Petit retour sur un jeu marquant de cette génération. Véritable Ovni vidéoludique, Deadly Premonition à réussi au fil du temps à se faire une "réputation". Oeuvre culte pour certains, oeuvre véritablement moisi pour d'autres, impossible de rester indifférent devant ce jeu. Sorti depuis le mois d'octobre en France, Deadly Premonition est un jeu Access Games édité par Marvelous Interactive. Le cerveau derrière le tout se nommant Swery, c'est à lui que l'on doit l'univers . Notons que le jeu n'est disponible en France que dans sa version 360, la version ps3 n'étant pas arrivé jusqu'à chez nous pauvres petits mangeurs de cuisses de grenouilles.

L'heure étant à l'évocation d'une suite,d'un prequel ou même d'un remake, revenons sur cette oeuvre indubitablement différente de ce qui se fait à l'heure actuelle.

C'est au contrôle de l'agent Francis York Morgan que vous entrerez dans l'univers de Deadly Premonition. Alors qu'un meurtre mystérieux vient d'être perpetué dans la petite bourgade de Greenvale, l'agent York y est convoqué pour enquêter sur l'affaire. Celle ci semblant avoir des connexions avec une ancienne affaire de l'agent. C'est dans une ville isoléé où chaque individu cache un secret que l'agent Morgan devra faire son enquête et ainsi tenter de découvrir la vérité. 

On va vite passer sur les "défauts" du jeu pour se concentrer sur l'essentiel. Oui  c'est moche. Voila c'est dit. Ne bénéficiant pas de moyen énorme, Swery et son équipe ont dus faire de leur mieux pour créer tout l'univers du jeu. On baigne dans un aliasing constant, une distance d'affichage assez pauvre et des contrôles hasardeux. Voila, c'est tout. Ah et le tout  est buggé aussi. Il faut éviter de revenir sur certains chapitres avant d'en faire certains au risque de se bloquer définitivement pour la suite et donc devoir tout recommencer. Les contrôles en voiture sont ignobles, ceux du héros sont tout juste passables et vous renvois à l'époque de Resident Evil premier du nom ( rien que ça ! ). 

Beaucoup de défauts donc mais une fois le tout bien assimilé, Deadly Premonition change de visage pour devenir une oeuvre d'une grande compléxité mais aussi d'une grande richesse avec une pointe d'avant gardisme.

Je ne vais pas aborder les séquences "alernatives" ou les "cauchemars", celles ci n'étant présente selon l'aveu de Swery que pour plaire à un public voulant de l'action. Swery voulant de base faire son jeu sans ces séquences. 

Deadly Premonition brise les codes. Il brise ce que le joueur à l'habitude de voir, ce qu'on lui propose en tant normal. On est dans l'ère de l'assistanat. Ne le nions pas. On nous habitue dans les jeux à tout voir, que tout soit indiqué sur une petite map pour ainsi éviter que l'on se prenne la tête. Ce qui peut se comprendre, à l'heure où certains veulent jouer peu sans se priver de bons jeux. Deadly Premonition n'est pas de ceux là. Ici, peu d'indications pour faire des quêtes, à vous de chercher ce que l'on vous demande, à vous d'enquêter pour avancer. Il est facile de faire l'aventure en ligne droite et ainsi ne pas se perdre à un seul moment mais ce serait passer à côté du jeu à mon sens. 

Deadly Premonition tentant ainsi d'immerger complétement le joueur dans son univers. Le forçant à vivre sa vie au sein du jeu, à assimiler les règles de celui-ci, renvoyant ainsi à son influence majeur, Twin Peaks. Alors que la série abordait la tranche de vie de chacun à travers l'univers du Soap et donc de tous ses codes, Deadly Premonition fait de même en rendant cette fois le joueur acteur de l'univers. On plonge ainsi dans l'univers de Greenvale pour y faire des rencontres, apprendre à connaitre tel individu, connaitre son secret etc... 

Acteur, le joueur l'est de diverses manières. Tout d'abord en prenant le contrôle de Morgan pour le faire avancer dans son enquête mais aussi en étant solicité par celui ci en parlant à Zack. Qui est Zack ? Une sorte d'ami imaginaire à qui Morgan parlera tout au long du jeu. Celui-ci renvoyant évidemment au joueur lui même. Zack est la représentation du joueur dans le jeu. Présent sans l'être vraiment. 

Mais le jeu ne s'arrête pas là. Deadly Premonition ayant l'idée de continuer ce que Shenmue avait commencé, la simulation d'ouverture de tiroir ? Non la gestion de la vie au sein d'une ville. Oui on peut voir tout cela en jouant à des jeux open world etc mais là où Deadly Premonition sort son épingle du jeu, c'est la gestion du temps qui passe. L'agent York étant victime du temps qui passe, barbe qui pousse, devenant sale au bout d'un moment, faim le tiraillant ou encore présence de fatigue.

Et c'est par toutes ces idées que Deadly Premonition tente de s'émanciper de son support, de briser la barrière du média. En prenant le parti de ne pas afficher comment résoudre une quête annexe, en faisant une mini map chiante à lire vous forçant ainsi à apprendre à connaitre la ville et ainsi à vous familiariser avec elle, Swery cherche à émanciper le jeu de son aspect "jeu" justement.

Ainsi là ou un Heavy Rain tente de le faire en se rapprochant du cinéma pour ainsi rendre le joueur acteur du film/scénario, Deadly Premonition le fait sans cela. N'avez vous jamais eu envie de faire un jeu réussissant à vous faire oublier que vous êtes derrière un écran ? Comme si vous viviez l'histoire sans avoir un gros HUD ou pleins d'éléments jaunes vous montrant ce que vous devez faire ?

 

 La musique du jeu est à ranger à côté de celle de Twin Peaks. Prenant à contre-pied ce que l'on peut s'attendre à entendre dans ce genre de jeu/série. Lorgant vers le jazz mais aussi vers un soap bien baveux, Deadly Premonition s'amuse encore une fois avec les codes du genre. Refusant ainsi l'affiliation à de l'enquête ou encore au survival horror de base. 

Il m'est impossible de ne pas parler des personnages du jeu. Véritable point fort de l'oeuvre, à commencer par ce héros complétement fou et donc complétement culte. Chaque personnage possédant une histoire, un passé qui pousse le joueur à s'y intéresser et ainsi à tenter de le connaitre. On s'attache à ces individus, on apprend à les connaitre et on se prend à se demander au cours du jeu ce qu'il peut bien faire, où le trouver etc.. On vit avec les personnages qui vous entoure. 

Je ne peux révéler l'intrigue, ne voulant pas priver ceux qui auraient envie de faire Deadly Premonition. Le but étant avant tout de démontrer en quoi Deadly Premonition n'est pas une bouse infâme et ainsi tenter de montrer que chaque mécanique de gameplay n'est pas un défaut mais à mes yeux une volonté de la part de Swery de porter le jeu vers quelque chose de différent.

Au final, jouez à Deadly Premonition, vivez Deadly Premonition, apprenez à aimer l'univers et ses individus si complexes mais attachants. Une véritable expérience à vivre.