"L'Épopée du Moine Guerrier" vient de sortir chez Megara

 ...........Article paru chez Alkonost Editions............

Benjamin Berget avoue avoir été fan des livres-jeux et des jeux vidéos dès leurs débuts. Et il aime toujours ça ! Devenu journaliste, il a publié une biographie de l'un des pionniers des jeux en arcade ("Yu Suzuki, le maître de SEGA"). Il s’intéresse  aussi à la liberté d’expression exposée à la censure ("L’histoire des jeux vidéo polémiques").

Au moment d’écrire son premier livre-jeu, son Master de Philosophie ne l’a pas empêché de se lâcher, cela l’a sûrement même aidé ! Le fruit défendu s’appelle “L'Épopée du Moine Guerrier”, dont le seul titre ne laissera pas indifférents les nostalgiques de la Saga du Prêtre Jean.

Une catastrophe va obliger le héros (ou plutôt l’anti-héros) à affronter des dangers dont il se serait bien passé. Il se trouvera confronté à la tentation de faire le Mal. L’innocence ou la noirceur de son coeur auront des conséquences sur la suite de l’aventure.

L’originalité de l’aventure tient donc dans les choix moraux, mais aussi dans la densité des situations et blagues potaches. À tel point que celles-ci prennent souvent le pas sur l’aspect méta du jeu.

Le lecteur peut-il encore réfléchir sérieusement à la destinée de son avatar quand le cadre est cousu de gags ? Pour que les dilemmes ou les choix d’attitude impactent le jeu il faut attirer le lecteur dans le monde imaginaire du livre, qu’il accepte de le croire réel. “Si j’étais mon avatar, comment réagirais-je ?” Cette suspension consentie de l’incrédulité, si fragile, ne peut résister aux assauts des jeux de mots et des références extérieures. Heureusement, il existe la solution inverse :  les choix doivent sortir du livre pour toucher le lecteur. “Si ce qui arrive à mon avatar m’arrivait, comment réagirais-je ?” Ce mécanisme a plus de chance de fonctionner ici.

Des jeux de mots on passe au sexe, puis à la grossièreté, puis à la vulgarité, puis aux scènes dérangeantes. Benjamin Berget assume et revendique. Il fait de ce livre un laboratoire des thèmes qui lui tiennent à coeur : la liberté (d’expression mais aussi d’action), la responsabilité (plus je suis libre, plus je suis responsable de mes actes) et la censure (du simple respect de l’autre au dictat de la moralité). L’ensemble se révèle très hétérogène dans le traitement de l’humour et de l’implication du lecteur, c’est peut-être même cela le plus dérangeant. L’auteur place le lecteur-joueur dans un tourbillon où se télescopent humour, sexe, aventure, choix et philosophie. Inédit.

C’est original, c’est licencieux, c’est osé. Benjamin Berget sera-t-il pardonné de ses péchés ?

Trop angoissé à l’idée de me retrouver seul avec lui dans un confessionnal, je l’ai laissé s’épancher face à un miroir.

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