J'aime les mondes imaginaires, comme une autre réalité de ma vie. Pour moi, la porte entre le réel et l'irréel est toujours ouverte, et je passe librement de l'un à l'autre. Un trajet en métro s'éternise, une rêverie devant le gâteau qui cuit dans le four, ou cette seconde de décrochage devant une œuvre fantastique, lorsqu'une partie de mon cerveau me souffle « à sa place, j'aurais pas fait ça ».

C'est pour ça que les MMORPG m'ont toujours attirée. L'amour de l'optimisation (équipement, avatar, armée) et la compétition sont deux moteurs essentiels de ma passion pour le jeu vidéo. Mais ce qui me fait vibrer, c'est lorsqu'un univers va résonner avec mon imaginaire personnel. Lorsque j'ai enfin la chance, pour une heure ou deux, d'incarner une autre moi. Jamais totalement une autre, juste une facette de ma personnalité qui n'a pas forcément de prétexte à s'exprimer dans ma dimension réelle. C'est pour ça que mes avatars vidéo ludiques me ressemblent toujours, mais pas complètement.

Je viens de découvrir une série de photographies (pas récentes puisque datant de 2006) intitulée Alter Ego de l'artiste Robbie Cooper. Vous le connaissez peut-être, il avait publié ces portraits de gosses en pleine partie de jeu vidéo. Alter Ego ce sont des portraits doubles, de joueurs. La réalité confrontée au virtuel. J'ai ressenti un frisson à la vue de certains, poignant. D'autres amusent, tous sont touchant. Au-delà des différences ethniques, d'âge ou de sexe, je me retrouve un peu dans chacun d'eux. J'ai l'impression de tous les comprendre. J'ai l'impression d'être un peu eux, tous, et moi à la fois. Oui, même les pires d'entre eux.

Je n'ai plus d'image de mes avatars vidéo ludiques. Je le regrette. Mais en regardant ces clichés, je comprends qu'on se cache toujours un peu derrières nos écrans, mais pas toujours. Parfois, c'est aussi une façon pudique de se montrer. Vous ne trouvez pas ?