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Je sors de l’avant-première du film Deadpool et… j’ai la banane ! J’ai passé un excellent moment dans une salle, qui à ma grande surprise, était comble. Pourtant, ce n’était pas gagné : la cote de popularité de Deadpool ne doit pas voler très haut en comparaison d’un Spiderman ou d’un Iron Man. Et les gens se sont malgré tout déplacé, et ne l’ont pas regretté à en juger par le volume et la fréquence des rires de mes voisins de sièges. Autre signe de la bonne humeur communicative : les trois-quarts de la salle ont attendu la toute fin du générique pour avoir la primeur de la scène bonus qui annonce le prochain film. Et c’est sans doute la meilleure scène post-générique "Made in Marvel" qui m’ait été donné de voir. La plus angoissante aussi, puisque la question du budget du prochain épisode est évoquée en pointillé, et je souhaite vraiment qu’une suite voit le jour.

Précisons toutefois que le film se suffit en lui-même, comme un certain "X-Men les origines : Wolverine" dans lequel Deadpool faisait bien maladroitement ses débuts au cinéma. Certes, Deadpool était propulsé à la fin comme le grand méchant de l’histoire, mais le réalisateur Gavin Hood et les scénaristes avaient piétiné le personnage de Comics, suscité une vague d’indignation chez les fans martyrisés… et également de l’appréhension puisque c’est le même acteur Ryan Reynolds qui interprète de nouveau Deadpool, dirigé par un parfait inconnu, le réalisateur Tim Miller.

Effacez ces images affreuses de votre mémoire, balayez vos doutes, le nouveau Ryan Reynolds / Deadpool lave plus blanc que blanc ! Enfin, plus marron que marron, avec les kilos d’humour pipi-caca ! Les producteurs chez Marvel et la 20th Century Fox ont écouté les critiques et se sont montré cette fois respectueux de l’esprit de la BD. J’ai même été surpris d’apprendre, après coup, que le film était seulement interdit aux moins de 12 ans en France (et déconseillée aux moins de 17 ans aux États-Unis). Il faut dire que le film ne lésine pas sur la violence en comparaison de "X-Men les origines : Wolverine", qui ne contient pas une goutte de sang ! De mémoire, jamais un film Marvel n’avait aussi loin dans le trash (Deadpool se régénère comme Wolverine, ce qui donne des scènes bien gores) et la violence psychologique (Deadpool subit à un moment une série de tortures assez longue et dure à regarder).

De même pour le sexe, ce qui me paraissait inimaginable s’est produit : oui, il y a du cul dans un Marvel ! Quant à la débilité légendaire du personnage, on a droit à la totale : des dialogues outranciers, des jeux de mots pourris, des clins d’œil à la culture des années 1990, un débit de parole insolent, et bien entendu le quatrième mur fréquemment brisé (mais de façon ingénieuse). "Les Gardiens de la galaxie" et "Ant-Man" sont très chastes en comparaison.

Moi qui possède pas mal de Comics dans ma bibliothèque, je dois dire que j’ai été désappointé de ne pas retrouver la trame imaginée par le scénariste Fabien Nicieza, où Deadpool est le cobaye des expériences du gouvernement Canadien dans le cadre du projet "Arme X" ("X-Men les origines : Wolverine"). Autre différence notable, si l’on retrouve le complice de Deadpool nommé la Fouine comme dans les Comics, son amie Blind Al est ici Noire. Il y a la volonté manifeste pour Marvel de ne pas se retrouver avec un casting 100% Blanc, et donc de toucher aussi le public Noir, comme Samuel L. Jackson / Nick Fury dans Avengers.

Revenons à l'histoire, le réalisateur a tablé sur un scénario qui s'éloigne quelque peu de la BD : l'action se déroule dans les bas-fonds de New York - peut-être pour ne pas donner une mauvaise image des Canadiens, qui sait. Sans être révolutionnaire sur le fond, la confrontation d’un docteur Mengele avec sa créature, Deadpool, se suit avec grand plaisir, bien qu'elle rappelle celle de Wolverine contre William Stryker dans les films X-Men.

En outre, Stan Lee fait un caméo sensationnel, et le dessinateur du personnage Deadpool, Robert "Rob" Liefeld, fait une apparition surprise. Quelques X-Men font temporairement équipe avec Deadpool (dont une stagiaire !) contre des Super-vilains (Ajax et Angel Dust) mais comme il le dit lui-même, ce sont des seconds couteaux "en raison des restrictions de budget" (évalué à 58 millions de dollars). Hugh Jackman est aussi convoqué… toujours de manière humoristique.

En bref, le film nous entraine dans l’univers régressif de Deadpool, et on en redemande. Mais comme un certain Kick Ass, il va être difficile de faire mieux que le premier !