Depuis que j'ai un vrai travail, je ne suis plus du tout l'actualité musicale au jour le jour. Plus le temps d'éplucher les blogs et autres magazines musicaux. J'étais un peu frustré au départ mais j'ai grâce à cela découvert une nouvelle manière d'apprécier la musique.

Je suis passé d'une approche analytique de la musique à une approche plus globale ou synthétique. Par exemple, j'avais pour habitude de sauter sur le moindre petit morceau de morceau de mes groupes favoris qui venait à paraître sur le net. Cette époque est maintenant révolue, je n'ai plus aucune maîtrise sur ce que j'écoute et je découvre la sortie de certains albums en passant chez le disquaire. Je ne me sens plus dans le groupe des amateurs de musique mais comme simple spectateur, j'observe tout ça de loin comme de peur de me noyer (c'est terriblement chronophage!)

Avril 2013. Fnac. Choc mental. The Flaming Lips, The Yeah Yeah Yeahs et Phoenix sortent un nouvel album. Je suis désorienté : « MON groupe ! The Flaming Lips sortent un nouvel album et je ne suis pas au courant ! ». Je rentre chez moi, bien décidé à faire le point sur cette affaire. J'ai les mains moites, je me connecte à Pitchfork et j'enchaîne les news quand soudain je tombe sur une photo de Wayne Coyne et Ke$ha légendée Lip$ha. Pourquoi cette photo aujourd'hui puisque la (très bonne) collaboration entre The Flaming Lips et Ke$ha date de l'an dernier ? Mes yeux se posent les trois lignes qui suivent la photo : ...un nouvel album...en collaboration avec Ke$ha et que s'appelerio Lip$ha. Un album, un album complet...Après tout The Flaming Lips c'est In Excelsior Vaginalistic, des clés usb dans des fœtus et des crânes gélatineux, des posters imprimés avec du sang du leader du groupe Wayne Coyne, un clé usb avec une chanson de 24 heures dans un véritable crâne humain (édition limitée à 5 exemplaires à 5000 dollars pièce)...Bref, en attendant ce Lip$ha, le groupe vient de sortir The Terror.

Rappelons que le groupe a débuté avec Radiohead et R.E.M dont il s'est rapidement distancié (tout comme Radiohead a tracé sa route pour laisser R.E.M. seul survivant du college rock du début des années 90). The Terror est distribué par Bella Union contient 10 pistes pour une durée totale de 55 minutes et 4 secondes.

 

La jaquette est tout simplement sublime. Cette lumière intense qui vient dévorer le paysage et bientôt cette personne, seule, au centre de l'image qui n'essaye même pas de fuir. La mort, c'est elle la terreur, qui gagne du terrain jour après jour sans que nous ne puissions rien y faire, elle, qui nous accompagne tout au long de notre vie. La terreur, cette lumière éblouissante, pourrait aussi bien être la violence de ce monde qu'elle soit institutionnalisé (la guerre) ou totalement aveugle (le terrorisme). Que pouvons nous faire en tant qu'individu face à cette puissance incontrôlable ? Dans les deux cas pas grand chose sinon continuer à vivre.

L'écoute de cette œuvre nous place dans la position de cet homme sur la jaquette. Les compositions sont très aérés, Wayne Coyne joue aussi sur les échos, sa voix semble alors résonner dans le vide de l'espace et nous rappelle ainsi à quel point chacun de nous peut être seul. Un disque introspectif qui s'écoute d'un bout à l'autre comme un grand voyage à l'intérieur de soi et qui cache un deuxième disque qui contient deux morceaux bien plus joyeux pour vous remettre d'aplomb et vous rappeler que la vie, c'est bien.

J'ai décidé de vous laisser sur une note positive ainsi je vous propose d'écouter la bonus track joyeuse qui tout de même s'appelle « Sun Blows Up Today » (c'est aujourd'hui que le soleil se désintègre...). Des épileptiques dans la salle ?

Dewa.