Article publié la semaine dernière... Avec petite MàJ de cette semaine à cause du 180° de Microsoft.Cette semaine, c'est la critique de The Last of Us qui en ligne, ainsi qu'une refonte de la page Charts (avec des zuber bô graphiques qui tuent la bite)

Encore une année de passée, encore un E3 de trailers, séquences de gampelay et annonces écoulées. Après une succession d'E3 jugés fades car sans surprises, l'arrivée de nouvelles consoles a bien aidé à nous fouetter le sang. Retour sur un salon next-gen et, scandale sexiste outre-atlantique oblige, garanti sans babes ou si peu, et en plus, elles étaient habillées... Et il y avait même un groupe de mecs en justaucorps. Tout le monde il est content, tout le monde il peut river ses yeux sur les écrans.

Microsoft ouvre la voie des DRMs

L'E3 a surtout été marquant dans la bataille de communication entre Microsoft et Sony. Les jeux, eux, étaient soit déjà annoncés, soit très jolis mais sans gameplay précis et prévus pour 2014 minimum, si ce n'est plus. Et à ce jeu là, Microsoft a complètement flingué son image auprès des joueurs. C'était pourtant bien parti. La firme avait appris de ses erreurs passées à nous refourguer du Kinect et de la VOD en lieu et place des jeux. Une conférence où se multipliaient les trailers et teasers, dont des jeux qui ne sortiront qu'en fin 2014. Halo 5 en était le parfait exemple. Ce dernier était présent pour créer un joli hype mais ce n'était qu'une cinématique en Cgi. La Cgi était d'ailleurs tendance sur le salon avec bien peu de bande-annonces de gameplay. Assassin's Creed, Forza, DriveClub, etc, ne montraient rien. C'est seulement lors des séquences jouables au salon que les choses ont pu légèrement se dévoiler. Et encore, l'impressionnant The Division d'Ubisoft, MMO-TPS RPG graphiquement sublime ne montrait qu'une phase de TPS très courte en cover-shooter classique dans une map vide... Quantum Breaks de Remedy, ne montrait qu'une petite séquence à peine interactive où il fallait juste bouger son personnage. Pendant ce temps donc, Microsoft a tenu l'illusion le temps de sa conférence jusqu'à ce que les vraies infos, mises en sourdine lors du show, tombent.

La Xbox One devra être connectée à internet au moins une fois par jour. Don Mattrick réplique avec un brin de provocation que « si on n'a pas de connexion internet, il existe la 360 ». Impossibilité de prêter ses jeux sauf si votre ami fait parti de votre liste depuis au moins 30 jours et l'occasion sera possible seulement avec les « magasins partenaires », sans qu'on en sache davantage. Un système confiscatoire que beaucoup de développeurs semblent applaudir, selon Edge. Le principal argument est le même : l'occasion fait perdre de l'argent aux éditeurs et aux développeurs. Évidement, ça ne convainc pas la communauté qui découvrira aussi sur cette gen, les joies du freemium. Killer Instinct qui avait créé un tonnerre d'applaudissements sur scène se révèlera être un F2P : gratuit avec un seul personnage, puis payant par personnage ou par season pass pour l'intégralité du contenu, avec un gameplay ajusté pour utiliser la feature SmartGlass sur sa tablette. Un jeu non pas développé par Rare, son développeur original, mais Double Helix (Silent Hill : Homecoming). Le hardware très fermé de la machine lui retire des points d'emblée dont le clou sera enfoncé par Sony lors de sa conférence en annonçant absolument tout le contraire de son rival : pas de connexion obligatoire, pas de limitation de prêt ou de revente. Sur ces 10 petites minutes de conférence, Sony explose Microsoft à l'applaudimètre. Le moment le plus marquant de cet E3 n'aura donc pas été les jeux, mais bien cette guerre de DRMs dont chaque éditeur a essayé de mettre son grain de sel. Visiblement, les gros comme EA et Ubisoft sont tiraillés entre les deux politiques contradictoires. Deux éditeurs habitués aux grognes des Pcistes : Ubisoft et son Uplay codé avec les pieds et ses connexions obligatoires, EA avec le scandale des serveurs SimCity. Oseront-ils y aller à fond sur consoles ? De son côté, CD Projekt affirme sa position de DRM-free sur The Witcher 3 via GoG.com mais devra probablement se plier aux contraintes de la machine Xbox One puisque le jeu y sera porté. Même si l'éditeur polonais affirme n'être sûr de rien, aucun tiers ne voulait s'avancer de peur de froisser leur communauté respective. Toujours présent pour trouver des nouveaux concepts de bridage et forcer les consommateurs à repayer des services, les éditeurs ont probablement dû participer à cette politique de Microsoft qui se devait d'être encore plus rude, selon Edge. Peter Moore défend EA d'avoir été impliqué dedans. Mais quand dans le même temps, Yves Guillemot se plaisait à dire que les éditeurs étaient sollicités pour la conception des nouvelles consoles... Il ne faut pas nous prendre pour des jambons. Le problème est que l'effet d'annonce de Sony (qui aurait été décidé à la dernière minute) a été tel que Sony se met le public dans sa poche, rendant la politique de DRM un sujet délicat.

Sony prend le contre-pied

Comme expliqué plus haut, Sony politiquement a assuré sa conférence. Dans les faits, la PS4 sera utilisable comme une PS3. Excepté qu'un abonnement au PSN+ sera obligatoire pour jouer en ligne. Il fallait bien une mauvaise nouvelle, la voilà. Pour 50 euros par an, vous aurez donc accès au PSN+. Mais malgré cette obligation pour jouer en ligne, tous les avantages de l'abonnement que l'on connait aujourd'hui, à savoir l'accès à des jeux gratuits, réductions, bêtas et, plus important l'accès au cloud gaming via Gaikai (mais seulement en 2014), sont conservés. L'abonnement au PSN+ sera valable pour la PS3 et la Vita : pas besoin de payer un supplément par support. Ça fonctionne comme avant. Le PS3 et la Vita conservent leur jeu en ligne gratuit. D'ailleurs la Vita a été vierge d'annonce et ce n'est pas une bonne nouvelle pour une console qui n'a qu'un an. Sony n'a rien annoncé en provenance de chez eux. Est-elle clairement abandonnée ou seul Sony Japan s'en pré-occupe comme le développement de Soul Sacrifice ? La baisse de prix imminente (199 euros avec 10 jeux inclus) devrait booster un tout petit peu les ventes mais son image actuelle reste transparente. Paradoxalement, Sony n'a pas annoncé grand chose en jeux : juste The Order 1886 un jeu développé par Ready at Dawn dans une Angleterre victorienne avec du steampunk où l'on bute des loups-garous entre autres. Si on n'a pas vu de gameplay, la presse pro a pu en voir plus et assure que le trailer utilisait le moteur in-game. En tout cas, c'est une nouvelle licence et ça fait du bien. Car le line-up exclu de la PS4 sera finalement assez limité : Killzone (dont Guerilla a la bonne idée de modifier totalement sa direction artistique, afin de créer une rupture), Knack et DriveClub qui sera offert si l'on s'abonne au PSN+ le jour d'achat de sa PS4. Un DriveClub qui n'a convaincu personne chez les professionnels, à cause d'un gameplay assis entre l'arcade et le réalisme. InFamous 3 n'arrivera qu'en début 2014. Dommage car c'était lui qui impressionnait le plus : plus dynamique, super beau, blindé d'effets spéciaux chiadés liés aux pouvoirs de feu et de téléportation de son héros.

Le fait est que la PS4 s'inscrit logiquement dans la suite de la PS3. Elle fonctionnera à peu près de la même manière, elle aura ses propres features liés au partage de vidéos, et infos en tout genre, mais grossomodo nous auront une console en évolution logique. Là où Microsoft met l'accent sur son Kinect et son trans-media, associé à ça une politique éditoriale qu'elle juge bonne pour la protection des éditeurs et des développeurs, soit pour l'industrie. La com' entre les deux sont diamétralement opposées : l'un prône la continuité, l'autre prône une sorte de bond en avant dans sa gestion du divertissement. Mais dans les faits comment cela se passe t-il ? Et bien Sony compte bien avoir une politique de VOD tout comme Microsoft, grâce à des partenariats avec les services de vidéo à la demande comme RedBox ou encore Flixter, ainsi que leur propre service de Music et Video Unlimited (un Spotify-like). Sony poursuit l'évolution de son système multimédia depuis ses débuts de la marque Playstation, tout comme Microsoft en fait sa priorité depuis le milieu de vie de la 360. Microsoft passe des contrats avec les chaines de télévision (vous pouvez avoir Canal+ sur votre 360 actuellement), c'est la seule chose qui différencie les services de l'un l'autre. L'autre chose, c'est la connectivité en ligne. Microsoft la gère surtout via son Kinect autant pour gérer l'OS de sa console que communiquer sur le web. De son côté, Sony met en avant son bouton share sur la dualshock permettant de partager en direct absolument n'importe quoi en terme de vidéo, image et son. Les différences sont physiquement infimes mais c'est bien sur la politique d'édition que tout se jouera. Le truc, c'est qu'on connait les promesses de Sony et sa lenteur à faire fonctionner ses services. Le faible suivi de l'OS de la PSP auquel où nous promettait monts et merveilles, et l'absence de nouveautés Vita lors de l'E3 nous rappellent que Sony et ses promesses sont une équation à plusieurs inconnues. Déjà, Gaikai ne sera disponible qu'en 2014. Admettons. Mais quels seront les jeux en cloud-gaming, alors que la gestion des PSone et PS2 Classics a été un énorme gâchis tant la large ludothèque n'a pas été exploitée ? Quelle sera la qualité des serveurs qui actuellement font pitié à voir avec une très faible bande passante allouée aux téléchargement de démos, jeux, de patch et MàJ en tout genre ? On nous promet du streaming, du cloud, une option pour débuter à jouer à son jeu pendant qu'il se télécharge. Tout ça et lourd et tout ça justifie l'obligation d'un abonnement PSN+ pour profiter du multi. Sauf que maintenant que le consommateur paye, il aura intérêt à avoir un débit constant et élevé. Les promesses de Sony sont importantes. Pendant ce temps, Microsoft a déjà ses partenaires de VOD et TV dans la poche et n'a plus à prouver la qualité de ses infrastructures en ligne. Quid des DRMs ? C'est clairement le point fort de Sony pour la liberté du consommateur. Sa machine est dézonée et n'est pas bridée. Même son HDD interne peut être remplacé par n'importe quelle marque contrairement à Microsoft. Mais, Sony rappelle bien qu'ils ne peuvent pas imposer une politique éditoriale à ses partenaires-tiers. Donc si EA, Activision ou Ubisoft trouvent un moyen de brider leur jeu, par une sorte de pass en ligne d'un nouveau genre par exemple, ils pourront le faire puisque ça ne concernera que leur propre software. A l'inverse, Microsoft rappelle que l'éditeur fera ce qu'il voudra mais sa politique étant bien plus stricte, la firme donne le ton. Récapitulons : une machine est bridée, l'autre non. Mais, actuellement une 360 et PS3 ne sont pas bridées (sauf la 360 qui est zonée, comme le sera la One) et ça n'a pas empêché les pass online d'arriver. Certes, EA a annoncé arrêter cette pratique pour se reforger une image après l'échec de la politique de John Riccitiello. Mais Namco Bandai, Tecmo Koei et Microsoft ont déjà offert une parade : le jeu de baston freemium : gratuit en essai, puis payant par personnage, stage, etc. Ça commence par de la baston et qui nous dit qu'un FPS multi ne prendra pas cette forme sur nos consoles de salon, épargnées jusqu'à aujourd'hui ? Pour ça, ni Microsoft, ni Sony ne sont responsables. Ou en tout cas, pas directement. La jolie com' de Sony n'empêchera donc pas les éditeurs de trouver de nouvelles parades. De plus, rappelons quand même que Sony est une firme cherchant depuis des décennies à imposer ses propres formats propriétaires (récemment, carte mémoire PS Vita, ça vous dit rien ?), Sony c'est aussi une maison de production Cinéma et de Musique cherchant alors à contrôler ses artistes et ses produits. Alors, certes, ces divisions ont leur propre politique et sont bel et bien séparées mais n'oublions juste pas qui est Sony. Et puis, notre principale critique de la PS Vita était justement qu'elle était une console bridée vous empêchant de jouer à votre console sans carte mémoire propriétaire, qu'elle vous empêche de transférer une vidéo si votre firmware n'est pas à jour et que pour transférer du contenu, vous devez utiliser son propre logiciel... Bref, Sony réussit son coup de communication. Et si, et ça arrivera très probablement, les éditeurs trouvent des combines pour contrer le marché d'occasion, la firme pourra s'en laver les mains.

Pendant ce temps, a t-on une pensée pour Nintendo renfermé sur lui-même ? Son Nintendo Direct s'étant résumé à du Mario, Mario Kart et du Smash Bros, on ne peut pas dire que la firme se rende compte à quelle point elle est isolée... Même le producteur des Zelda, Eiji Aonuma l'avoue que « sans évolution, nous mourrons ». Même si Projet X et Bayonetta 2 sont deux jeux dynamiques et ambitieux, ils ne sont pas nouveaux puisque le premier s'inspirera grandement de Xenoblade dans son gameplay en temps réel, et le second est une suite, et ne sortent qu'en 2014. Nintendo reste à part. Non pas que ce soit dérangeant en soit. Ce qui est dérangeant est que cette mise à l'écart, semble t-il volontaire, ne nous permet même pas une autre vision du jeu vidéo, ni même une prise de risque. Sony et Microsoft ont annoncé plus de nouvelles licences que Nintendo. Pour un joueur, Nintendo est tout simplement en train de mourir. Ludiquement parlant. EA et Ubi ont annoncé en public ne plus s'investir dans la console. Activision va éventuellement sortir des portages rapides comme ils savent le faire mais absolument aucun gros éditeur ne va travailler sur cette console. C'est impossible de pouvoir travailler sur un tel écart de qualité hardware entre une PS4/X1 et une WiiU. Soit Nintendo travaille ses partenariats pour offrir une alternative, soit elle s'encrasse avec ses Mario. Comme tout un symbole, après tant d'années de rumeurs et d'espérance, Retro Studios ne travaille pour sur un nouveau revival, il est finalement cantonné à travailler sur une suite à Donkey Kong Country Returns. Un gâchis de talent inacceptable.

MàJ du 22/06/2013
Une semaine après sa débacle de l'E3 2013, Microsoft fait marche arrière dans sa politique DRM. Plus de connexion 24/24, plus de prêt bridé et plus de revente exclusivement dans les "magasins partenaires", ainsi que l'ajout d'un dézonnage de la console (une première pour une Xbox). L'erreur à ne pas commettre dans ce retournement de veste est d'oublier ce vers quoi les constructeurs souhaitent nous diriger : une connectivité permanente de contrôle identitaire et jeux munis d'une traçabilité inquiétante. Comme on l'avait déjà résumer, même si Microsoft a tenté de l'imposer dans son OS, rien n'empêche un éditeur de trouver des solutions DRMs software. C'est au joueur d'être encore plus vigilent car peu importe que Microsoft ait officiellement reculé, l'idée germe depuis des années. Attention.

Nous avons eu à faire à un E3 nettement moins blasant que ces dernières années grâce à Microsoft et Sony qui ont dévoilé une partie de leurs cartes jouant leur avenir. Plus une bataille éditoriale que ludique, cet E3 nous permet de prendre conscience des enjeux pour la liberté du consommateur. Après des DLCs amenant inéluctablement à des jeux en kits ; après des patchs possibles sur consoles augmentant le taux de jeux buggés à leur sortie, après les pass en ligne retirant alors une partie du contenu d'un jeu d'occasion, nous voilà enfin au cœur du problème. Les joueurs consoles n'ont côtoyé à ce jour que des DRMs déguisés. Microsoft tombe le masque et révèle l'avenir des machines connectées. Une caméra allumée en toute circonstances ou presque, une connexion, autrement dit une identification, obligatoire toutes les heures, où Microsoft tel un flic va surveiller que vous êtes bien le propriétaire de la console, une revente de jeux sous surveillance, selon des termes encore inexpliquées et un prêt de jeu aux personnes étant sous votre friendlist depuis 30 jours. Microsoft vous donnant la définition d'un « ami digne de confiance » apparemment... Ce n'est pas de la science-fiction, la Xbox One est muni d'outils dignes d'un contrôle routier. On a beau dire « plus c'est gros, plus ça passe », il faut quand même que le consommateur se réveille et comprenne sur cette génération qu'il n'a PAS à se retrouver enchainé à un produit qu'il a acquis. Ce même consommateur qui n'a pas vu le danger du DLC, qui n'a pas compris ce qu'impliquait un pass online et qui a accepté des modèles comme Diablo III devant jouer obligatoirement en ligne, même en solo, avec un marché d'items utilisant de l'argent réel... Tout ça, c'est déjà en place, ça s'est immiscé petit à petit dans nos activités (pas que jeux vidéo, dites merci à vos smartphones) et tout ça nous amène à aujourd'hui. La next-gen connectée sera une chaine ou ne sera pas. Comme le dit Marcin Iwinski, le PDG de CD Projekt, « le joueur fera son choix avec son porte-monnaie ».

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