J'ai Twitter. Je tweet. Je lis. Je partage. Je me sens cool. Dans le vent. In. Follow moi si tu veux, ou paye moi une glace à la pistache, au choix, à dire vrai, j'opte plutôt pour la glace, mais bon, comme tu veux.

Je lis de plus en plus sur ma belle timeline de geeks des tweets négatifs, pour ne pas dire injurieux voir complètement haineux, envers GameBlog, Julien Chieze, ses lunettes et ses chemises à carreau. Trop facile me dis-je, surtout que j’ai toujours apprécié le site, ses podcasts principalement. 

Alors certes, je ne suis pas toujours d’accord avec leurs tests, certes, je comprends bien pourquoi ils peuvent énerver avec cette volonté de trouver de nouvelles façons de traiter l’actualité du jeu vidéo, mais voilà, j’aime assez le personnage qui se bouge, cherche, commet des erreurs certes, mais avance, parle avec passion et communique sa bonne humeur.

Néanmoins, je dois bien avouer avoir ressenti un léger malaise depuis quelques temps vis à vis de la qualité du site, qui m'a poussé à reconsiderer les attaques incessantes de mes Twittos. 

Ne vous inquiétez pas hein, quand je parle de malaise, rien d'inquiétant, je dors bien la nuit et cela ne nuit en rien en mes performances foottballistiques (Arsène, si tu me lis, je suis gratuit, et j'accepte de cirer le banc pendant 10 ans). 

Mais bon, cette gêne a trouvée son zénith suite à la parution d'une news "scandale", choc, incredible, amazing (Steve je t'aime, reviens)  : encore une news à clic qui fait scandale, encore GameBlog. Cette fois, un article sur des tatouages propulsé en pleine page d’accueil du site. 

 

Alors oui, j’avoue : Gameblog devient de la merde. Un vulgaire Closer du jeu vidéo. Mais… La faute à qui ? 

Aux lecteurs ! 

 Regardez attentivement l’image postée ci dessus, que voyez vous ? 

 53 286 ! 

 **53 286 lecteurs** ont cliqué sur cette news. Mais putain, merde ! 

 En somme, comme le dit JC finalement, soyez de plus en plus un acheteur/visiteur citoyen. Vous ne voulez plus d’articles sans fond ? N’allez pas les lire ;). 

 

Aux blogueurs.

 Quand on blog, on le fait d’abord, avant tout, par passion

 Agacé de ne pas trouver d’oreille attentive autour de lui pour écouter ses récits vidéoludiques, ses pensées à propos de l'industrie, ses coups de coeur et coups de gueule, tenir un blog apparaît comme un espoir sain : avoir la possibilité de partager sa passion, avec des passionnés. 

 Mais très vite, l’appât d’une pseudo notoriété arrive. Aguiché par les rémunérations outrageuses des **DiabloX9**, par les kits presses des **damonX**, le passionné se rêve en sommité dans le milieu à qui on ferait les yeux doux pour parler de tel jeu, tel film, tel livre. Et très vite, le blogueur va être rattrapé par la réalité du milieu. 

 Ce qui intéresse les entreprises lorsqu’ils listent les blogueurs "intéressants" : le nombre de vues.

 T’écris bien, t’as une plume, t’es élégant, différent , jeune et dans le vent ? 

 On s’en pète ! Combien t’as de vues ? 

 T’es fan d’une série en particulier, que tu connais par coeur, tu transpires la franchise et rêve de faire un article sur le prochain épisode, que tu testeras de fond en comble ? On s’en fou ! Combien t’as de VUES ? 

 A partir de là, le blogueur a 2 solutions. 

 Soit il oublie ses rêves éphémères de célébrités virtuelles, les soirées arrosés au champagne à glisser des cartouches GameGear dans les fesses de Daisy la stripper de l’E3 et continue à oeuvrer dans l’ombre, écrivant dans un quasi anonymat, esperant naïvement voir le compteur de visites augmenter, scrutant le moindre commentaire n’ayant pas été émis par un bot soucieux de la taille de son pénis. Mais si, le travail paye toujours, un jour le blog décollera… Ou pas.

 Ou alors, le blogueur s’accroche à ses nouveaux rêves, tel Seiya se relevant une fois de plus dans l’hypothétique espoir de coucher avec Saori.  Dans un dernier élan et avec le peu de force qu’il lui reste, le blogueur va basculer du côté obscur de la force. 

 Il va d’abord analyser ce qui se passe chez ses copains. Comment, pourquoi, un damonX qui finit ses articles à la truelle réussi-t-il ? 

 Tard, très tard, seul, très seul, trop seul, dans son lit, laptop brûlant ses genoux, chat roupillant sur le laptop, il va sombrer. Il ouvre google et questionne l’oracle : Comment augmenter les visites de son blog ? 

 

Et là, boum, tout y est, la recette miracle. Des sites expliquant comment enfin faire décoller son site : un condensé total des articles les plus visionnés sur GameBlog.

 Vous voulez du clic ? Des visiteurs ? C’est simple :

 Faites des listes ! C’est simple à comprendre, pas prise de tête à lire. Faites des classements ! Sur tout et n’importe quoi ! Voici ce qui pourrait potentiellement être des news en or massif :

  •  Les 10 tenues préférées de Ryo Hazuki.
  • Les 2 dribbles préférés d’Arjen Robben.
  • Les 5 photos prouvant l’homosexualité de Mario.
  • Les 10 positions préférées de Peach et Zelda.

 

Ayez un titre accrocheur, provocateur, et si possible l’image l’accompagnant doit l’être tout autant, donnez envie, intriguez le lecteur avant même de lire votre article, quitte à écrire un titre d'article totalement faux et s'excuser dans la news ;). 

 

 

Résultat des courses, c’est triste, uniformisé, sans véritable fond, mais ça marche. Alors ce long pavé pour dire quoi ? Que lecteur et rédacteur sont tout deux autant responsable du nivellement par le bas de la qualité des articles.

Je passe sous silence, volontairement, les techniques permettant d'améliorer le référencement de son site, tant que l'on altère pas le contenu des articles en lui même, pour moi, ça va encore...

 Le lecteur, en s’adonnant bien trop fréquemment à lire ces torchons sous-entend aux rédacteurs que c'est uniquement ce qui l'intéresse.

 Le blogueur, qui, à force de s’être prostitué pour quelques clics de plus, ne fait plus l'effort de proposer autre chose d’intéressant à lire pour la masse intellectuelle silencieuse avide d'article de fond.

 

Mais aussi, la faute à GameBlog !

 

Si l’on peut facilement imaginer un blogueur sombrant petit à petit dans des envies de célébrité pour 2 ou 3 jeux reçus par des éditeurs, comment ne peut-il pas en être de même de la part d’une entreprise comme GameBlog ? 

 

Allez donc chercher des articles de fond sur le site (j’ai eu un peu de mal à en trouver, d’ailleurs, ça commence légèrement à dater). Et comparer le nombre de vues de cet article à nos 50 000 vues pour des photos de tatouages et la promesse sous-jacente de nudité féminine. 

 

Allez, exemple : Une interview des créateurs de Bayonetta  à l’occasion de la présentation de Bayonetta 2 : **2 000 vues.**  Putain, JUSTE 2 000 VUES sur l'un des sites de JV les plus fréquentés en France ! 

On parle quand même de l’interview du studio le plus hardcore gamer de ces dernières années, ayant pondu ce qui est reconnu comme le meilleur jeu d’action EVER (si, franchement, Dante n'existe quasiment plus, si vous n'avez pas joué à Bayonetta, achetez directement une WiiU pour la compilation Bayo 1+2). 

 L’article génère donc 25 fois moins de vues, et donc de revenu potentiel, qu'une vulgaire liste de tatouages faites en 2 minutes entre une pause snickers et un stand-up meeting Agile. Voilà, tout est dit ! Dégoutant... Vous imaginez GameBlog envoyer de telles statistiques aux Community Managers Japonais ? Arghhh, ça me dégoute, franchement.

 Du coup, chez GameBlog, on veut bien être sérieux cinq minutes, mais quand arrive l’heure de faire les comptes, de nourrir les familles, de faire vivre le vaisseau et assurer sa pérennité, le constat est très simple : le public veut du cul, du superficiel, du facile à lire, à retenir, du choc, et un peu, un tout petit peu de fond. Pas trop. Pas trop long. Pas trop sérieux. Pas trop joyeux. On orientera donc la politique éditoriale en ce sens. 

 Car oui, Gameblog, ce GameBlog, n’est en effet que le sombre reflet de notre société qui veut tout savoir, tout de suite, rapidement, sans effort, dans les grandes lignes, qui veut du choquant et du pornographique à chaque instant. Qui veut des abdominaux en 3 heures, manger comme un porc tout l'hiver et avoir l'air d'Hercule l'été venu. Qui veut développer sur iPhone, mais ne veut pas apprendre Objective-C. Qui veut gagner de l'argent, mais ne pas travailler. Gameblog n’est que le fruit de nos désirs. L’enfant de nos péchés. Notre hangover ! 

 

Comment changer les choses :

 

Je n'aime pas critiquer sans proposer  ne serait-ce que des embryons de solutions. Trop facile, trop trollesque. On touche  donc là au point crucial de cet article : Oui, Gameblog est devenu une corbeille à potins, oui ça me désespère et oui j’espère que cela changera. 

 

Le premier axe de changement, vous l’aurez compris, doit venir des lecteurs. Vous ne voulez plus de ces articles sur GameBlog ? Alors arrêter de les lire. C’est simple ! Magique ! Arrêtez aussi d’en parler, de les partager, même entre midi pour rigoler ! Lisez moins, mais de meilleur qualité en somme.

S’il n’y a plus personne pour lire de la merde, il n’y aura plus personne pour la chier. 

 

Mais bon, en toute honnêteté, je ne vois pas comment cela pourrait arriver. C’est le problème de la majorité, de la fameuse ouverture recherchée par le média JV en vue de soutenir son incroyable expansion qui l'a propulsé depuis plusieurs années maintenant en tant qu'industrie du divertissement la plus importante : on fait entrée de nouveaux venus, mais qui sont plus nocifs qu’autre chose (cf. l’appStore qui éduque les « gamers » de demain à trouver automatiquement cher les jeux dont le prix est supérieur à 99 centimes), et c’est maintenant cette majorité qui est reine. Majorité qui ne lira jamais cet article et ne changera jamais ses habitudes.  Donc, pour moi, c'est peine perdue. Allez, au mieux, l'article de cul sur GameBlog passera de 50 000 vues à 49 900.

 

Alors, le second axe de changement doit venir de GameBlog. Si le vaisseau veut retrouver de sa superbe, il doit faire un choix, celui de reprendre le contrôle de son site. Car si le projet du site à toujours été, à terme, d'exploiter le contenu généré par la communauté et l'ériger au même niveau que le contenu de la rédaction, il faut constater que cela ne fonctionne pas, ou pas bien, et nuit de plus en plus à l’image de l’entreprise. 

 

Gameblog doit trouver un moyen de gouverner l'armée de blogueur dont il dispose, à qui il a laissé bien trop de pouvoir. Une armée un peu trop jeune et folle et qui a besoin d'un capitaine plus autoritaire.

Il est temps pour GameBlog de reprendre le navire en main. De privilégier des contenus d'une certaine ayant une certaine valeur,  garantissant une certaine qualité rédactionnelle, et n’afficher sur la page d'accueil que des billets de "qualité". Quitte à perdre un nombre de clics conséquent, avec ce que cela implique à court terme pour l’entreprise. Un mal pour un bien ?