J'ai pu me faufiler, hier midi, à
un évènement privé parisien consacré à la nouvelle portable 3D (comme dollar, deutschemark
et dinar) de Nintendo. Après plusieurs mois de projections et d'atermoiements,
j'ai enfin mis les yeux et les pattes sur ce beau petit jouet qui nous fait
voir « le monde à travers une petite fenêtre » (© Julo). De 3DS, les
salles de l'évènement étaient pleines à craquer, chacune solidement attachée à
une jeune fille vêtue aux couleurs de la pub (c'est-à-dire du blanc type Mirror's
Edge), ce qui donnait une ambiance un peu étrange. Nintendo et son univers
asexué d'un côté (Link l'androgyne, Kid Icarus l'angelot, sans parler des
chiens et chats de Nintendogs qui font tout sauf se grimper dessus), des
naïades attachées à des chaînes et à des joypads de l'autre. Enfance et
débauche dans un même cocktail légèrement douteux. Pendant que certains
tentaient de voler la 3DS en draguant la fille qui s'y rattachait, et
inversement, je me concentrais sur l'essentiel.

Les
dérives du jeu vidéo n°34 : attacher des filles à des consoles

La
3D sans déception

Le clou du spectacle de cette 3DS est
une promesse tenue à 100%. Joli et puissant, l'effet de la 3D fonctionne à
merveille et peut, dans certains cas, apporter une dimension supplémentaire à l'expérience
de jeu.

La possibilité de régler le niveau
de relief est une excellente idée et le champ de variation est large. Poussée à
fond, la 3D a tendance à exagérer la profondeur de champ, pour un effet plus
spectaculaire mais aussi beaucoup moins « stable » (il faut être
positionné droit devant pour éviter les imprécisions visuelles et autres
reflets). À une position intermédiaire, on retrouve un aspect plus réaliste
pour un confort de jeu optimal. Les hôtesses me disaient pourtant que très peu
de joueurs avaient le réflexe de régler le niveau, mais plutôt qu'ils se
contentaient de mettre la 3D à fond ou de la supprimer. Cette dernière
possibilité convient à ceux qui sont allergiques ou insensibles à la 3D, bien
entendu, mais s'avère aussi très utile lorsqu'on est plusieurs sur une console.
Avec la 3D, impossible pour le voisin de jeter un œil par-dessus notre épaule :
une fois l'effet coupé, on se retrouve face à une bonne vieille DS
traditionnelle ! À noter qu'en mode 3D, l'écran est bien plus lumineux qu'en
2D ; la différence est saisissante, et ce n'est pas dur d'imaginer qu'il
en est de même pour la consommation de la batterie.

En ce qui me concerne, j'ai passé
une heure à jouer avec l'effet 3D généralement à fond et n'ai pas ressenti la
moindre gêne ou fatigue. Il faudra voir ce que ça donne sur le long terme, mais
le temps d'adaptation est quasi-nul et l'effet immédiat semble inoffensif. La
perception est même agréable puisqu'elle incite à regarder les choses de façon
plus attentive, avec un soin de la profondeur accru, notamment en ce qui
concerne les décors et les grands espaces. Autre point sur lequel je m'inquiétais :
la difficulté d'avoir à passer sans cesse de l'écran 3D à l'écran 2D. Si le
concept d'avoir deux écrans différents peut être discutable pour cette console
(de toute évidence, c'est avant tout un choix marketing pour la rattacher à la
DS traditionnelle), le problème du va-et-vient ne se pose absolument pas. Aucun
mal, donc, à switcher entre les écrans. Tout se fait très naturellement, en
tout cas en ce qui me concerne.

D'un point de vue esthétique, la 3D
est très belle. Fluide, elle permet de jouer à tout type de jeu sans heurter
les yeux : qu'elle soit reposante comme dans Nintendogs + Cats ou ultra-pêchue comme dans Kid Icarus Uprising, ça fonctionne bien. De plus, elle est très
précise et ne se résume pas à une différence de profondeur entre 3 ou 4 plans :
par exemple, le nez d'un personnage paraîtra plus rapproché que ses yeux, ou un
objet que l'on jette au loin paraîtra s'éloigner très naturellement. La 3D
apporte des choses assez inédites dans le domaine, notamment en ce qui concerne
les impressions d'échelle. L'écran n'étant pas très grand, les personnages en
3D vus en entier font souvent penser à de petites figurines en mouvement. D'abord
curieux, cet effet est très réussi. Lorsqu'on joue à Super Street Fighter IV: 3D Edition, on a le sentiment qu'un rêve
de gosse se réalise : nos jouets prennent vie et se battent entre eux !
Amusant.

« Ouh,
là. S'il rate son saut, celui-là, il va finir dans mon slip ! »

L'autre apport majeur de la 3D, qui
est beaucoup moins gadget, concerne sa force d'immersion. Dans un jeu comme Zelda : Ocarina of Time 3D, c'est
absolument remarquable. Même si la fenêtre est petite, le volume de l'espace
virtuel est décuplé. D'ailleurs, la 3DS a surtout tendance à jouer sur la
profondeur dans l'écran plutôt que sur les choses qui en sortent - et ce n'est
pas plus mal ! Ce que j'ai pu voir des objets (ou en l'occurrence, des
bras d'E. Honda) qui ressortaient de l'écran ne m'a pas convaincu : d'une
part, ça fait mal aux yeux, d'autre part, ça se heurte aux limites du cadre de
l'écran qui reste toujours petit. L'effet de profondeur est beaucoup plus
intéressant. On a vraiment l'impression d'une dimension supplémentaire, et l'intégration
du joueur dans les décors est parfaitement réussie. J'ai hâte de voir ce que cela
donnera sur des écrans de salon !

Je ne reviens pas sur les
fonctionnalités supplémentaires de la console, sur sa taille ou son poids, ni sur
ses spécificités techniques. Tout a déjà été dit et commenté abondamment sur ce
site. Je rajouterais juste que la puissance de la console n'est pas
époustouflante : la qualité varie selon les jeux et n'impressionne pas
vraiment. Si Zelda : Ocarina of Time
3D
, Kid Icarus Uprising et Resident Evil Revelations sont très beaux,
le reste des titres s'apparente à de la bonne DS. En même temps, la simplicité
graphique des jeux se marie bien à la 3D : l'esthétique lisse et enfantine
renforce l'aspect « jouet » des personnages et des décors en relief.
On n'est souvent pas loin d'un petit côté Toy
Story
!

En bref, la 3D est une belle
réussite et demeure intéressante une fois le « wow! effect » passé.
Il reste à voir comment elle sera exploitée. Je reviendrai, dans la deuxième
partie de ces impressions, sur la longue liste de jeux que j'ai pu voir ou
essayer, avec un récapitulatif titre par titre. À suivre.