J'étais pas super chaud pour le voir, j'aurai aimé que ma salle de ciné diffuse Livide à la place. Comprenez, le film avait ce côté un peu trop "arty" pour moi, ça avait la gueule du film de genre chiant comblant ses vides scénaristiques par une soi disante volonté de la part du réal' pour renforcer son idée du je ne sais quoi. Et puis voila quoi, un film sponso France Info, moi ça me fait peur.

J'avais tort.

Shame est beau, choquant, triste mais surtout d'une grande justesse. Je m'en vais vous expliquer tout ça ! 

Synopsis :

Brandon est un homme normal, boulot normal et vie plus ou moins nomal. Un mal étrange touche pourtant Brandon depuis longtemps déjà, l'addiction sexuelle. Brandon réussit tant bien que mal à cacher ce mal auprés de ses collégues, ce n'est qu'à l'arrivée de sa jeune soeur, Sissy, qu'il aura de plus en plus de mal à cacher sa double vie.

Cast :

Je ne connaissais pas Steve McQueen avant, j'avais entendu parler de Hunger, son film sur la grêve de la faim en prison mais j'ai toujours eu la flemme de le voir. C'est donc avec un regard vierge que je me suis préparé à regarder son film. En plus il y avait Fassbender ( le Magneto du dernier X-Men ) ainsi que Carey Mulligan ( la belle de Drive ).

Revenons un instant sur les deux acteurs principaux. Fassbender prouve encore une fois son grand talent et joue tout en justesse pendant tout le métrage. Il en va de même pour la petite Mulligan, petite soeur d'une grande fragilité cherchant le réconfort auprés de son frère, figure de proue à ses yeux. 

Le film se voit ainsi porter par ces deux acteurs, jouant chacun excessivement bien sans jamais tomber dans un quelconque sur-jeu.

Une réalisation juste :

Aussi bon soient les acteurs, il faut savoir les filmer pour le voir. Et McQueen le fait bien. Filmant toujours prés de ses personnages, on les accompagne tout au long du film. Donnant ainsi une impression de promiscuité avec le héros du film. La photo reste quant à elle assez sobre même si l'on peut contempler à certains moments des plans d'une grande beauté. 

Mais le véritable atout du film reste la mise en scène des moments du quotidien. Allant du simple petit déjeune au repas avec une jolie fille, le tout sonne avec une incroyable justesse. Le réalisateur semblant capter avec brio les quelques petits éléments différenciant une scène de film et une scène réelle. Il suffit de voir la scène dans le restaurant, tout est parfait. Que ce soit les blancs de gêne ou bien les dialogues anodins, tout est fait pour être crédible. 

Le film parlant de sexe, vous n'echapperez donc pas à de nombreuses scènes chaudes. Je reviendrais plus tard sur certaines d'entres elles. Je vais m'attarder sur une scène maintenant pour confirmer la justesse du film. La scène dans l'hotel entre Brandon et sa jeune secrétaire. Jamais scène de sexe n'avait resonné en moi comme aussi crédible. Le jeu entre les deux, la capacité à donner envie à l'autre ainsi que le passage à l'acte. La caméra semble même de trop durant ce passage. Comme si lon assistait à quelque chose que l'on ne devait pas voir, on se sent comme un voyeur.

Le sexe c'est le mal : 

Cherchant à traiter de l'addiction sexuelle, Steve McQueen nous conte l'histoire de Brandon, ne vivant que par le sexe et pour le sexe. Se cachant de ses collégues, allant se masturber dès lors que quelque chose le contrarie, remplissant son appart' de revue et autres accesoires pornos. Allant même jusquà acheter un portable simplement pour aller voir du porno.

Très vite le spectateur comprend que l'addiction de notre héros n'est en fait que le catalyseur de sa haine, de ses soucis et de ce qu'il refoule. Incapable de réagir autrement, incapable de s'enerver quant il le faut, ni de devenir violent, notre héros se réfugie dans le plaisir coupable du sexe. 

Ainsi très vite le sexe apparait comme une forme de violence pour le héros. Que ce soit aprés un echec ou bien lorsqu'il ne peut faire l'amour dès lors que l'on y implique des sentiments. Le final résonne ainsi comme une énorme scène de violence et de haine pour le héros envers sa propre personne et son incapcité à ressentir. 

Une réalisation en deux temps :

En effet, le réalisateur semble vouloir dissocier les scènes entre elles. Plaçant certaines d'entres elles dans une imagerie de film alors que d'autres sonnent comme le miroir de la réalité. Prenons l'exemple de la scène du bar au début du film. Tout sonne faux, que ce soit les gens qui dansent ou bien la manière qu'aura le boss de Brandon pour draguer certaines filles. Tout s'inscrit dans une logique de film basique. Le réalisateurs pointant du doigt le manque de crédibilité de ses scènes en règle générales. 

Il en va de même pour les scènes de sexes. Certaines semblant sortir tout droit d'un film, froide et violente. Alors que d'autres s'inscrivent parfaitement dans la réalité. La grande force du film reste aussi de réussir à montrer du sexe sans donner envie de sexe, on se sent soit comme voyeur ou alors on fait face à une scène de sexe que l'on sait violente pour le héros.

Un frère et sa soeur :

La relation entre ces deux personnages est intéressante. Motivé par l'envie sexuelle pour notre héros, tentant de la refouler en éloignant sa soeur dès qu'il le peut et l'envie d'un frère protecteur pour la jeune soeur. Chacun s'aimant tout en se repoussant dès qu'il le peut.  La scène où Brandon tente de s'endormir et voit sa soeur le rejoindre car il fait froid sur le canapé traduit parfaitement leurs sentiments. 

On sent l'amour pourtant entre ces deux personnages. Chacun aimant l'autre à sa manière. 

Une relation d'une grande force, qui sera pour notre héros le seul moyen de changer. Changer pour sa soeur et ainsi voir sa souffrance.

L'addiction :

Je peux comprendre que l'on ne soit pas tous atteint de ce problème. Le film ne traite pas que de cela. Cette addiction reste en filigrane au sein de l'intrigue. Un autre message semble pouvoir se lire au fur et à mesure. La perception du sexe au travers de notre société. La pornographie, internet, les magazines etc..tout semble faire echo à cette génération vivant avec des codes faussés. 

Il est donc facile d'y voir non pas un jugement mais un constat sur une société vivant dans l'artificiel. Les rapports sans lendemain ou même cet idéal féminin construit à travers les dames de papiers glacés. L'incapacité d'y mettre du sentiment. On peut aussi y voir la question de la performance, notre héros ne pouvant faire l'amour à une femme semblant l'apprécier vraiment car il pense qu'elle le jugera, qu'elle jaugera même ! Il n'est ainsi plus dans le rapport sans jugement avec une prostitué. 

Conclusion :

Au final, Shame est beau mais aussi d'une grande violence. Traitant d'un sujet assez difficile, McQueen devant éviter de tomber dans l'aspect purement racoleur du sexe. Il en ressort une oeuvre d'une grande richesse, la quête d'un homme cherchant à changer ce qu'il est. 

Un film à voir. Vraiment.