In Game Magazine vit ses derniers instants. C'est, pour nous, un choc. Une espèce de goût d'amertume, celui-là même que vous ressentirez si vous mettez une pièce d'un euro dans votre bouche. Dégueulasse. On nous enseigne dès notre plus jeune âge que la qualité prime sur tout le reste, mais qu'en est-il vraiment ? La qualité a évidemment un coût. Et si le coût est élevé, alors, soit on laisse tomber - ce que beaucoup font, soit on réfléchit intensément à sa rentabilisation. On pourra toujours s'interroger, tant certains ont eu vite fait de baisser les bras. IG, c'est fini. IG, c'était notre frère d'armes, notre compagnon. Nous vivions l'aventure conjointement, tentant de nous remonter le moral autant que faire se peut.

Je me souviens la première fois que nous avons entendu parler d'IG. Nous étions alors en février 2009. A l'origine, on nous a demandé de nous occuper de leur rubrique rétro. Nous avons décliné sans sourciller. Réaliser notre mook est déjà compliqué, alors nous souhaitions ne pas nous disperser. Tout de suite, un sentiment de crainte nous avait envahis : était-ce l'arrivée du concurrent tant redouté ? Allaient-ils ne faire qu'une miette de nous, vu les moyens financiers déployés ? Lorsque le premier IG est sorti, avec son Street Fighter IV en cover, au prix de 8,50€, notre sang n'a fait qu'un tour : un mook, épais, traitant à la fois de rétro, à la fois d'actualité, à cinquante cents symboliques en-dessous de nous ? Nous pensions vivre nos derniers instants. Nous n'avions pas la même force de frappe. Coup de grâce, certains de nos auteurs répondaient à l'appel des sirènes...

Et puis, la guerre n'a pas eu lieu. Il y avait de la place pour Pix'n Love et pour IG. Au départ, des lecteurs se sont amusés à nous distinguer. Des batailles s'organisaient. Mais rapidement, les feux de paille se sont éteints et nous avons observé que nous pouvions même travailler ensemble : ainsi IG relayait certaines de nos publications, et nous, grâce à la force de notre vente directe et notre présence dans les boutiques de gaming les plus tendues de France, nous pouvions les soutenir sur le plan commercial. L'entente a toujours été plus que cordiale. Je garde en mémoire un sandwich partagé dans le bureau de la rédac chef, où nous discutions sur tout et n'importe quoi. Nous avons surtout rigolé. Bien sûr, parfois, on s'est chatouillé : lorsque nous avons sorti l'ouvrage Zelda, Chronique d'une Saga de Légende quelques jours avant leur numéro spécial sur la licence... Eux s'agaçaient que nous leur ayons "grillé" la priorité. Nous, on s'énervait parce que, sous couvert de la presse, ils pouvaient balancer visuels sur visuels, quand cela nous était interdit... Mais IG et Pix, c'était de l'amitié sincère.

Alors, nous le disons. Nous ne pouvons nous satisfaire d'observer notre frère à terre et pleurer sur son sort. Ce n'est pas notre mentalité. Nous sommes décidés à nous battre jusqu'à la fin et à les assister du mieux que nous pourrons. Peut-être que tout n'est pas perdu...

Pix'n Team