Au vu du succés de la première partie, je lache un peu plus tôt que prévu la suite. Je ferai une maj ce Week-End pour remonter ces trois parties pour celles et ceux qui ne l'auraient pas lus.

Un lien tout de même pour la première partie :

 https://www.gameblog.fr/blogs/parker32/p_53505_interview-rurik-salle-mad-movies-fugu-dal-bronx-ou-geek-et-b

On conitnue donc, toujours dans l'amour et la joie ! N'hésitez pas à donner votre avis sur les questions, et venez partager vos réfléxions ! 

 

Deuxième partie, le journalisme, l'évolution du média :

- Journaliste depuis un moment, comment vois tu l'évolution des médias de ton côté ? Le métier de journaliste ne doit plus trop être le même qu'avant non ? 

Je te l'ai dit, c'était mieux avant ! Tout est mieux avant. Avant, les morts étaient encore vivant, et les cons n'étaient pas nés. Avant, le net n'existait pas, et la presse radio/papier/télé avait du poids. On ne s'improvisait pas journaliste, et les places étaient chères... Aujourd'hui, tu peux faire ton propre site. Ca démocratise. Ca ne veut pas dire que tous les sites sont bien, et il y en a tellement que c'est sans doute le bordel. Mais en même temps, tu peux avoir une voix, alors que tu n'es pas connu, que ça n'est pas ton travail officiel, que tu n'as pas la tune qu'il faut pour lancer un canard. Aujourd'hui, tout le monde peut être entendu aux quatre coins de la planète, c'est pas mal. Donc en ça, le métier de journaliste a changé. Aujourd'hui, le côté « journaliste » ne suffit plus pour séduire les femmes. Il faut en plus que tu appartiennes à un organe de presse prestigieux, sinon elles s'en foutent. Ou que ton organe à toi soit prestigieux. Mais seul Dieu décide du prestige qu'aura ton organe. Je tiens d'ailleurs à le remercier. 

 

- Comment vois tu Internet ? Une évolution ou ce qui a un peu "tué" le marché ? On voit beaucoup de revues mourir à cause de ça, pas assez de ventes, la gratuité du net brisant l'envie de payer pour ce que l'on trouve sur la toile.

Oui, il ne faut pas se leurrer, le net a tout changé, dans beaucoup de domaines, et pas seulement la presse. La musique, le cinéma aussi. Aujourd'hui, alors que le monde n'a jamais eu autant les moyen de voyager, de s'informer, d'échanger, de communiquer, on s'enferme, devant un ordinateur, un téléphone. Marrant, non ? Regarde tous ces mecs dans la rue, avec leur casque sur les oreilles. Ils sortent, et ils emmènent leur propre environnement. Ils emmènent leur maison chez les autres. Alors que dans la rue, il y a des sons, des discussions, des bruits étranges... C'est enrichissant, mais non, on s'enferme. Ahah !! Comme ça c'est mieux : on peut insulter n'importe qui, il n'entend rien. Voilà qui est bien pratique. 

Et oui, donc, le net a changé les choses. Les grandes revues, celles qui ont une âme, subsistent et résistent, parce que le public n'y cherche pas qu'une source d'info (qu'il aura plus vite, et gratos, sur le net), mais un avis, un ton. Et puis l'objet a encore de la valeur, un peu. Une belle revue, c'est quelque chose qu'une fichier pdf ne remplacera pas de sitôt. Mais d'une manière générale, oui, le net change l'économie, et les générations nouvelles, qui n'ont jamais acheté un cd ni une revue, elles vont sur le net et s'en foutent. C'est pourquoi, pour un objet, la seule manière de subsister est de prendre conscience qu'il n'a plus le monopole absolu, et qu'il faut qu'il séduise le public à nouveau. C'est comme quelqu'un, qu'on appellera Raymond, et qui voudrait séduire une autre personne, qu'on appellera Bleu de Bresse. Raymond est le seul candidat à la séduction, fainéant, et il n'a pas beaucoup de pression. Si Bleu de Bresse veut coucher avec quelqu'un, ça sera forcément avec Raymond. Et puis tout à coup, y'a un car qui débarque, et t'as 56 candidats à la séduction qui débarquent. Là, Raymond, il se dit qu'il va falloir qu'il fasse des efforts pour parvenir à ses fins. Qu'il n'est plus seul, qu'il doit mettre les petits plats dans les grands .

 

-  La presse spécialisée est elle le seul média pour toi à avoir encore de l'avenir ? Se concenter sur un seul domaine pour pouvoir attirer un public bien précis quite à s'enfermer dans un genre pour ne pas la perdre ? 

Oui, la presse spécialisée a encore de l'avenir, parce que la spécialisation demande de la connaissance précise, et ça prend un certain temps d'acquérir ça. Et les passionnés sont des gens qui vont continuer à aller vers la presse spécialisée, parce qu'ils recherchent une presse de référence, exigeante. Mais la presse générale a aussi de l'avenir, si tant est, une fois de plus, qu'elle trouve sa voie et sa voix, qu'elle se donne une raison d'exister. Qu'elle propose un regard qui est le sien. L'info est à portée de main, alors il faut pouvoir donner un point de vue personnalisé, un ton unique, pour sortir du lot. Je pense que l'avenir appartient à l'identité, à l'originalité, à l'imagination. Rien ne peut battre l'imagination, et certainement pas la mondialisation. L'applatissement des différences n'a aucun avenir, et l'inventivité fera toujours la différence. Oui, je pense que Starbucks, c'est le McDo du café, et je n'ai aucune envie de retrouver le même café quand je pars à 12 heures d'avion de chez moi. Je ne vais pas chez le voisin pour retrouver mon salon.

 

- Vois tu l'émergence des podcasts, émissions sur le net comme une alternative ? Un moyen de continuer à informer, parler de ce que l'on aime, autrement que par le mag' spé ? 

Oui, bien sûr, c'est ça. Le souci, c'est qu'on est abreuvé de trucs, partout... T'imagines le délire : avant tu allais chez la vieille en bas, t'achetais ta petite revue, tu lui volais des bombons, tu te masturbais devant les revues de fesses, puis tu partais chez toi manger des frites. Ta vie se résumait à ça, on le sais tous, ne mens pas. Aujourd'hui, tu peux faire la même chose mais la vieille a été remplacée par un jeune avec des cheveux, et en plus tu as tellement de sites internet à visiter que tu sais plus où donner de la tête. C'est fou ce qu'on nous propose. Des centaines de chaînes de télé, des milliers de sites internet... Mais bon, je pense que le but pour chaque podcast n'est pas de conquérir le monde, mais de trouver son public. Aujourd'hui les gens s'échangent les bons plans, les liens, les trouvailles, les choses marchent comme ça, le buzz peut être dans les mains du public, c'est cool. 

 

- Comment imagines tu l'avenir de la presse spécialisé papier dans l'avenir ? Une prochaine disparition ? 

De toutes manières, le monde va disparaître en 2012. Il reste quelques mois pour tout faire. Si vous n'avez jamais essayé la sodomie, c'est maintenant ou jamais ! Pensez-y. La presse papier, elle, a déjà essayé la sodomie, c'est bien. Elle ne disparaîtra pas de sitôt, mais va devenir comme le cd : un objet à petit tirage, pour contenter ceux qui s'attachent encore à l'objet. Je ne la vois pas disparaître, mais devenir une référence un peu « hype » :  

- Aujourd'hui t'as fait quoi ?

- Je suis allée me faire refaire le nez, et toi ?

- Moi, j'ai acheté une revue.

- Ouah, une revue, trop coooool ! Laquelle ?

- Je ne sais pas, mais la couv' était troooop douce.... Hmmm..

S'ensuit une scène de sexe.