Nouvelle critique, nouvel avis, nouveau film ! Aujourd'hui on revient sur le Territoire des loups ou The Grey en version originale. On passera sur le titre somme toute assez dégueulasse de la version française, celui-ci annonçant de manière trop grosse la menace du film ainsi qu'une partie de l'intrigue. Le The Grey original sonnant beaucoup plus juste, jouant sur toute l'ambiguité du film ainsi que ses personnages.
Il est d'ailleurs assez dommage de ne pas plus entendre parler de ce film tant il résonne encore en moi comme une grosse claque de début d'année. Le film passant pour un simple survival de base alors qu'il est tellement plus...tellement plus...
Synopsis :
Travaillant pour une grande compagnie pétrolière en Alaska, Ottway protège les employés des attaques de bêtes sauvages pendant les forages. Victime d'un accident d'avion, lui et quelques ouvriers rescapés vont devoir tenter de tout faire pour survivre face au grand froid et les créatures sauvages qui rodent...
Je ne développe pas le synopsis à dessein. Pousser trop loin le descriptif du héros ainsi que son boulot serait gacher une partie du plaisir du spectateur.
Cast' et Réal' :
Aux commandes, Joe Carnahan, réalisateur des excellents Mise à Prix, Narc et du mauvais Agences tous risques. Un réalisateur capable donc du meilleur mais aussi du pire. Il était ainsi assez étonnant au vu de ses anciens films de le retrouver dans un survival intimiste. On pouvait donc craindre le pire, à tort. Carnahan maitrisant parfaitement son film de bout en bout, distillant chaque élément, chaque sous-intrigues avec talent. Le réalisateur sublimant ses décors et ses personnages pour nous dévoiler une histoire d'une grande cruauté.
Mais tout cela ne saurait être réalisable sans un grand casting. Parce que même avec la plus grande volonté, réaliser comme un fou avec des acteurs de merde, ça donne jamais du bon. Heureusement on échappe à cela avec un casting parfait. Liam Neeson, d'une justesse glaçante, incarnant ce héros à la perfection. Le reste du cast' n'est pas en reste, chaque rôle étant distribué à d'excellents acteurs. On peut donc retrouver, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mullroney ou bien même Joe "The River" Anderson. Un casting se voyant ainsi constitué d'une majorité d'homme.
Notons l'unique présence féminine en la personne de Anne Ophenshaw jouant la femme du héros.
Ne pas parler de la photo du film serait presque un crime tant celle-ci magnifie chaque instant du métrage. On se retrouve facilement subjugué par ces décors d'une immensité assez glaçante. La bande son n'est pas en reste, tout d'abord assez discrete, elle saura se faire entendre lors des moments clés. Elle sonne d'ailleurs un peu comme ce que peut faire John Murphy sur 28 jours plus tard ou encore Sunshine. La bande originale est signée Marc Streitenfeld.
L'Homme :
Avant même d'aborder le thême de la nature, des loups ou bien des risques d'accident lorsque l'on décide de voler en pleine tempête de neige, le film se veut avant tout être un histoire d'Homme. Une histoire sur les relations, sur notre capacité à nous entendre ou nous faire comprendre. Pour traiter de cela, Carnahan choisir comme héros des hommes que la société rejette de par leur marginalité où leur incapacité à rentrer dans une case. C'est par ce prisme que le réalisateur traitera du comportement humain. Celui-ci jouant ainsi sur l'idée que l'on a de ces hommes, on les imagine sans coeur, prêt à tout, sacrifiant leur mère ou grand mère pour un peu de blé. On est alors incapable de les imaginer pleurer ou avoir peur.
Chaque personnage présentera sa faille le rendant attachant ou alors son souvenir qui lui permet de rester en vie, de continuer à avancer dans la vie. Chacun de ses hommes paraitra tout au long du film indispensable et chaque perte sera vecu comme un véritable déchirement. Le film étant ainsi l'histoire d'un groupe avant d'être l'histoire d'un homme.
Mais Carnahan n'oubliera pas pour autant son héros. De l'homme désabusé commencera à apparaitre l'image d'un mâle cherchant à mourir sans en avoir le courage. Il commencera à prendre de plus en plus de profondeur, les failles commençant ainsi à apparaitre au fur et à mesure du film. Le comportement suicidaire du héros se verra justifié tout au long du métrage et expliquera notre capacité à accepter la mort ou la braver par un final tout simplement splendide. Je m'arrête là pour notre héros pour ne pas spoiler les futurs spectateurs.
L'Homme et la Nature :
Au même titre qu'un Deliverance en son temps, The Grey nous propose l'eternel combat de l'Homme face à la grande mère Nature. On remplace cependant les rednecks fantasmés par des loups biens réels cette fois. Enfin, oui et non. En effet, Carnahan jouera tout au long du film sur le côté à la fois fantasmé et réel de ces loups. Leurs première apparitions apparaitra tout d'abord comme venue tout droit du cinéma fantastique. Ils sont énormes et semblent faire plusieurs mètres de hauteur. Puis, le film passant, la forme des loups commencera à diminuer pour finalement atteindre une taille normale. Ce traitement renvoyant directement à l'image que l'on se fait dès lors que la peur est présente pour ensuite une fois le calme revenu, redevenir normale.
Mais que serait un film sur la nature, sans la nature ? Un film dans une ville. Ce n'est pas le cas ici et nos héros auront leurs lots d'intempéries à gérer. De la tempête glaciale à la forêt mortelle, tout est la pour qu'ils souffrent. Le message est sensiblement le même que Déliverance, l'Homme impuissant face à une nature qu'il pense connaitre et contrôler. Et Carnahan réussit parfaitement son coup, la neige semble en vouloir à nos héros pendant tout le film, les arbres semblent vouloir les perdre et l'eau les noyer. Tout est maitrisé et se voit sublimer par la photo. Un excellent boulot d'ambiance est fait.
Conclusion :
Au final, The Grey est plus qu'un excellent film. Prouvant l'immense talent d'un Liam Neeson habité par son personnage, la puissance narrative et émotionelle d'un Carnahan lui aussi possedé par son histoire, The Grey est à voir, à savourer puis à revoir encore. Bénéficiant d'un casting irréprochable, d'une bande son toujours juste, le film marque un quasi-sans fautes. On regrettera peut être quelques longueurs voir même peut être un rythme lent pour certains.