Pour être totalement franc avec vous, j'ai vu l'arrivée d'IG Mag, la première fois, d'un très mauvais oeil.

Pendant plus d'un an, nous étions un peu les seuls à proposer une dynamique éditoriale s'articulant autour de l'objet "livre". Certes, nous n'avions pas inventé le mot "Mook" (désormais célèbre contraction entre Magazine & Book), mais cette dénomination ajoutait un charme à notre avantage comparatif, notre marque de fabrique. En outre, nous jouissions d'un quasi monopole quant à l'édition "rétro". Toutefois, cette situation pouvait tourner à notre désavantage et la concurrence ne fait pas de mal. Aussi, lorsque Ankama nous a annoncé la sortie prochaine d'un "mook", j'ai eu un vrai stress.

Ankama est un groupe très important dont on chante le succès à peu près partout. On pouvait donc imaginer l'assise financière de la future structure adversaire. J'étais d'autant plus tendu que nous avions été démarchés pour alimenter la partie "rétro" du futur titre. Marco et Flo ne sombraient pas, comme moi, dans une douloureuse inquiétude. Au contraire, ils se sont empressés de collaborer en dépit de mes avertissements, arguant que nous avions tout à gagner à oeuvrer ensemble. Je craignais de mon côté un combat à la David & Goliath, sans qu'on en sache le dénouement...

Et puis, IG 1 est sorti. Avec Street Fighter en cover. Ok : orientation clairement prise gamer... Le format, le prix (0,50 euros moins cher), le vernis sélectif... J'étais hors de moi. Mais après tout, la concurrence, ça permet d'avancer, de ne pas se reposer sur ses lauriers. Cependant, que faire ? Finalement, rien : sur plusieurs forums, des portes-étendard se sont lancés dans une croisade pro Pix'n Love, pro IG Mag, les uns étant jugés par les autres de geeks intellos, et inversement, de gamers amateurs... Bref, mieux valait ne pas se prononcer, ne surtout pas s'en mêler, et continuer à développer notre structure : après tout, sur le plan du contenu et de la démarche commerciale, il y avait de vraies distinctions.

Et puis, les premières craintes passées, j'avoue m'être littéralement plongé dans les IG, à mesure qu'ils sortaient. Je me suis même surpris à vouer un immense respect à Bounthavy, la rédac' chef, entre autres, du mook d'Ankama... Il fallait être ultra motivée, débrouillarde, dynamique et même boulimique (de travail) pour parvenir à boucler, tous les deux mois, de tels pavés ! Et toujours cette recherche de sujets vraiment passionnants, tels que ceux ayant trait à l'économie, aux people, aux tendances... Oui, j'étais (et suis toujours) impressionné...

Il était donc normal que nous rencontrions la dame, dans son fief du côté de Tourcoing, pour lui proposer une alliance... La suite, demain !

Séb