25 Décembre 94 de bon matin, au pied du sapin. Parmi les paquets multicolores l'un d'eux attire mon attention. J'ai 20 ans et je suis en Bts à Guéret, ma super nes et ma gameboy me suivent partout. Les premières images de la prochaine génération de consoles pointent le bout de leur nez dans les magazines, excitantes et intrigantes. Pour l'heure néanmoins je passe beaucoup de temps sur DragonBall La légende Saien et sur Zelda 3. Ce paquet, donc, m'intrigue car je devine à sa forme qu'il s'agit d'un jeu Gameboy. Un moment de doute m'assaille, ma chère maman s'étant souvent fourvoyé dans des achats de jeux avec plus ou moins de bonheur. C'est donc avec méfiance que je déchire l'emballage et que je découvre avec ravissement ce qui restera comme l'une de mes expérience vidéo ludique la plus marquante : Zelda link's awakening ! Le jeu est sous blister rigide, séduisant, rutilant, des années après je me souviens encore de la sensation du poids de l'emballage dans ma main, de la couleur dorée de la boite. Ce noël me verra aussi obtenir outre des livres de jeux de rôle, un super Gameboy. Fidèle à mes habitudes j'entaille fébrilement le blister au cutter, une fois le plastique découpé proprement j'extrais la précieuse boite et l'ouvre avec précaution. A l'époque la découverte de la notice faisait partie du plaisir, celle-ci est épaisse (34 pages !) tout en couleur et débute par un résumé très complet de l'histoire, toutes les commandes y sont expliqués, les personnages principaux développés à grand renfort

Cliquez dessus pour avoir accès à la notice complète !

d'illustrations et de photos d'écran. Un vrai régal qui ne me donne qu'une seul envie : Mettre la cartouche dans ma Gameboy et....jouer ! Car c'est bien avec ma Gameboy monochrome que je me lance dans l'aventure. Il est peut être bon, avant d'aller plus loin, de vous dire que la série des Zelda m'a toujours suivi et ce depuis la nes jusqu'à aujourd'hui. Des cartouches dorées de la nes en passant par l'incontournable épisode de la super nes j'ai passé beaucoup de temps dans le monde d'Hyrule. Cartouche insérée, bien calé dans un fauteuil douillet, c'est parti ! La première chose qui me frappe c'est bien évidement la musique et les graphismes. Des éclairs, une mer déchainée, un bateau, Link apparait arrimé fermement à une corde. Encore un éclair et sans transition une jeune fille qui court sur une plage, elle trouve notre héros endormi et l'écran se déplace vers une étrange montagne surmonté d'un œuf énorme ! Je vérifie que je suis bien encore sur Gameboy...jamais vu une introduction pareille sur mon petit écran monochrome et dire que je n'ai même pas encore commencé à jouer !

] Le temps de créer une partie et ça y est le jeu commence enfin. Mon impression se confirme, couleurs mis à part les graphismes sont dignes de la super nes. Dès la première séquence de jeu une étrange impression m'envahit et me poursuivra durant tout le jeu, le réveil dans le lit, les personnages qui m'attendent à mon réveil...on dirait Zelda et son oncle...suis-je dans un remake déguisé de Zelda 3 ? Ou dans une sorte de monde parallèle ? Mystère, je prends néanmoins bien vite mes repères, la jouabilité ne souffrant d'aucun défaut.

marine retrouvant link échoué sur la plage .

Je rencontre ainsi Marine et Tarkin mes sauveurs et me voit remettre mon bouclier et assigner ma première mission : récupérer mon épée ! Dans le village je croise un chomp chomp tout droit évadé du monde de Mario. Des poules, un chien, bref un monde vivant, qui donne une impression de liberté et une envie de découvrir. Je garderais tout du long l'impression d'un jeu plus « mature » tant au niveau des ramifications du scénario que des interactions entre les personnages. En effet Link ira, par exemple, « taquiner » une sirène à l'accorte poitrine et sa relation avec Marine sera empreinte d'une affection très « adulte ».Le scénario joue également beaucoup avec la notion de conte et de surnaturel.

voici le fameux hibou !!

La première apparition du hibou au bord de la plage en est un exemple parfait. La musique dissonante et répétitive crée une ambiance particulière et le personnage même est inquiétant et mystérieux. On peut alors supposer que Link rêve car il ne manifeste par beaucoup de surprise à voir un Hibou s'adresser à lui. Toutes les rencontres que notre héros fera sont d'ailleurs toujours à la frontière du rêve (Marine) et du cauchemar (les Boss). Bien sûr la notion de « poisson rêve » introduit aussi cette idée de façon assez subtile. De nombreuses références à la mort émaillent également le scénario élaboré par Yoshiaki KoizumiKensuke Tanabe deux auteurs ayant déjà travaillé sur la série avec l'épisode super Nintendo (respectivement illustrateur et script writer). Contrairement aux épisodes précédents, il est clairement nécessaire de parler aux personnages secondaires présents dans les différents endroits visités afin de déclencher des quêtes annexes qui se révèleront souvent fructueuses.

Du  point de vue du gameplay le jeu est en vue de dessus mais fait quelques clins d'œil à l'épisode 2 sur Nes en offrant à Link quelques passages en vue profil dans certains donjons. Ces phases très brèves arrivent dès que vous avez trouvé les bottes de saut, on passe alors en mode « plateforme ». Cette variation très agréable ne présente en revanche aucune difficulté.

Et en termes de difficulté les game designers nous ont gâtés ! A l'époque la durée de vie du jeu m'avait bluffé, les donjons sont notamment loin d'être évident, on fait des allers retours, on cherche, on tourne en rond, bref on s'amuse ! Les Boss font preuve d'une résistance farouche et on éprouve une véritable satisfaction et un peu de fierté à obtenir chaque instrument.

Les quêtes annexes ne sont pas en reste puisque le jeu n'offre pratiquement aucun indice sur la façon de les résoudre. Loin d'être anecdotiques ou artificielles, elles rajoutent au monde une petite étincelle de vie supplémentaire. On cherche donc sur la carte (ah la fameuse recherche des régimes de bananes) et encore une fois chaque récompense est un petit triomphe personnel.

 C'est également le premier Zelda ou Link se voit accompagné de différentes créatures (le hibou bien sûr mais aussi un chomp chomp ou une poule). Pour en revenir aux musiques, on sent que les compositeurs (Minako HamanoKozuo Ishikawa et Kazumi Totaka) ont exploité aux maximum les capacités pourtant restreinte en la matière de la GameBoy. Je retiendrais notamment la fameuse « ballade du poisson rêve » qui reste l'emblème de cette épisode et me fait encore frissonner de bonheur. A noter que la musique joue aussi un rôle dans le jeu avec l'emploi pour la première fois de l'ocarina ainsi que d'autres instruments nécessaires pour réveiller le poisson-rêve et ainsi achever la quête principale. Durant tout le jeu on chemine entre rêve et réalité (le monde est issu de l'esprit du poisson). Zelda « Link's awakening » reste l'un de mes meilleurs souvenirs de jeu toutes consoles confondues. Rarement un jeu sur portable m'aura retenu autant d'heures avec toujours cet émerveillement et cette envie d'avancer donjons après donjons, quêtes après quêtes. Rejoué de multiples fois depuis ce mois de décembre 94 le jeu a gardé toute sa saveur même à l'aune des consoles actuelles.

 Graphisme : 10 /10 LE plus beau jeu de la Gameboy sans aucun doute. La machine a été poussée dans ses derniers retranchements. Déformations d'écrans, mouvements des personnages, tout est parfait.       

Musique : 9 /10 Là encore on frôle la perfection. La musique contribue et enrichit sans conteste cet épisode entremêlant thèmes classiques de la série et nouveautés marquantes. Ce ton si particulier est sans doute dû au trio de compositeur qui ont pris la relève de Kodji Kondo, habitué des Zelda. 

Jouabilité : 8/10 Que dire sinon bravo. Une croix pour le moins rigide et deux boutons et c'est parti. Link réagit au doigt et à l'œil à la moindre sollicitation. Certes changer les armes ou utiliser les objets nécessite de passer par la touche select mais rien d'insurmontable. 

Durée de vie : 9/10 Plus que suffisante soit une vingtaine d'heure pour vraiment tout faire. Il serait dommage de ne se limiter qu'à la quête principale car de nombreuses activités annexes vous attendent. Pour vous donner une idée de l'immensité du jeu , voici une image de la carte :

carte cliquable avec tous les donjons et secrets dessus !
carte cliquable avec tous les donjons et secrets dessus !
merci gamerside !!

Le saviez-vous ?

  • Une épée plus puissante que l'épée originale peut être obtenue en collectant 20 coquillages sur les 27 disséminés sur l'île.
  • De nombreux personnages issus de différents jeux vidéo de Nintendo apparaissent tout au long du jeu. C'est le cas par exemple de M. Wright (Sim City) qui campe le rôle d'un écrivain féru de correspondance, de Wart (Super Mario Bros 2) devenu star du rap, du Chomp (boulet à crocs très vorace, attaché à une chaîne) et de Maskass imitant les mouvements du joueur (provenant tous deux de la série des Super Mario), d'une représentation de Peach (photo donnée par une chèvre). De plus, on peut remarquer la présence de Kirby en tant qu'ennemi, des Goombas (Super Mario), ainsi que de Yoshi dans la maison de jeu avec le grappin. On peut aussi comparer Tarquin à Mario, non seulement du fait de la ressemblance physique mais aussi du fait qu'il est, à un moment du jeu, transformé en raton laveur en mangeant un champignon.
  • Il est possible de voler le marchand de la boutique en emportant un item pendant qu'il a le dos tourné. Cependant, à partir de ce moment, les personnages du jeu appellent le héros VOYOU. De plus, le marchand tue le héros la première fois qu'il retourne à la boutique.
  • Il est également possible de "tricher" pour payer moins cher les objets chez ce même marchand. En effet, lorsqu'un achat est effectué, le total de rubis décroit rapidement jusqu'au payement total de l'objet. Sauvegardez la partie durant cette descente, rechargez-la, le total de rubis ne sera pas descendu plus loin que le moment de la sauvegarde.
  • Dans la version originale (non DX), si on nomme le héros ZELDA, la musique du menu change.
  • Si vous faites le jeu sans jamais perdre une seule fois la fin sera différente.
  • Si vous attaquez une poule du village avec votre épée, toutes les poules du poulailler viennent vous attaquer et vous blesser. De plus, elle ne mourra pas. Mais vous pouvez la brûler avec le bâton de feu et la poule mourra sans qu'aucune poule ne vienne.
  • Une autre info sympa sur le jeu nous montre une capacité étonnante du gameboy de l'époque avec la version de link's awakening DX. En effet , grâce au gameboy printer on pouvait, à certains moments du jeu, prendre des photos puis les imprimer avec cette imprimante noir et blanc , gadget peu utilisé durant la vie de la console. Voici les photos que l'on pouvait prendre qui présentait un graphisme très agréable et un peu d'humour bien placé. Merci au site Tikisaurus pour ces photos. https://www.tikisaurus.com/blog/showcase/links-awakening-dx-printer-photos.html

             

Pour finir : Si ma mémoire a été le premier moteur de ce court article, Wikipédia a pallié les lacunes de mes souvenirs. Je souhaiterais également remercier ma mère pour toutes les découvertes que ses expérimentations en matière de cadeaux m'ont apportées. J'ai ainsi pu aller du nirvana (Le Vectrex, Zelda et bien d 'autres) au fin fond de l'enfer (une compilation de jeux bien pourris sur nes avec robin des bois notamment). Merci enfin à la team Pixelrealms ! Et à bientôt peut être.... Bullit.