1969 marque la sortie au cinéma d'Il était une fois dans l'Ouest, Aout 1969 pour être précis, véritable chef d'oeuvre du western spaghetti, le film de Sergio Leone. Véritable carton à sa sortie, spécialement en France où le film reste au box-office un bon moment. C'est en Octobre que sort La Horde sauvage ou The Wild Bunch, réponse direct aux Westerns Spaghettis, démystification du genre par la volonté d'en casser tous ses codes. 


Sam Peckinpah :

Qui est Pesckinpah ? Réalisateur né en 1925 en Californie, il décédera en 1984 au Mexique, laissant à sa mort une filmographique conséquente mais surtout de véritables chefs d'oeuvres d'une violence rare et d'un pessimisme profond pour le genre humain. Créateur du ralenti dans les films, visible sur la Horde sauvage. Il est aussi le réalisateur de Chiens de paille, sorte de survival avant l'heure, film noir et choquant, l'histoire d'un homme et sa femme se faisant agresser alors qu'ils sont chez eux par les habitants du village. 

Notons que le cinéma de Peckinpah est un cinéma de la violence, cherchant à trouver les motivations de celle-ci, poussant les héros de ses films à la confronter malgré eux. 

Il brisera les codes du cinéma dit " western spaghetti" avec la horde sauvage, tentant de mettre fin à cette image de duel dans la rue, de méchant au coeur pur et de belles demoiselles à sauver. Dans la Horde sauvage, les méchants sont des fumiers jusqu'au bout, les femmes sont des prostitués et même le "gentil" n'est au final qu'un fumier de plus. 

Synopsis : 

Sud du Texas, alors que Pike Bishop et ses homme s'apprêtent à attaquer, déguisés en soldat de l'armée, une bureau d'une compagnie de chemin de fer, Duke Thornton et quelques chasseurs de primes les attendent, cachés, prêt à les tuer pour obtenir la prime sur ces hommes. 

L'histoire se veut être bien plus qu'une simple embuscade lors d'un braquage, il sera aussi question de bataille pour un pays, d'affrontements entre deux hommes, de rivalités mais aussi de pardon et salut pour son âme.

La Horde sauvage est de ces films fascinant autant par la réalisation que par un scénario beaucoup plus profond qu'on ne le croit.


Une prouesse dans la mise en scène :

Avant de se lancer dans une bribe d'analyse du film, intéressons nous à son enrobage, la mise en scène. Clarifions un point de suite, le film n'a pas prit une seule ride, toujours aussi beau visuellement et toujours aussi bien réalisé. Cela peut se voir sur certains films, les plans font un peu vieux, la mise en scène est molle et la photographie est datée. Ce n'est pas le cas ici, chaque décor est sublime, chaque plan garde son impact d'origine. De plus Peckinpah filme le tout avec talent et virtuosité, on vit le film. 

Mais la Horde sauvage n'est pas qu'une photo toujours aussi belle et incroyablement bien restauré par la magie du DVD mais c'est aussi des procédés cinématographiques apparaissant par le biais de ce film. Souvenez vous, je vous parlais lors de la chronique sur l'étrangleur de Boston du procédé split screen utilisé pour ce film et pour la première fois, la Horde sauvage ou plutôt Peckinpah est celui qui fit apparaitre au cinéma, le ralenti. Ce fameux ralenti que l'on verra dans des milliers de films par la suite, servant à insister sur la mort d'un personnage ou bien pour accentuer un moment dans un métrage, Peckinpah en est le créateur. Et non John Woo qui malgré tout l'amour que je peux avoir pour ces films notamment the Killer, l'utilise d'une manière complétement différente.

Procédé véritablement génial, Peckinpah s'en sert pour marquer chaque mort, permettant une mise en avant de la violence, montrer son absurdité. 

Continuons sur la violence, le film se démarque par une approche plus dur, "réaliste" même. Ici, chaque combat, chaque échanges de coup de feu se traduira par des morts, et donc du sang. Cela peut paraître bête de présenter cela comme ça mais le sang est omniprésent dans le film de Peckinpah, s'accentuant encore plus avec les ralentis du réalisateur. 

Pourquoi parler de sang alors que cela semble logique d'en voir à l'heure actuelle ? Tout simplement parce l'abondance d'hémoglobine dans le film choque à l'époque, et marque encore une fois la volonté de la part du film de rompre l'image que l'on a des Westerns habituels.  Mais je reviendrai là dessus un peu plus tard. 

Le déroulement du film est quant à lui trés bien fait, quelques flashbacks pour comprendre quels liens unissent certains personnages et les dialogues font le reste. Toujours dynamique, le film se permet toute fois quelques moments de pauses, permettant de poser des personnages ou d'en creuser d'autres. Mais ce que tout le monde retiendra dans le film ce sont ses fusillades. Violentes mais superbement organisées et hautement symboliques à certains moments. 

 

Une réponse au Western Spaghetti :

C'est dans le but de briser le mythe que Peckinpah tournera le film, cherchant à mettre fin à l'imagerie fantasmée que l'on voit dans la plupart des Westerns. Le monde est cruel, dur et violent, il n'est pas remplit de justicier blanc, de fantômes revenus d'entre les morts pour accomplir une vengeance sur des bandits ou alors la quête d'un homme pour venger la mort de son frêre par des fumiers. Que l'on me comprenne bien, j'aime le cinéma de Leone et je ne le réduis pas, il est certain que ses films traitent de l'histoire en marche, d'hommes brisés et de rédemption mais il serait faux de de refuser de voir l'aspect "cliché" de tous ces films. 

Si l'on prend Leone, ses films fonctionnent par codes, chaque code étant réutilisé dans d'autres de ses films. 

C'est ce que Peckinpah tente de casser. Je m'explique. 

Prenons la violence, dans le western spaghetti, la violence est présente mais toujours plus ou moins camouflé, un coup de feu et la personne s'éffondre. La mort dans ces films n'étant pas dérangeante dans le sens où elle servait soit pour tuer les méchants ( je caricature à dessein ) ou alors pour mettre une situation en place, la mort du frère ou bien de quelqu'un de proche au héros. Dans la Horde sauvage, cela ne fonctionne pas comme ça. Chaque mort est appuyé par l'apparition de sang, insistant sur la fatalité, elle même accentuée par le ralenti du réalisateur. Le sang est là pour nous rappeller que le tout n'est pas un jeu. On ne fantasme pas la mort d'un individu, on montre la cruauté d'une mise à mort. 

Le tout est amplifié par le choix des protagonistes principaux, la bande de voleur. Tous plus salauds l'un que l'autre, tous prêt à tuer quiconque se met en travers de leurs chemins. Ce qui encore une fois brise ce que l'on voit en temps normal, ici pas d'identification au héros, pas de nobles quêtes pour sauver quelqu'un, juste des hommes cherchant à se faire de l'argent, quite à tuer pour cela. LA première scène du film retranscrit parfaitement mon propos, la sortie du casse se fait dans un énorme bain de sang, chaque passant prend une balle, femmes, enfants, personne n'y échappe.

Mais restons sur les personnages, eux mêmes véritables anti-thèses du Western Spaghetti, fumiers en puissance. Oubliez les Eastwood, Cleef, Bronson et laissez place à William Holden, Ernest Borgnine et Robert Ryan. Chacun étant une représentation de l'homme prêt à se faire de l'argent sur la mort des autres, sans codes ou morale pour les en empêcher.

 

L'image au dessus est représentative de l'état d'esprit de Peckinpah, cette arme étant celle du personnage principal, pourtant il ne s'en servira jamais, prenant toujours une autre arme ( dont je ne connais pas le nom..mais qui ressemble à un pistolet actuel ). Peckinpah semblant vouloir nous dire que cette période est révolué, qu'elle n'a jamais existé, l'image du Colt rangé, comme si l'arme n'avait pas sa place dans le monde actuel. 

Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur la scène de fin, véritable explosion de violence, carnage humain complet. La scène étant elle aussi d'un grand symbolisme, l'homme prêt à tuer, abandonnant tout espoir de salut mais aussi l'homme se battant pour une cause juste avant de mourir, sorte de sursaut de conscience après une vie parsemé de morts. 

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le contexte du film, en pleine explosion industrielle, pointant encore plus du doigt la fin d'un époque, la mise à mort du Western. 

 

Conclusion :

Véritable bijou du cinéma, oeuvre d'une grande tristesse au final, peignant l'homme dans ce qu'il a de plus sombre et de plus violent. D'une mise en scène géniale et d'un propos fort, la Horde sauvage est un film à voir. Et à revoir encore.