THE WITNESS

Découverte | Test | Gameplay

 

Bienvenue sur un nouvel épisode d'Opium Découverte. Hier, il pleuvait, donc je me suis dit que j'allais m'essayer à un jeu particulier que j'avais vu passé il y a un petit mois, The Witness, un jeu qui va vous donner du fil à retordre et faire travailler votre ciboulot comme jamais.

The Witness est donc sorti ce 26 janvier 2016 sur PS4 et PC, il a été développé par Jonathan Blow et son studio Thekla inc., et si ce nom ne vous dit rien du tout, son précédent jeu vous parlera peut être plus, il s'agissait de Braid, sorti en 2008 qui avait beaucoup fait parler de lui, un des meilleurs jeu de l'année, un excellent succés critique et commercial pour son game design, son gameplay à base de maitrise du temps, ses puzzles ingénieux et son bon scénario.

 

Bref, fort de ce succés, Jonathan Blow décide d'utiliser les revenus de Braid pour se lancer dans un nouveau projet, c'est le jeu que je vous présente aujourd'hui, The Witness, qui aura demander quand même sept ans de développement.

Tutoriel pour nous apprendre à réfléchir

Commençons par le début, le jeu démarre sans introduction, nous sommes au fond d'un tunnel qui débouche sur une porte, et nous voilà plongé dans l'univers de The Witness. La première phase de jeu est une sorte de tutoriel, on se trouve dans le jardin d'un château en ruine et plusieurs écrans se présentent à nous. On se demande si le jeu ne prend pas un peu pour un con, puisque les premiers puzzles sur les écrans sont d'une simplicité déconcertante, il suffit de tracer un trait d'un point A à un point B, une fois réussi le premier puzzle, un câble électrique s'éclaire et en le suivant, on atteint un deuxième écran et ainsi de suite jusqu'à sortir de la cour du château et arriver sur le terrain de jeu sur lequel se passera l'ensemble de notre aventure. 

Pour proposer des jeux de logique et de puzzle à un public de jeu vidéo, il faut doser la difficulté, tout le monde n'a pas fait Math Sup ou Math Spé et ce qui semble logique pour des informaticiens, développeurs de jeu vidéo, et bien, ça va être beaucoup plus dur pour un joueur lambda. The Witness est donc un jeu loin d'être facile et va vous demander une énorme concentration et une logique qu'il vaut mieux avoir de base, car sinon vous n'irez pas loin dans le jeu, et le premier reflexe sera de quitter le jeu car il est vraiment trop dur, QI d'huitres s'abstenir, je pensais pas que les rage quit étaient possible sur un jeu de puzzles. 

Un level design vraiment excellent

Alors comment ça se caractérise dans The Witness. D'abord on joue le rôle d'un homme qui débarque sur une petite île, sans information, sans rien et on découvre, un endroit qui a l'air féérique, les graphismes et les décors sont certes très polygonales, mais l'endroit semble magique et remplit de poésie. L'île est en fait découpée en 11 zones et on se rend vite compte que le level design est un point fort du jeu, puisque on passe d'une zone à une autre sans s'en rendre compte, on passe d'une forêt, à un petit port, une petite crique, une plage, un petit desert, un petit village, un petit étang. On a l'impression que tout est petit mais les décors sont tellement bien pensé qu'en fait la carte est très grande, beaucoup plus qu'elle n'en a l'air. 

On aperçoit au loin une montagne, je ne vais pas spoiler le scénario, puisque je précise que je n'ai pas été bien loin dans l'aventure tellement les puzzles m'ont paru dur et insurmontable, mais de toute façon, une piste du scénario est déjà présente dans le trailer de lancement. En fait, quand on finit une zone, un rayon laser bleu est directement envoyé au sommet de la montagne, notre but ultime sera donc de faire converger 11 rayons lasers vers cette montagne, grâce à la résolution de plus de 650 puzzles, nous ne sommes pas obligés de tous les faire, mais Jonathan Blow annonce clairement plus de 80 heures de jeu pour le finir, et ça, c'est si vous avez Math Sup et Math Spé, sinon, vous ne le finirez jamais. Jonathan Blow annonce même que seulement 1% de la population ou des joueurs seraient capables de le finir, ce qui est pour moi l'argument commercial le plus pourri que j'ai jamais entendu. Je vais pas me faire chier pendant des heures sur un jeu si je sais pertinnement que mon cerveau sera incapable de finir le jeu. Connaîs toi toi même comme dirait l'autre philosophe, et bien,  80h de jeu alors que déjà au bout de 2h, j'ai du mal à avancer, c'est pas gagné cette histoire. 

Heureusement, la carte est sous nos yeux dans son entièreté, c'est open world, certes sur une petite carte, mais si je suis bloqué, je peux aller dans une autre zone et explorer d'autres environnements, c'est aussi un point fort, je suis bloqué, bah je me casse ailleurs. 

Un gameplay simple mais (pour) intelligent

Mais revenons un peu aux principes du jeu et à ces casse têtes. Au début on commence avec des écrans et il suffit de tracer un trait pour finir le puzzle. Parfois les écrans vont être reliés entre eux par des câbles qui s'illuminent quand j'ai fini un puzzle, et je passe au suivant, parfois, j'ai 5 écrans devant moi et je les résoud un par un. Le problème, c'est qu'il n'y a aucune information, aucune aide, aucune régle de préciser, c'est au joueur de chercher la régle et de l'appliquer et par exemple, si j'ai 5 écrans devant moi, la régle va évoluer d'un écran à l'autre, c'est au joueur de trouver la logique et la faire évoluer pour compléter les écrans suivants. 

Comme le dira Jonathan Blow, The Witness est un jeu intellectuellement difficile, non destiné à un public de masse, c'est une approche anti Nintendo, ne fournissant aucune instruction, au contraire des jeux Nintendo. Le développeur voulait que le jeu traite le joueur comme une personne intelligente. Sur ce dernier point, je suis assez d'accord, c'est très gratifiant, limite un soulagement quand on réussit un casse tête, en se disant, "whaa je suis pas si con que ça". bien sûr la joie retombe vite au puzzle qui suit en se disant, "ah bé non, je suis trop con en fait". 

Afin de corser les puzzles, parfois, il va s'agir de simple logique sur l'écran, mais par exemple, la première zone que j'ai faite qui ressemble à une petite crique avec des rochers, il faut prendre en compte notre environnement en arrière plan de l'écran, avec les rochers qui sont dans la mer. Juste après, il faut observer les arbres juste à coté d'un écran, dans le bon sens, dans la bonne logique pour pouvoir finir le casse tête. C'est très ingénieux, il ne faut pas seulement de la logique, mais aussi de l'observation. Je parlais de l'excellent level design juste avant, il y a des petits chemins un peu partout, dissimulés derrière des bosquets, des coins et des recoins que l'on ne voit même pas en passant la première fois, ça, c'est un très bon point, on ne se perd pas mais tous ces petits chemins que l'on ne voit pas augmente la taille de la carte, tellement, c'est bien réalisé.  

A un autre moment, on est sur le toit d'un genre d'entrepôt, une fissure nous permet de voir tout un ensemble d'écran, cables, puzzles, mais il va falloir quelques minutes d'exploration pour trouver l'entrée et tout est foutu comme ça, on joue à cache cache dans un environnement grandiose, moche graphiquement, mais grandiose, avec de belles couleurs pastelles, des ruines d'une civilisation, on ne sait pas trop, on croise des statues de pierre dans des postures qui veulent nous dire quelque chose, mais on ne comprend pas, il y a beaucoup de "on ne comprend pas" dans ce jeu, mais c'est sans doute ce qui le rend unique. 

The Witness nous fait clairement pensé à un jeu comme Myst, sorti dans les années 90, inspiré de pleins d'autres jeux de puzzle et de reflexion comme The Talos Principle, voire Portal. mais par exemple, dans des jeux de puzzle plateforme, mis à part les puzzle, il y a du gameplay, je pense par exemple à un jeu comme Teslagrad, il faut chercher les mécanismes, jouer avec les polarités de l'électricité, il y a des ennemis, des plateformes, il faut un peu de reflexes. Dans The Witness, le gameplay est très réduit, il faut résoudre les casse tête sur un écran et passer au suivant qui sera un peu plus dur etc... etc... et tout ça en vue à la 1ére personne. 

Un sentiment d'épiphanie ?

Jonathan Blow précisera qu'il voulait offrir un jeu avec le moins d'indices possibles, voire aucun indice du tout, pour que le joueur connaisse des moments d'epiphanie. Ouch, qu'est ce que c'est que ça, alors direction le dictionnaire wikipedia. En gros un sentiment d'épiphanie, c'est une apparition soudaine, la compréhension de quelque chose, une pièce d'un puzzle qui paraît insignifiante mais qui mis bout à bout nous illumine de façon fondamentale sur tout un ensemble, dans son intégralité. Je me coucherais moins bête ce soir, merci Jonathan Blow.

C'est exactement ce que propose The Witness, on résoud des puzzles dans tous les sens, on ne comprend pas grand chose, on est bloqué car on ne comprend pas ce que le puzzle attend de nous, une logique d'un puzzle devrait nous aider à faire le puzzle suivant, et tous ces puzzles qui activent des rayons lasers vers le sommet de la montagne serait sensés nous éclairer sur notre présence sur cette petite île, c'est très philosophique pour comprendre l'essence même du jeu. 

Un jeu indé à gros budget, qui a des conséquences sur le prix de vente

Bon voilà en gros ce qu'on peut dire sur The Witness, je pense que vous avez compris le principe du jeu. On peut préciser que le jeu devait au début être réalisé avec Unity, mais Jonathan Blow, pas satisfait, décida de concevoir son propre moteur de jeu, afin de le paramétrer exactement comme il le voulait. Le développement du jeu a pris quelques 7 années avec une petite équipe de 10 personnes environ, les visuels, le level design a nécessité énormément de travail. Au total, on estime le développement à plus de 6 millions de dollars, ce qui est énorme pour un jeu indépendant, il devait être prévu compatible avec des casque de réalité virtuelle, mais a priori il ne le sera pas, car les mouvements de la tête peuvent avoir des effets sur le gameplay, sur la résolution des puzzles qui ne permettent pas ces mouvements de tête, car il faut observer les arrières plans, les décors juste à coté, à nos pieds, au dessus de notre tête.

Bref, c'est un jeu indépendant, qui aura coûté un peu plus cher que les revenus engrangés par les ventes de Braid, et c'est pour ça que le jeu est proposé à un prix de... asseyez vous sur votre chaise... de 36,99 euros. Un prix de vente que je ne comprend absolument pas, mais qui peut s'expliquer, par les longues années de travail, par le moteur conçu en interne, mais c'est quand même pas aux joueurs de payer les pots cassés de ces frais exorbitants de développement. Un film comme Pirates des Caraïbes, celui qui a couté plus de 300 millions de dollars, la place de cinéma n'est pas passée de 8 euros à 36 euros. "Ouais mais vous comprenez, le salaire de Johnny Depp était trop élevé, donc on a dû augmenter le prix de la place de cinéma", bah non, alors pourquoi c'est le cas dans l'industrie vidéoludique. Les prix de vente des jeux vidéo deviennent une donnée complétement incompréhensible pour le public. 

Bref, je m'égare du sujet, mais c'est pour dire, que 37 euros pour un jeu aussi dur, même si on est proche d'une oeuvre d'art, faut bien le reconnaître, le jeu a un coté unique et original, c'est trop cher payé pour un jeu que je suis même pas sûr de dépasser les 5h de jeu tellement c'est dur. 

 

Petit cerveau et petite config s'abstenir

En plus de son prix, le jeu vous demandera une bonne configuration, 6Go de ram minimum, sans doute que le moteur de jeu conçu en interne n'a pas trop été optimisé, certes on a tout sur une seule carte, mais les graphismes pastels polygones n'expliquent pas pourquoi il faut avoir une grosse config.

Après avoir vendu 100.000 exemplaires la première semaine d'exploitation, ce qui est vraiment pas mal, il est à la limite du seuil de rentabilité en une seule semaine, Jonathan Blow de préciser que The Witness a été un des jeux les plus téléchargés illégalement ces derniers temps. Suffisait de proposer une version démo sur Steam, ça aurait déjà fait baisser le chiffre de ces maudits pirates informatiques. 

Bref, j'espère vous avoir donner quelques pistes pour savoir si le jeu The Witness pourrait vous plaire ou pas, c'est pas un produit pour la masse, c'est de l'anti Nintendo, c'est cher et c'est dur, mais c'est joli et original, il y a une ambiance particulière, emmené par une bande sonore quasi inexistante, renforçant ce sentiment de solitude ultime, dans un monde que l'on a du mal à comprendre et cerner. Felicitations à ceux qui réussiront à finir le jeu, vous pouvez postuler pour la NASA maintenant. 

Merci d'avoir suivi cet Opium Découverte, j'espère qu'il vous aura plu. Vous pouvez vous rendre sur ma chaîne Youtube si vous souhaitez voir la vidéo découverte de The Witness, le texte c'est bien, mais des images et ma belle et magnifique voix, c'est encore mieux et n'hésitez pas à vous abonner à ma chaîne pour ne rater aucune de mes vidéos.

A bientôt !