Vous vous souvenez du clin d'oeil à Pix'n Love dans le jeu Alice Madness Returns ? Allez, je vais vous raffraichir la mémoire :

 

Ca vous revient maintenant ? Bien, sachez que pour satisfaire votre curiosité (et la mienne par la même occasion), je me suis permis de contacter l'auteur, Laurent Jardin, traducteur du jeu en question et également rédacteur pour les Cahiers du Jeu Vidéo. Il n'y aura pas de mise en contexte sur le lieu et le déroulement de l'interview, sauf si vous voulez un screenshot de ma boîte mail, désolé.

Attention les yeux :

[Pix] Bonjour Laurent, avant toute chose, peux-tu te présenter à nos visiteurs ?

[Laurent ] J'ai 31 ans et je suis un ancien testeur pro reconverti dans la traduction de jeux vidéo. J'écris un peu sur les jeux à droite à gauche, pour Pix'n Love notamment, et j'ai la joie depuis quatre mois de faire partie des "papas joueurs".

[Pix]Je suppose qu'il y a des règles à respecter pour l'adaptation d'un jeu, dois-tu te justifier vis à vis de l'éditeur pour ce genre de clin d'oeil ? Si oui, qu'est-ce que tu leur a dit ?

[Laurent] Sur ce cas précis on ne m'a pas fait la moindre remarque, pourtant chez EA je sais que les traductions sont souvent relues et surtout que les versions localisées sont scrupuleusement testées. Donc, ils n'ont pas dû trouver le clin d'œil trop gênant. Il faut dire que sur Alice, EA et Spicy Horse ont plutôt encouragé les traducteurs à aller le plus loin possible dans le délire, compte-tenu du ton déjà bien barré du jeu en VO.
Pour expliquer un peu le contexte dans le jeu, ce texte était présenté comme la citation d'une critique de la pièce de théâtre dont il est question dans le niveau. En VO, le journal dont la critique est tirée s'appelle "The Walrus" (le morse), j'ai donc cherché un titre de journal français qui pourrait se prêter à un jeu de mots avec "morse", si possible évocateur pour les joueurs. Et j'ai pensé à Pix'n Love, transformé en Pix'n Morse. J'ai eu un moment d'hésitation car je ne voulais pas qu'il y ait d'anachronisme dans le jeu : Pix'n Love n'existait pas à la fin du XIXe siècle ! Mais je me suis dit que c'était acceptable car en anglais "Pix" peut désigner les "pixies", ces créatures folkloriques qui ressemblent à des lutins. Donc pourquoi pas un journal imaginaire, dans le pays des merveilles, appelé "Lutins & Morse" ?

[Pix]Tu fais partie, je cite : "du comité rédactionnel des cahiers du jeu vidéo". Comment se déroule l'élaboration de ces ouvrages ?

[Laurent] Il faudrait plutôt demander à Tony Fortin, le directeur de la collection, ou Sandra Duval-Rieunier qui a coordonné le dernier numéro. Pour ce que j'en sais de mon point de vue de simple rédacteur, on part d'un thème puis on essaie de trouver les bonnes personnes. Aussi bien pour coordonner l'ouvrage que pour écrire les textes. Il n'y a pas de rédaction fixe, je n'ai par exemple rien écrit dans le numéro sur le foot, et heureusement vue ma faible expertise en la matière. Après, l'intérêt est d'avoir des approches les plus variées possibles. Un truc que j'apprécie beaucoup quand je bosse sur les Cahiers, c'est qu'il y a un important travail de relecture puis de réécriture. On cherche vraiment à améliorer et à proposer les textes les plus aboutis possibles, ce qui explique entre autre les délais un peu longs entre chaque numéro...

[Pix] Allez, moment nostalgie, raconte nous un de tes grands moment de joueur. (Ca peut-être aussi bien un passage dans un jeu qu'une surprise au pied du sapin par exemple).

[Laurent] Oula, il y en a tellement, il faudrait écrire un bouquin pour tout raconter. Tu ne connais pas un éditeur qui s'intéresse aux jeux vidéo, par hasard ? Bon OK, je t'en raconte un. Ce n'est pas vraiment un moment de joueur mais c'est lié : dans un jeu que j'ai testé quand je bossais chez EA, il y avait une chanson que je ne connaissais pas mais pour laquelle j'ai eu un coup de foudre. "Destroy everything you touch" du groupe Ladytron. J'aime tellement que j'achète l'album en import. Re-coup de foudre. Je me renseigne un peu mais le groupe ne donne pas de concert en France, dommage. Et là, énorme coup de chance, EA m'envoie à Vancouver pour un test et pile dans cette période, Ladytron passe en concert là-bas. J'y suis allé et j'ai pris une baffe monumentale. On parle souvent des passionnés de jeux comme de gens un peu monomaniaques, incapables de s'intéresser à quoi que ce soit d'autre, limite autistes. Alors que pour moi c'est tout le contraire, ça ouvre des tas de portes vers plein d'autres domaines, si on est un peu curieux.

 
 
Je suis tout à fait d'accord avec la phrase finale ! Félicitations au passage pour son level up mentionné dans la première réponse.
J'espère que cette interview vous aura plu, ne serait-ce que pour ceux qui se demandaient quelle était la blague originale. Merci encore à Laurent !
 
Raf