Abordons ces vacances avec un film choc ! Un de ceux qui vous retournent l'estomac pendant son visionnage...

Trop peu souvent mit en avant, le cinéma Coréen est à l'image du film que je vais vous présenter: drôle, émouvant, fort, violent et sans concession. Il est sur que la Corée doit être capable de produire des grosses daubes mais heureusement pour moi, je ne les ai pas vus.

Pour ceux que le cinéma Coréen intéresse mais qui ne savent pas trop quoi regarder, je ne saurai que trop vous conseiller de vous jeter sur la filmographie de l'excellent réalisateur Park Chan-Wook à qui l'on doit Old Boy, Sympathy for Mr. vengeance ou encore récemment Thirst. Jetez vous aussi sur la filmographie de l'acteur Song Kang-ho, un des meilleurs acteurs de cette génération. Il vous suffit de le voir dans Memories of murder ou encore The Host pour vous rendre compte du génie qui anime cet acteur. 

 

Alors que Su Yeon, agent des services secret de son pays, est en mission, il reçoit un coup de fil de sa femme Ju Yeon bloquée en voiture au beau milieu de nulle part à cause de la neige. Dans l'impossibilité de l'aider, il lui demande juste d'attendre une voiture devant venir la chercher. Ce n'est qu'après avoir raccroché qu'un homme tape à la vitre de la voiture pour proposer son aide...

 Suite à la mort de sa femme, tué par ce mystérieux individu prétendant vouloir l'aider, notre héros n'aura de cesse que de retrouver cet homme et le faire payer, voulant rendre au centuple la souffrance que sa femme a endurée.

 

Nous assisterons dès lors à une longe descente aux enfers où le monstre n'est pas forcément celui que l'on croit. 

I saw the devil est un film d'une rare violence, il ne faut pas oublier que lors de sa sortie en salle en Corée, il a été interdit au moins de 18 ans. Mais est-ce une violence gratuite ? Est-ce une violence similaire à ce que l'on peut voir dans un minable Saw ou un pitoyable Hostel ? Alors que dans un Saw la violence n'est présente que pour justifier une pauvre réflexion de comptoir ( et encore... ), la violence d'I saw the devil se justifie du début jusqu'à la fin, portant en elle la chute mentale du héros.

 

Abordons tout d'abord nos deux personnages principaux. Su Yeon est donc agent secret, il incarne la droiture, il obéit aux lois et les fait respecter. L'image du bien en somme. L'homme qu'il recherche se nomme Jang et représente son opposé en tout point, n'obéissant qu'à ses pulsions et cédant la plupart du temps à la violence. Comme vous pouvez le constater l'un représentant l'opposé de l'autre. 

      La Première heure de film est assez basique, on suit notre héros tentant de faire le deuil de sa femme en pourchassant son meurtrier. Nous sommes dans un thriller assez classique, nous suivons l'enquête de la police et en même temps celle du héros. On observe déjà notre héros franchir la frontière avec la justice, en effet il n'hésitera pas à tabasser des hommes pour leur soutirer quelques informations. Il s'éloigne déjà de l'homme que l'on pouvait voir au début du film. 

Ce n'est que lors de la première confrontation entre Su Yeon et Lang que l'on peut remarquer une réelle cassure "psychologie" pour notre héros. Il n'est plus question de justice, d'honneur ou encore de loi, seule la vengeance est présente dans sa tête. Ce n'est qu'à ce moment là que notre héros va sombrer petit à petit dans cette folie de vengeance et de meurtre. 

Je ne détaillerais pas cette vengeance mais je vais plutôt m'attarder sur nos deux protagonistes et l'image qu'ils vont véhiculer durant le film. 

 

Penchons nous sur Lang. Qui est-il ? Que représente t-il ? 

Très vite associé au méchant de l'histoire, Lang est bien plus que cela. On cherchera pendant tout le film à comprendre ses motivations, le but de sa violence, en vain. Le film ne nous donnant à aucun moment les clés de compréhension pour ce personnages. Nous avons beau chercher une justification à cette violence, il n'y en a aucune. La plupart du temps dans ce genre de film, le méchant possède une histoire, quelque chose qui va nous permettre de comprendre ses meurtres, sa violence. Cela permet ainsi de créer un distance avec le tueur, nous ne sommes pas comme lui car nous n'avons pas subi ce qu'il a subi. Il est devenu un monstre suite à un drame familiale ou autre...

Ce n'est pas le cas dans notre film, Lang est un homme comme les autres. Il ne semble pas avoir de problèmes et vit une vie normale. La seule différence étant qu'il représente le mal qui est en chacun de nous. Il n'est que la représentation des ténèbres au sein de nous. Lang est ce qu'il y a de pire chez l'homme, il obéit à ses pulsions, tue sans aucun état d'âme. Ce qui le rend d'autant plus dérangeant car il n'est au final qu'un homme comme vous et moi. Le titre du film prend alors tout son sens. I SAW THE DEVIL, j'ai vu le diable, le diable étant alors cet homme, cette représentation du mal dans notre société. Ce qu'il y a de pire en chacun de nous.

C'est ce que l'on est tenté de croire pendant un bon moment du film, pourtant nous nous trompons...le diable n'est pas toujours le plus visible.

En effet, ce n'est que lors de la deuxième partie du film que l'on comprend au fur et à mesure qui est le diable. Su Yeon incarne parfaitement l'image de l'homme qui sombrera dans la folie au nom de sa vengeance. Il décidera plutôt que de tuer l'homme responsable du meurtre de sa femme, de le faire souffrir sans le tuer. Et cela autant de temps qu'il le veut. 

Il sera aux yeux de Lang, une sorte d'entité le suivant en permanence, prêt à le faire souffrir dés que qu'il le voudra. Un Mal présent mais invisible. 

La force ou l'intelligence du film sera de nous faire oublier le statut de meurtrier de Lang, il ne tuera plus personne pendant un moment, cassant ainsi la logique de vengeance pour le spectateur. Le spectateur ne sait plus trop qui il doit suivre ou dans quel camp se ranger. Le réalisateur va briser les codes du thriller pour amener son film vers une réflexion sur l'homme et jusqu'où est il prêt à aller. 

Il est intéressant de voir l'avancée psychologique de Su Yeon, agent secret respectant les ordres au début du film passant à l'état de machine à tuer, une bête assoiffée de sang. 

 

Su Yeon qui au début du film cherchera juste à tuer le meurtrier de sa femme, deviendra tout au long du film un monstre dépassant la cruauté de Lang, prêt à tout, il tuera toute personne s'interposant entre lui et sa vengeance. 

Mais au final Su Yeon ne sera qu'un homme ayant prit gout aux meurtres, aimant laisser sa part de ténèbre prendre le contrôle sur sa personne. C'est de là que le film tire toute sa force, il nous montre comment un homme normal peut sombrer dans une telle folie. Nous ne sommes pas à l'abri de nos propres démons. La dernière scène confirmant cela, Su Yeon préférera rendre la famille de Lang responsable de sa mort plutôt que de le tuer lui-même. Geste ultime pour nous montrer que le diable peut revêtir bien des formes...