Article mis en ligne ce dimanche 21 sur Birganj. A lire mieux mis en page ici : https://www.pg-birganj.com/focus/e3-2...ance-retrouvee ; la page dédiée à l'E3 2015 et la page consacrée à l'ensemble des vidéos liés restent accessibles sur le site.

Comme chaque année, nous vous proposons un récapitulatif de l'E3. Cette année, le format change légèrement. Plutôt que d'écrire un compte-rendu pour chaque conférence de constructeur, on va écrire un mot global et vous laisser accessible la page dédiée avec réactions à chaud et vidéos présentées.

Il y a nostalgie et Nostalgie

Cet E3 2015 qu'on n'attendait pas franchement a finalement surpris beaucoup de monde. Cette année nous a permis de revivre l'espace d'une nuit les fantasmes que l'on avait adolescent à chaque grande annonce E3. Le salon avait débuté sur un spectacle assez embarrassant de Microsoft qui est arrivé avec pour missile… la rétrocompatibilité 360 sur One. Deux ans après le lancement de sa machine donc. La réalité derrière une annonce mi-figue mi-raisin (car il y a toujours du monde pour s'enthousiasmer sur une feature qui n'a aucun avenir) est une liste de jeux très limitée décidée par les éditeurs eux-même. Ainsi, comme à l'époque de la rétro-compatibilité Xbox sur 360, elle sera effective par mise à jour du constructeur pour grossir la liste graduellement, en fonction des demandes des tiers. S'il ne fait aucun doute que Microsoft va vite exporter son catalogue 360, qu'Ubisoft a répondu présent pour deux épisodes de Rainbow Six Vegas, il va être compliqué de faire venir des centaines de jeux au cas par cas. L'autre réalité de cette rétro-compatibilité étant qu'elle souffre de problèmes techniques : flou et framerate asthmatique (atteignant 10 fps sur One pour Mass Effect, du délire) ont déjà été notés sur la liste présents. On se rassure comme on peut en se disant que la rétro-compatibilité est en mode « bêta ». Le problème est que passé le mode bêta, et passé le temps d'avoir une liste exhaustive de jeux rétro-compatibles, son intérêt aura déjà quasiment disparu sauf pour une pincée d’irréductibles fans.

Le plus inquiétant pour Microsoft a été de présenter des jeux techniquement et fondamentalement dépassés. Entre Halo 5 qui était bourré de scripts en arrière-plan pour essayer de dynamiser un run tout droit, Tomb Raider 2 qui réussissait à faire pire en matière de ratio cut-scene/gameplay que son prédécesseur et Gears of War 4 avec son héros blond sans charme et son obscurité quasi total pour masquer les textures baveuses, on ne peut pas dire que c'était vendeur. Forza 6 que l'on espérait être enfin un Forza next-gen n'apporte strictement rien de neuf par rapport au cinquième, ne serait-ce que visuel, et une fois de plus sans météo dynamique. En revanche, mis à part Gears 4, ces jeux seront là en fin 2015. Ce sera le seul lot de consolation de la conférence Microsoft.
De l'autre côté, chez Sony qui dixit Andrew House, PDG de Sony Computer Entertainment n'aurait pas grand-chose à annoncer, on avait une autre définition de la Nostalgie. Entre un Uncharted 4 au gameplay inchangé mais à la baffe technique violente et un Horizon (RPG de Guerilla) alliant technique et gameplay à l'arc prometteur, l'éditeur nous annonçait un trio magique : The Last Guardian encore et toujours en vie avec du gameplay sans montage de cut-scenes (mais déjà un peu vu auparavant), Final Fantasy VII Remake et Shenmue III. Inutile de dire que ça a été la folie chez les spectateurs composés de Youtebeurs fanboys et « journalistes » tout aussi influençables. Le concept derrière ces annonces ayant été de concrétiser des vaporwares, des vœux pieux de fanboys qui n'y croyaient plus. L'improbable qui se réalise permettant alors de hurler sa joie sans aucune honte et sans overhype surjoué sur des jeux déjà vus et revus.
L'E3, c'est un show. Ça a toujours été un show où le but du jeu était de faire de la publicité pour des titres à venir et entretenir l'image et l’idolâtrie chez les consommateurs-joueurs tout en rassurant les investisseurs. Et ce sens du show avait beaucoup disparu depuis des années. L'image qui reste après l'E3 est ce qui est le plus important pour mesurer la réussite ou non du constructeur dans la guéguerre des consoles (qui existe malgré tout ce qu'on peut en penser, c'est la bataille d'un marché économique). Et à ce petit jeu, Sony a sorti une leçon de com' à l'instar de ce qu'il avait fait il y a deux ans pour la sortie de sa PS4.

Pourtant, ce trio d'annonces est on ne peut plus nébuleux. The Last Guardian n'a par exemple aucune date de sortie précise. Même si on peut penser que l'éditeur ne se serait pas permis de montrer le jeu de moins de dix ans de développement si ça ne sortait pas réellement en 2016… Final Fantasy VII Remake a lui préféré se montrer sous forme d'intro en images de synthèse, très sobre où on ne voit que Cloud et Barrett de dos (pour une fois avec Nomura). Et c'est une exclu temporaire sur PS4 (la fanbase FFVII étant sur Playstation, le carton est assuré). Petite précision : le jeu était déjà en développement lors de l'annonce du bête portage PS4 l'an dernier. Si Tetsuya Nomura réalise, c'est tous les postes-clés du jeu d'origine qui reviennent pour la relecture de leur jeu, en particulier Kazushige Nojima de retour au scenario. Il s'agira de plus un vrai remake, pas juste un lifting. Le gameplay sera donc très chamboulé tout en conservant un maximum de scènes cultes (la scène du travestissement par exemple). Beaucoup de promesses donc pour un titre qui doit être développé de concert avec FFXV et Kingdom Hearts III. Ce dernier a néanmoins l'air d'être très bien avancé vu le gameplay montré par Square Enix.

Enfin, concernant Shenmue III, l'annonce est très perverse. Pour des raisons légales et d'image, Sony ne peut pas explicitement parler du deal avec Ys net, le studio de Yu Suzuki car le studio réclame des dons sur Kickstarter ! En gros, l'annonce sur le show a permis de booster, de hyper et de crédibiliser le projet Shenmue III sur Kickstarter. Mais rapidement, on comprend que seulement 2 millions de dollars demandés sont largement insuffisants pour développer un jeu comme Shenmue. On déduit ainsi que Sony devrait financer une (grosse) partie du projet pour s'assurer l'exclusivité console (le support PC étant indispensable pour attirer large sur Kickstarter). Or, faire une donation pour un projet édité n'est pas franchement bien vu par le public. D'où l'opacité du rapprochement entre Sony et Suzuki. Le jeu sera développé sous Unreal Engine 4 et contiendra des cinématiques narrant l'histoire du I et du II (les jeux appartenant à Sega, il ne peut y avoir de remaster sans lui). Toute l'équipe pensante des deux Shenmue est réunie pour développer le titre. Mais évidemment, à part une petite démo de deux minutes à la technique douteuse, on n'a rien vu du jeu. Ce qui peut laisser penser que Sony nous a annoncé un nouveau vaporware. On passe du stade « believe » à « vaporware », c'est pas si mal mais en l'état ce n'est pas encore concret. Qui plus est, les studios espèrent sûrement atteindre largement plus que 2 millions de dollars. Si on a atteint 3,4 millions de dollars au moment où on écrit ces lignes, et que le cap des 2M a été explosé en moins de huit heures, les donations ralentissent. Shenmue III existe donc mais encore dans un état embryonnaire…
Accéder à la page Kickstarter de Shenmue III

Néanmoins, si certains railleront un trio d'annonces faites de promesses, la réalité étant que l'E3 ne sert qu'à ça, a toujours servi à ça : vendre du rêve. Et le seul vendeur de rêve dans cet E3 a été Sony. Ce qui compte, c'est l'impact de l'annonce, la surprise, ce qui reste en tête à la sortie du salon. Depuis trop d'années, nous avons subi un listing de présentations de jeux mi-bullshit mi-chiants, en sachant pertinemment que la donne serait différente à leur sortie car de l'eau aura coulé sous les ponts et parce que le jeu ne tournera pas sur un PC bien monté avec une connexion internet béton.
Cet E3 2015, exceptionnel, a permis de réveiller l'enfant qui était en nous et même si ça a été évidemment de courte durée vite rattrapé par la réalité des annonces, on a aimé se lover dans ce fantasme bien réel. Les gens pourront dire « j'y étais ! » car on n'est pas prêt de retrouver ça l'an prochain.

 

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