C'est suite à la lecture du dernier IG que j'ai souhaité ressortir mes vieilles boites de la cave. J'ai pu me replonger dans les Dark Seed, Prisoner of Ice, Shadow of the Comet et surtout Sanitarium. 

Sanitarium est un jeu à scandale, un jeu qui n'a pas réussi à durer plus de quelques semaines dans les étals française. Pourquoi ? Apparemment la violence et les thèmes soulevés par le jeu étaient un peu "too much" pour nos têtes blondes de l'époque. Pour la petite anecdote, je n'ai pas acheté ce jeu en magasin, je le connaissais par le biais de la démo de Gen4 à l'époque mais ne l'avait jamais vu. Ce n'est que lors d'une sortie à une vente aux enchéres ( je me demande ce que je foutais là...) qu'un des lots s'est avéré être Sanitarium+un logiciel 3d et une paire de lunette. 

Bon la paire de lunette n'a jamais servit, c'était un truc dégueulasse à l'ancienne. Mais j'avais Sanitarium.

Pour 200 francs.

Mais arrêtons là les digressions et penchons nous sur ce fameux jeu.

L'histoire d'un fou :

Alors qu'il semble avoir trouvé la solution à quelque chose ( mais à quoi ? ), notre héros monte dans sa voiture. Heureux de sa découverte ou alors impatient de la partager, le héros ne voit pas qu'il roule à une vitesse indécente et que sa voiture se rapproche dangereusement du vide. Le drame arrive, perdant le contrôle de sa voiture, le projetant ainsi  hors de la route. 

Défiguré et amnésique, c'est dans un asile psychiatrique que nous retrouverons notre héros... 

Une folie visuelle et sonore :

Pas vraiment en fait. Le jeu même à l'époque n'était pas impressionnant graphiquement.Les plans fixes un peu comme Dark Seed II sont jolis mais jamais magnifique. La faute à un moteur un peu faiblard sans doute. Cela n'empêche pas pour autant le jeu de disposer d'une ambiance glauque au possible. Chaque décor de chaque chapitre semblant vouloir vous rendre fou. On visitera un asile, un village abandonné ou encore la base d'insecte voulant envahir la terre. 

Sur chacun de ces plans fixes vous rencontrerez des personnages. Et c'est là que le bât blesse, les personnages sont tous assez pauvres en animations et sont modélisés assez sommairement. Cela choque un peu au début, notamment le héros et son pyjama bleu mais on s'habitue très vite. 

En fait, on oublie tous les défauts cités plus haut en à peine quelques minutes. On se laisse happer par cette ambiance morbide au possible et chaque personnage semble être la folie même. 

Il en est de même pour les musiques et bruitages. Un véritable effort à été fait pour retranscrire une ambiance inquiétante. Il suffit d'entendre la musique du village pour avoir une petite idée de l'univers dans lequel nous allons plonger. Tout est fait pour mettre le joueur mal à l'aise. Et ça marche. 

Une façon de jouer assez...étrange :

Pour les quelques ignorants du coin, Sanitarium est un Point and Click. On dirige son personnage à la souris, on interagit avec le décor et autres personnages du jeu. Petite nuance toutefois, les déplacements ne se font pas en cliquant sur l'endroit où l'on souhaite se déplacer mais en maintenant le bouton droit de la souris pour faire bouger le personnage. En résulte un contrôle particulier, sympathique au début mais pénible lorsque l'on visite de grandes zones ( assez rare tout de même).

Le reste est classique, système de dialogue avec les personnages, inventaires et énigmes seront votre pain quotidien dans le jeu. Les habitués ne seront ainsi pas totalement déboussolés. 

Le jeu bénéficiera même de scènes d'actions ! Le personnage se voyant muni d'une arme et devant avancer et cliquer sur l'ennemi pour le tuer. Pas très pratique en jeu mais assez sympathique tout de même. Au moins ça diversifie un peu le gameplay. 

Pourquoi ? :

Mais qu'est-ce qui rend ce jeu différent des autres ? Pourquoi cette censure ? 

Son propos ainsi que les thèmes véhiculés tout au long du jeu. De cette simple histoire d'accident naitront de multiples questionnements et messages tout au long du jeu. Une histoire de culpabilité, d'acceptation, de génocides et de pardon.  C'est par la plongée d'un homme dans la folie mais aussi dans les recoins sombres de son inconscient que ces thèmes seront abordés. 

De plus, le choix du héros n'est pas anodin. Ou devrais-je dire, le choix de mettre en scène un héros défiguré et amnésique. Par ce procédé, l'anonymat du héros, le jeu ne choisit pas de traiter de la folie d'un homme en particulier mais de l'Homme en général. De ce qui le rend fou et peut l'amener à fauter. Notons que notre héros restera défiguré jusqu'à la toute fon du jeu. Ainsi, Sanitarium nous propose gentiment de plonger dans notre inconscient, nos peurs et ce que l'on ne souhaite pas montrer. 

Il faut reconnaitre aussi la violence permanente du jeu, certainnement à elle seule responsable de la censure. Allant de l'asile de fou, de l'homme s'explosant la tête contre un mur, des enfants défigurés, d'un village massacré et de guerriers empalés ou bien même d'étranges expériences sur des bébés, la violence est omniprésente. Mais là où le chaland de base ne verra qu'un jeu gore parmi tant d'autres, le curieux lui verra toute la symbolique que cela peut cacher. Et il aura raison. Je me souviens encore des reviews de l'époque nous assurant que l'on incarnait un dieu maya massacrant des fidéles en les empallant. Ce qui est faux, complétement faut, allant même à l'encontre du message du jeu. Sanitarium ne vous plaçant jamais en bourreau mais toujours en spectateur impuissant face à une entité violence et implacable. Le jeu ne proposera à aucun moment de la violence gratuite, vous ferez toujours face à une violence symbolique, une violence renvoyant à ce que vous souhaitez echapper. 

Il serait intéressant de décortiquer chaque chapitre du jeu. En effet, la fin du jeu, troublante, nous offre un regard clair sur tous les événements de l'histoire. Ainsi chaque chapitre, chaque scène prend un sens différent. Mon but n'étant pas de vous gacher le plaisir mais plutôt de vous donner envie, je vous laisse seul juge de votre interprétation.

Conclusion :

Critique courte mais n'ayant pour but que de vous faire acheter ce jeu ( Dispo sur GOG pour 9e si je ne me trompe pas) et ainsi vous plonger dans la folie de ce jeu. Le jeu est de plus assez long et jamais très difficile. Vous en aurez ainsi pour votre argent.