Allons-y avec le premier JRPG de cette nouvelle rubrique : Persona 3 ! Si vous n'avez pas lu l'article introductif de cette nouvelle section, je ne peux que trop vous conseiller d'y jeter rapidement un oeil.

Notez que l'article ne va contenir aucun spoil, et que j'éviterai volontairement de faire mention de certaines choses pour vous laisser les découvrir si jamais vous désirez jouer au jeu dans un avenir proche.

Persona 3 est apparu chez nous pour la première fois en 2008, sur PS2. Je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à un an plus tard, alors qu'un ami décida de me prêter Dragon Quest VIII et Persona 3, en m'assurant qu'ils allaient me plaire. Si j'avais toujours voulu jouer à Dragon Quest VIII, je dois bien avouer qu'au départ, Persona 3 ne me disait rien. Je n'aimais pas du tout les Resident Evil et autres jeux typés horreur du même genre, et la jaquette sombre de ce jeu m'y faisait penser. J'avais donc commencé par Dragon Quest VIII, que j'ai trouvé très smpathique. Il ne changeait pas la face du monde du JRPG pour moi, mais j'appréciais son côté classique assumé et ses airs de Rogue Galaxy (que j'avais sur-adoré). Après être arrivé à la moitié de ce DQ, j'ai décidé de faire une petite pause et de finalement m'essayer à Persona 3. Voilà voilà... C'est la raison pour laquelle même moi, un grand fan de JRPG, je n'ai jamais fini DQVIII.

Les sentiments que j'ai ressenti pendant la première demi-heure ont été plutôt mitigés. Je m'attendais vraiment à ne pas aimer, et pourtant je dois dire que malgré l'atmosphère un peu lourde du début du jeu, ce qui se passait m'intriguait. Contrairement aux jeux d'horreur, Persona 3 n'essayait jamais de faire peur au joueur, mais il instaurait une ambiance tout simplement extraordinaire. Il y avait ce petit quelque chose d'addictif qui faisait que je ne pouvais pas lâcher la manette. Parce qu'il faut savoir que j'ai un "rituel" assez étrange qui consiste à ne jouer qu'entre 30 minutes et 1 heure la première fois que je lance un jeu, et de m'y remettre ensuite plus tard dans la journée ou le lendemain, simplement pour pouvoir avoir hâte d'y jouer. C'est très singulier, je m'en rends compte moi-même, mais je n'y peux rien, je le fais systématiquement ! Bref, avec Persona 3 donc, je n'ai pas réussi à m'arrêter après la première heure. Je n'y ai même pas pensé, ça s'est imposé comme une évidence. Peut-être parce que j'attendais que le jeu fasse ses preuves, mais je pense que c'est aussi et surtout dû au jeu lui-même. Quelque part, il me plaisait déjà.

Dès le départ je suis tombé amoureux du character design. De ce côté, rien de vraiment surprenant, c'est typiquement le genre de coup de crayon qui me plaît dans un manga ou un animé. Et ce qui se déroulait à l'écran, comme je le disais, n'était pas effrayant mais très, très intriguant, pour ne pas dire captivant. C'était la première fois que je voyais un JRPG commencer ainsi, et surtout dans ce monde. Monde qui est le nôtre, en fait. Comprenez par là que ça se passe à notre époque, et pas dans un univers moyen-âgeux, même si bien sûr l'environnement en lui-même est purement fictif. Bon, cela dit, il s'agit quand même d'un lieu "japonais". Il y a un temple, des restaurants où on propose de la nourriture japonaise, et un lycée (ou l'équivalent de "high school" chez nous) typique du Japon par exemple. De mon côté, c'était que du positif, tout ça, puisque j'adore la culture de ce pays.

 

Jugez-en par vous-mêmes !

 

Si au départ je me demandais comment un JRPG pouvait se dérouler dans un tel endroit, tout ça a très vite laissé place à l'euphorie de pouvoir explorer, combattre dans une ville japonaise, et surtout aller au lycée. Je n'ai pas été déçu. Sitôt la géniale introduction terminée, c'était l'heure d'aller au lycée, et l'occasion d'en apprendre plus sur les mécaniques du jeu. Le moins que je pouvais dire, c'était que ça changeait des habitudes. En écartant tout spoil, voilà ce que je peux me permettre de dire : il y a réellement un an qui se déroule entre le début et la fin du jeu (à quelques jours près). Bon, chaque journée ne dure pas vingt-quatre heures bien sûr, elle se termine quand vous allez vous coucher, mais ça assure déjà une belle durée de vie. Oui parce que le jeu dure facilement 80 heures si vous jouez tranquillement.

Le jeu est découpée entre phases "de cours" (ou d'investigation, ou de récolte d'informations, ou tout simplement de quotidien, tout dépend comment vous voyez les choses) et phases d'exploration/combat. Tout ça s'enchaîne très bien puisque c'est nous qui décidons quand est-ce que nous désirons aller combattre du monstre. A ceci près qu'il ne faut pas non plus prendre la liberté d'ignorer cette facette du jeu pendant trente jours, puisque l'histoire avance (évidemment) au fil des journées et vous devrez faire face régulièrement à des boss coriaces qui demanderont de vous une certaine expérience des combats. Une réelle responsabilité incombe aux héros de l'aventure pendant le jeu, et il n'est pas possible de choisir de se contenter "du quotidien". Il s'agit d'un JRPG, après tout.

Parlons-en, de l'histoire, justement. Je ne vais rien dire dessus, ni synopsis, ni résumé, je vous laisse le soin de découvrir tout cela si ce n'est pas déjà fait. En revanche, c'est probablement l'une des histoires les plus intéressantes et touchante que j'ai pu découvrir. Le jeu est très long, donc effectivement il y a un "train-train" qui s'installe à un moment donné du jeu où on prend l'habitude de faire et refaire certaines choses, mais ce qui est sûr c'est que la progression dans le scénario ne déçoit jamais, et les moments-clés de l'aventure sont très nombreux et tiennent toujours en haleine. Sachez déjà que le groupe de héros du jeu est probablement celui que j'ai préféré, tous jeux confondus. Je prenais un énorme plaisir à les voir évoluer extérieurement (c'est-à-dire niveau combats, compétences) et intérieurement (moralement, suivant l'histoire). Le jeu dégage une maturité que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs, et on est bien loin de la niaiserie (pour parler sèchement) usuelle qu'il y a dans beaucoup de JRPG (même si on retrouve évidemment certains "codes de société" du Japon, mais rien d'exaspérant, rassurez-vous).

 

Cette image me donne toujours des frissons. Très honnêtement, il n'y a aucun héros que j'aime moins que les autres.

 

Remarquez que je parle très peu du système de combat, ou des combats en eux-mêmes. C'est tout simplement parce que les à-côtés du jeu m'ont beaucoup plus marqué que ces derniers. Les activités à faire en ville, les relations que l'on peut développer,... Il y a tellement de choses que l'on n'a pas l'habitude voir ailleurs que dans la série Persona. Et le nombre de jeux qui possède une ambiance telle et une histoire si intéressante qu'elles font passer le gameplay pur au second plan se compte avec sur les doigts de la main, pour moi. Ça ne veut bien sûr pas dire que les combats sont inintéressants. C'est du tour par tour classique, mais ses quelques particularités le rendent suffisamment attractif pour ne pas qu'on s'y ennuie. Le challenge est aussi au rendez-vous, et c'est d'ailleurs l'une des choses qui m'a embêté la première fois que j'ai fais le jeu. Au bout d'un certain moment, il est franchement difficile, même en ayant passé des heures à monter ses personnages (ce qui n'est pas obligatoire, bien sûr). Par exemple, si le héros meurt pendant un combat, c'est terminé, Game Over. Même si vos compagnons sont debouts et en pleine forme. En sachant que les one-shot ne sont pas inexistants, puisqu'il existe un sort de mort instantanée (avec un certain pourcentage de chances de marcher, bien sûr), d'où la nécessité de jouer intelligemment et de bien, très bien se protéger pendant les combats. Contre certains monstres, il y a un suspense assez pesant, un peu le même qu'on retrouve en jouant à Demon's Souls, par exemple. Parce que dans les phases d'exploration de Persona 3, on ne peut pas sauvegarder (à moins de se téléporter à l'entrée de l'endroit où on se trouve avec un certain item, puis de revenir, mais comme c'est long, on ne le fait presque jamais). J'ai déjà eu un Game Over après avoir passé 1h30 à monter mes personnages et à explorer les environs. Ça fiche un sacré coup, quand même. Bon, ça arrive une fois, et après en général on apprend à être plus prudent. Mais Persona 3 est un jeu qui saura vous punir si vous jouez de manière négligée.

 

A chaque pleine lune, tout s'accélère niveau histoire. Attendez-vous à du suspense, du retournement de situations et de l'action à n'en plus finir.

 

D'abord parce que certains montres et certains boss sont affreusement coriaces, ensuite parce que comme tout bon JRPG qui se respecte, Persona 3 possède son lot de choses "à rater". C'est quelque chose de typique, dans ce genre de jeu. Il y a systématiquement au moins une quête qui demande d'être complétée avant tel endroit du jeu, tel événement qui ne se déclenchera que si vous avez rempli certains conditions, telle arme légendaire (ici, il s'agira plutôt d'invocations) qui vous donnera du fil à retordre avant d'être obtenue. Persona 3 fourmille de ce genre de choses. Le nombre de jours est limité, et vous ne pouvez faire qu'un certain nombre de choses pendant chaque jour... En sachant que certaines choses ne sont faisables qu'à certains moments de la journée (après les cours, en soirée, la nuit...) ou faisables seulement certains jours, ou alors faisables seulement pendant un certain temps avant d'être définitivement absentes de la partie. Il y en a énormément. Et je pèse mes mots. Alors bien sûr on peut quand même jouer au jeu tranquillement sans être frustré de manquer une tonne d'activités annexes, puisqu'elles se font très discrètes, mais pour un joueur perfectionniste comme moi, c'est très embêtant. Soyons clairs : il est impossible de finir le jeu à 100% sans la solution. Mais vraiment. Même en ayant terminé trois fois le jeu, il y aura toujours quelque chose qu'on a manqué, qu'on a mal fait, ou quelque chose que l'on n'aura pas fait à temps. Je sais pas pour vous, mais moi j'ai trouvé ça génial. (J'ai réussi à jouer sans soluce la première fois, même si j'ai eu du mal à certains moments.)

 

  

Vous allez passer un an dans la même ville, mais croyez-moi quand je vous dis qu'on ne s'y ennuie jamais. Il y a un surplus d'activités à faire au quotidien. Suffit de bien chercher !

 

Je ne sais pas trop quoi ajouter, mais je pense que vous avez compris que Persona 3 n'est pas un JRPG comme les autres. La série Persona, de manière générale, n'est pas comme les autres. C'est un peu comme la série Phoenix Wright, c'est presque un genre à elle-même tellement elle a de particularités que les autres n'ont pas. J'en ai déjà parlé, mais rien que d'avoir un JRPG qui se déroule dans la peau d'un étudiant c'est une expérience fantastique pour le peu qu'on apprécie le genre. Imaginez, c'est en gros la même chose mais avec des cours, des examens, une vie étudiante (amis, sports...), un centre commercial, une histoire extraordinaire et des personnages uniques. Sans parler du doublage anglais exemplaire (même pour un féru de japonais), et d'une accessibilité étonnante quand on regarde la longévité du titre. Car vous savez comme moi qu'étant jeune plus on grandit et moins on a de temps pour jouer. On en vient parfois à avoir peur de commencer un jeu vraiment long (un JRPG, donc !) car on sait qu'on ne pourra pas s'y plonger comme on avait l'habitude de s'immiscer dans un jeu il y a quelques années. Persona 3 est très indulgent de ce côté, de par sa conception. On peut se mettre à y jouer sans craindre de ne pas pouvoir s'arrêter à cause d'un donjon exceptionnellement long, par exemple. Comme le jeu est découpée en journées et qu'on y fait ce qu'on veut (sauf pendant certains moments de l'aventure, bien sûr), on peut toujours contrôler son temps de jeu aisément.

Même pour quelqu'un qui n'aime pas trop les JRPG, je dirais que Persona 3 (ou Persona 4, dans le même style) est une expérience à laquelle il faut se laisser aller au moins une fois. Je défie quiconque de me dire qu'il trouve le jeu creux et sans intérêt, car j'ai rarement vu plus complet. Il s'agit là d'un jeu qui a réellement changé ma vision du JRPG et des jeux en général, alors qu'au départ mes impressions n'étaient pas si bonnes. D'ailleurs, Persona 4 apparaîtra très certainement dans cette rubrique du JRPG du jour...

 

Si par le plus grand des miracles cet article vous a donné envie de vous procurer Persona 3, préférez Persona 3 : FES au jeu original, qui contient un scénario bonus plutôt long et d'autres ajouts très sympathiques.

 

Ce premier JRPG du jour est maintenant terminé. J'espère que ça vous aura plu ! J'ai beaucoup hésité sur le format à prendre, pour finalement y aller comme bon me semblait, et je pense que c'est ce qui me convient le mieux. Notez que malgré son âge, l'activité autour de Persona 3 est encore florissante, car un film sur le jeu est en production. De plus, Atlus a promis des nouvelles sur la série très très bientôt, et il me tarde de savoir ce dont il s'agit (Persona 5, avec un peu de chance...)

Petit rappel : Vous pouvez "voter" pour le prochain JRPG du jour. Préférez la période PS2. Si j'y ai joué, je me ferai un plaisir d'en faire mon prochain article.