Un petit Lovecraft pour finir le week-end ? 

Rares sont les films à avoir bien retranscris l'univers de H.P Lovecraft, souvent trop brouillon, privilégiant l'aspect purement horrifique ou alors bénéficiant d'un scénario ne respectant pas l'univers de l'auteur. Un des plus réussis restant "Dagon" de Stuart Gordon, l'univers là mais le film est plombé par un choix d'acteurs incompréhensible, des héros aussi charismatique qu'un barreau de chaise et un jeu d'acteur simplement ignoble, cassant toute l'ambiance du film. On se souviendra aussi de Call of cthulhu de 2008, film n'ayant de lien avec Lovecraft que par son nom et quelques références au sein du film. Pas de rythme, acteur moyen et réalisation anonyme rendent le film plus que dispensable. On se consolera avec l'adaptation "libre" de Carpenter et son "In the mouth of madness", véritable hommage à l'univers de Lovecraft.

La Herencia Valdemar est il LE nouveau film de référence sur l'univers de Lovecraft  ? Et bah....lisez la suite.

La Herencia Valdemar est donc un film réalisé par José Luis Alemàn, qui, n'a pas réalisé grand chose avant ça. Quelques épisodes de séries télés et...c'est à peu prés tout. 

Luisa Llorente, experte en biens immobiliers, disparait mystérieusement aprés avoir été engagée pour expertiser une mystérieuse maison, la Lazare Valdemar. Quelques jours plus tard, son patron engage Nicolas Tramel, détéctive privé pour partir à sa recherche. Nicolas durant sont enquête devra faire face au passé de la maison pour comprendre ce qu'il est advenu à Luisa.

Petite précision avant de continuer cette critique, ce film est scindé en deux parties. Le Herencia Valdemar est la première partie, le second opus se nommant La sombra prohibida. Je ferais une chronique du deuxième opus plus tard.

Le concept de film en deux parties et un bon point pour l'univers de Lovecraft, cela permet une bonne mise en place de l'univers ainsi que des personnages principaux. Les lecteurs de Lovecraft le savent, son univers n'est pas propice au 'jump-scare" mais plutôt à la mise en place d'une ambiance dérangeante et malsaine. Les oeuvres de Lovecraft jouant avant tout sur la dégradation de l'esprit humain et de sa lente descente dans la folie.

 

Commençons par les points positifs. D'un point de vue purement technique, le film est bien réalisé, l'image est propre et la photo est vraiment bonne. On sent que le film dispose d'un budget assez confortable. Cela se sent sur la richesse des décors. L'Espagne durant la période se déroulant dans le passé est trés bien retranscrite. Les acteurs se démmerdent bien sans être exceptionnels pour autant. 

De ce gros budget découle un certain anonymat dans la réalisation, tout est bien cadré, trop bien cadré même. On ne resent pas d'âme dans la mise en scène. Vous me direz, cela permet de se concentrer sur le film et cela un evite un réalisateur trop ambitieux voulant foutre des plans genre "je suis un jeune réal' alors je vais faire des trucs trop ambitieux et pas lisible du tout ! " 

La bande son est quant à elle trés classique, peut être même un peu trop. On ne retiendra aucune musique du film. Elles sont là pour servir un moment mais ne se prête pas à une écoute hors-film.

 

Le film nous conte donc par le biais de Nicolas, la légende du couple ayant vécu dans cette maison. Après avoir été accusé de "tromperie" alors qu'il pratiquait des séances de spiritisme Lazaro Valdemar se verra emprisonné et ainsi séparé de sa femme Leonor. Il fera la rencontre durant son séjour en prison du sieur Aleister Crowley, personnage cherchant à faire disculper Lazaro par tous les moyens. Pourquoi ? Vous le découvrirez en regardant le film...

Le long métrage se laisse suivre sans déplaisir, on s'attache au couple Lazaro/Leonor tout en suivant avec intérêt la présence d'Aleister. Le film basculera souvent de genre, le début s'affilie aux films de fatômes et de maisons hantés alors que la suite se transforme en drame avec en toile de fond l'univers de Cthulhu et sa magie noire.

On arrive à ce qui est un défaut et une qualité, le rythme. De par le choix de film à "suite", le réalisateur se permet une mise en place des personnages et de enjeux plus étendus. Ainsi Alesiter apparait assez tardivement et l'on est tenté de se demander à un moment si l'on ne regarde pas un simple drame. Pourtant ce choix permet de ne pas trop presser l'intrigue, de laissez l'univers vous emporter graduellement. Pourtant il aurait peut être été plus judicieux de raccourcir le format du film et préférer ainsi un métrage plus court, tout en gardant le format en deux parties.

Au final, cette première partie donne clairement envie de voir la suite. Le film reste assez intriguant pour donner envie de continuer. Il sera plus judicieux ( pourtant ce n'est pas ce que je fais...hum ) de juger l'oeuvre sur ses deux parties. Permettant ainsi une vue d'ensemble et constater l'emboitement des deux parties. 

Plongez tout de même dans l'univers ne serait-ce que pour une petite dose de Lovecraft en long métrage. Pour le coup cela est fait de manière respectueuse et cela se ressent.

Je me permets de faire une digression pour aborder l'univers de monsieur Lovecraft. Il est pour moi un des rares auteurs se pretant plus facilement à l'univers du jeu plutôt quà celui de film. Son univers reposant avant tout sur l'esprit humain, aspect difficilement transposable en film. Le média du jeu permet l'implication direct du joueur, il suffit de voir Amnesia ou encore le trop sous-estimé Dark corner of the Earth qui réussisse par leurs effets et ambiance à retranscrire la folie grandissante du héros. Darkness Within, autre jeu, permettait aussi cela par le biais du point and click. Une différence importante étant aussi la capacité à mettre en place l'univers, chose plus facilement faisable par le jeu vidéo. Les concepteurs ayant tout leurs temps pour y arriver.