commerciales de Google Pay "4,5 étoiles sur 5" ainsi que de l'Apple Store "4 sur 5". Problème, l'attribution des notes par le public est conditionnée à des avertissements, orientant les appréciations à la hausse. En effet, une note maximale encouragerait le studio à fournir davantage de contenu gratuit tandis qu'un arbitrage compris entre 1 et 4 ouvre une fenêtre dans laquelle est demandé au joueur de motiver son évaluation...
 
Sur Metacritic.com, Dongeon Keeper évolue dans d'identiques eaux troubles de l'appréciation orientée. Quand la note des utilisateurs plafonne à 0,3% de moyenne (248 critiques) celle en provenance de sites professionnels s'élève à 46% de moyenne (18 tests).
 
Le rétro n'est pas soluble dans le free to play...