NieR, c'est un jeu qui commence à dater (il date de 2010), mais je crois qu'il est, sans conteste, dans le top 3 de mes jeux favoris... De tous les temps. Oui. De TOUS LES TEMPS, toute génération confondue. Une histoire adulte, que Cavia (ou Square-Enix, je ne sais pas si c'est l'éditeur ou le développeur qui est à l'origine de cette décision) a eu le bon goût de spliter en deux versions différentes, pour satisfaire les différences culturelles entre l'orient et l'occident. Des graphismes étrangement envoûtants. Un univers presque aussi onirique que Shadow of the Colossus. Des musiques tout simplement irremplaçables, qui restent gravées au fer rouge dans votre esprit, des personnages ayant des personnalités bien marquées... Mais pourquoi un tel jeu n'est-il pas plus connu ?

Pour découvrir ce qu'il s'est passé, il faut essayer de se remettre dans le contexte à l'époque de la sortie. La presse internet et écrite se voit envoyé un paquetage de Square-Enix, indiquant qu'on peut tester le jeu, mais que les SEULES IMAGES que l'on peut utiliser, ce sont les images fournies par Square-Enix. What ? Hé oui, du coup ça a refroidit pas mal de testeurs et de magazines. Mais ça n'enlève juste rien à la beauté de l'oeuvre. Faisons un petit tour d'horizon, si vous le voulez bien.

Histoire

Notez que je parlerai de la version occidentale, version qui est sortie donc aux USA, en Europe, et au Japon sur Xbox 360 (oui, la version "orientale" a été sortie en fait uniquement sur PS3 au Japon, mais bon...). Pour la différence, la version occidentale (Gestalt), l'histoire se base sur un père qui veut sauver sa fille (on a donc un héros très marqué, vieux mais bien conservé) et à l'inverse dans Replicant (version orientale donc), le héros est un jeune voulant sauver sa soeur (sans doute cadette), nous avons donc un post-adolescent beau gosse... Donc, je parlerai de la version Gestalt.

La première scène se situe dans un New York (ou autre grande ville du monde) ensevelie sous des tonnes de neige. Votre fille, malade, est très affaiblie, et vous devez essayer de la protéger d'un étrange phénomène, des ombres qui déboulent après que vous ayez récupéré une sorte de grimoire parlant. Puis BOUM, ellipse de 1300 ans, il s'est rien passé, on n'a rien vu. Le monde est juste détruit. Un sentiment de Final Fantasy X commence à émerger : la nature a reprit ses droits, les gens vivent dans des villages (il n'y a plus d'énormes villes apparemment), et on y mène des vies très simples. Un véritable retour en arrière en quelque sorte.

Vous reprenez le contrôle du même personnage (étrangement, mais il y a une explication à cela, qui sera dévoilée uniquement à la fin du jeu, donc je ne vous expliquerai rien car ce serait un véritable crime) que lors du prologue qui sert de tutorial. Votre fille est toujours malade, elle a attrapée la peste runique, une maladie létale et réputée incurable qui transforme ceux qui la contracte en ombres (les mêmes que celles qui vous ont attaqué au début du jeu), mais en tant que père, vous allez tout faire pour protéger votre fille. Il y a une dimension sentimentale énorme dans ce jeu, véritablement. Cela constitue la première moitié du jeu. La seconde moitié consistera à retrouver votre fille, je ne vous dis pas pourquoi, ni comment elle a disparu, tout cela fait parti de la beauté de ce jeu.

Gameplay

C'est un A-RPG basique : Carré et Triangle permettant d'attaquer, Croix de sauter. Au début du jeu vous n'avez accés qu'à une catégorie d'armes, les épées à une main, mais dès la seconde moitié du jeu vous pouvez récupérer deux autres types : épées à deux mains (très lentes, beaucoup de dégâts mais bon...) et armes d'hast (les lances, rapides, pouvant rusher, mais plutôt faibles niveau dégâts).

A cela s'ajoute une notion de Danmaku concernant les boss (pour rappel, un Danmaku est un jeu dans lequel les ennemis tirent des salves de projectiles, créant des formes géométriques selon un pattern bien défini), des phases en 2D (en particulier dans les maisons mais parfois aussi dans les donjons pour faire une vue à la Zelda), de l'aventure textuelle (je ne sais pas si vous vous rendez compte, le risque pris à ce moment-là...), un très léger côté FPS pour balancer les magies...

En plus de cela, il y a aussi bien des activités annexes : culture, pêche, quêtes... De plus, la culture se fait en temps réel (donc en rapport avec l'horloge de la console et non pas le temps du jeu), et on peut faire des croisements de fleurs (en alternant les diverses plantes sur la même rangée...). Le jeu est ponctué d'énigmes intéressantes.

Personnages

Le héros principal, qu'on va donc appeler NieR, je vous en ai déjà parlé. Lors de ses péregrinnations, il va rencontrer Kainé, et Emil. Ces deux personnages, non jouables mais qui vous accompagnent uniquement, ont des personnalités très marquées. Kainé jure vraiment comme un charretier, et c'est assez rare dans un jeu en général, et surtout nippon, pour être souligné. Elle est vulgaire, il n'y a pas d'autres mots, mais c'est une vulgarité jouissive. Elle est très courte vêtue, et le moindre aléa va l'énerver et sera un prétexte pour une prolifération d'insultes.

Emil est un enfant aveugle, naturellement il est beaucoup plus qu'un "simple enfant". Son manoir se joue à la manière d'un Resident Evil, avec des couloirs anguleux, des caméras fixes... Marrant. Bref, il est d'un genre chouinardo-courageux, entendre par là qu'il va geindre (mais je ne suis pas sûr qu'il pleure souvent en fait, à part lors du bouleversement qui fait qu'il rejoindra l'équipe mais là c'est un peu beaucoup normal, à sa place y en a pas beaucoup qui garderaient leur sang froid), mais vite être remonté grâce aux bonnes paroles.

Avec ces deux personnages, vous avez aussi une aide précieuse en Grimoire Weiss, un livre vous permettant de faire de la magie (mais qui fait surtout de l'ironie). Les joutes verbales entre Kainé et Weiss sont un plaisir lors de vos promenades, faisant que parfois, on s'arrête au milieu d'une plaine, juste pour les entendre se disputer. Ce sont des disputes presque adultes (mais puériles) dans leur tournure. C'est en ça que ce jeu est bien : il est adulte. Il vise ce public, il réagit en fonction de ce public, et ce n'est pas un étrange mélange où on veut faire du contenu pour adulte avec une histoire pour ados ou autre.

Bande-son

Une merveille. Chaque chanson reste dans la tête, chaque endroit a sa musique, il y a des ballades, des morceaux juste épique (en particulier contre les boss), et des morceaux un peu plus rock, mais ce sont les trois principaux sons. La musique du shadowlord, que l'on entend dès le début du jeu en version "remixé", alors que Weiss se fait profondément défoncer verbalement par Kainé, est une chanson dont les choeurs resteront dans votre esprit un long moment. Je crois que c'est un des rares jeux où je peux écouter toute l'ost avec plaisir... On notera que la langue utilisée généralement est une langue inventée, mélange entre du latin (et ses déclinaisons contemporaines), du japonais et je crois du chinois ou du coréen, encore que je ne suis pas sûr pour cette dernière inclinaison. Il est aussi possible qu'il y ait des mots d'anglais (un peu difficile à dire). La chanson Grandma est un véritable chef-d'oeuvre, et je crois qu'elle est entièrement en français, même si les paroles ne veulent pas dire grand chose, l'émotion est là (à plus forte raison PENDANT le jeu :) ). Clairement des OST qui méritent d'être d'abord écoutées dans leur contexte pour bien saisir toute la quintessence des musiques.

Graphismes

C'est là le point qui est souvent reproché au jeu. Et Square-Enix savait que cela allait être leur grand souci, eux si à cheval sur des beaux graphismes pour les FF... D'où ce choix un peu débile de n'autoriser que les screens qu'ils avaient envoyé eux. Et le jeu ne rend pas hommage à la PS3, c'est vrai. Je dirai qu'il a des graphismes de fin PS2, début PS3. Lorsqu'on approche trop la caméra, les personnages deviennent flou, on a presque l'impression de voir les textures, certains pixels, parfois c'est juste frustrant. Mais vous savez, à l'époque de la SNES, les graphismes n'étaient pas ce qui faisait un bon jeu. Quand on a été habitué, comme moi, à jouer sur un Mario qui contenait même pas 100 pixels, avec un nombre de couleurs risibles, ce jeu ne choque pas. Il est juste moins bon "en comparaison", mais si l'on fait abstraction de cet effet "actuel", le jeu est juste magnifique. Il a une patte graphique bien à lui, comme je l'indiquais dans l'intro, comparable à ICO ou Shadow of the Colossus... C'est l'affaire d'une petite heure pour s'habituer aux graphismes un peu "vieillots".

Fins alternatives

 Ce jeu comporte en tout 4 fins, nommées A, B, C et D. La fin A est la première fin (normal), la fin B est récupérée lorsqu'on fait un "new game+", sachant que le new game+ n'en est pas vraiment un. Le jeu est divisé en deux grosse parties, la première où l'on cherche un remède pour Yonah (la fille du héros que j'ai oublié de nommer ^^') et la seconde, cinq ans plus tard, où l'on cherche Yonah elle-même. Le new game+ se lance au début de cette seconde partie, ne donnant du coup accès à rien du début du jeu (si vous avez oublié une quête au début du jeu, vous l'avez dans l'os, et je suis désespérément bloqué à 99% des quêtes ^^). Ce new game+ est EXTRÊMEMENT IMPORTANT ! Il FAUT le faire. Sans ça, vous n'avez pas joué à NieR.

Le new game+ rajoute en fait quelques scènes, et ces quelques scènes changent complètement, fondamentalement, la perception que l'on a du jeu. Je n'insisterai jamais assez sur ce que vous loupez si vous ne faites pas au moins jusqu'à la fin B le jeu. Pour atteindre la fin C et D, il s'agit de la même rengaine mais là aucun ajout, vous pouvez juste rusher jusqu'à la fin de la seconde partie. Il vous sera donné le choix, lorsque vous finissez la troisième fois le jeu donc, de dire ce que va faire le héros. Selon votre choix, vous débloqué la fin C ou la fin D. Sachant que lorsque vous choisissez la fin D, toutes vos sauvegardes de NieR sont supprimées, purement et simplement (le jeu vous prévient ceci dit, donc vous pouvez toujours annuler, faire un backup sur clé usb, mais du coup si vous n'êtes prévenu qu'au dernier moment, vous aurez rerefait le dernier donjon pour rien :) ). Cette suppression, originale, est expliquée dans l'histoire et a un sens. Par contre, ne vous attendez pas à un happy end. C'est une histoire mature, pour des adultes : vous savez que rien ne se termine bien dans la vie (à commencer par la vie elle-même qui se termine un jour ou l'autre, et ça c'est pas bien :) ).

Durée de vie et succès/trophées

Alors vous pouvez le rusher en 10h, c'est un des trophées d'ailleurs. Le premier segment du jeu se fait en quatre, cinq heures et le second en deux à quatre heures (à plus forte raison si vous avez déjà fait toutes les fins, vous savez exactement quoi faire quand). Si vous faites toutes les quêtes secondaires, vous pouvez monter facile à une trentaine d'heures. Si vous essayez de faire toutes les armes à fond (et donc en fait les succès, car ce seront clairement les trophées de la forge les plus difficiles), comptez facilement une bonne cinquantaine d'heures, une centaine si vous n'avez pas de chance, mais par contre ce ne seront pas des heures intéressantes car c'est du farm pur et dur (et parfois sur de l'ennemi qui n'existe qu'en trois exemplaires dans le jeu, et donc qu'il faut d'abord sortir pour revenir ensuite dans la zone pour les faire repoper, sachant qu'ils sont - bien évidemment - au milieu de la zone...).

Conclusion

Je sais que je ne suis pas forcément super explicite sur les raisons pour lesquels ce jeu doit être dans votre ludothèque, mais ne vous révéler ne serait-ce qu'un seul petit bout d'intrigue (déjà que je vous ai indiqué que vous devez chercher Yonah dans la seconde partie du jeu c'est trop), ce serait un crime. Ce jeu restera gravé en vous, et vous ne le regretterez pas. Laissez-vous juste le temps de vous habituer aux graphismes, et vous verrez, tout ira bien par la suite. C'est un jeu qui mérite d'avoir plus de succès que ce qu'il a connu.