Il semblerait que la presse vidéoludique ne soit guère perçue avec
bienveillance quand celle-ci ne sert pas les intérêts de l'industrie
comme dernier maillon de la chaîne mercatique des éditeurs. Ne servant
généralement qu'à relayer des « informations » (les fameuses « news »)
pour le public, celle-ci a plus fort à faire dès qu'elle glisse sur la
pente de la critique, voire de l'engagement.

Warpzone est une émission vidéo présentée par le site jeuxvideo.fr. Le principe de l'émission est de faire le bilan de la semaine écoulée
en brisant le discours consensuel et exclusivement positif du jeu vidéo
généralement en vogue sur les sites spécialisés. Le registre est celui
de l'humour (potache par exemple), un moyen simple pour faire passer
l'une ou l'autre vérité plus difficile à entendre. Nous pouvons tenter
un parallèle avec le rôle du bouffon, le seul personnage dont il est
permis à la Cour de se moquer du souverain sans peine de sentence.

Quelques fois, hélas, allant trop loin dans l'insolence, quelques
bouffons connurent des destins malheureux à cause d'une vexation.
L'équipe de l'émission Warpzone, peur d'être châtiée, décida quelques
heures après la mise en ligne de l'émission 49, de la retirer. Il faut
alors attendre la Warpzone 50 pour avoir quelques explications en tout début d'émission sur la
disparition de l'émission précédente. Le présentateur, Virgile Rasera,
explique à demi-mot que c'est par crainte d'une action en justice de
l'éditeur visé (Electronic Arts et sa nouvelle politique tarifaire sur
la possibilité de joueur en ligne avec un jeu d'occasion) que l'équipe
en charge de l'émission a pris la décision de ne pas « tendre le bâton pour se faire battre ».

La Warpzone 49 est néanmoins disponible à cette adresse. Vous pourrez, ainsi, constater par vous-même les limites très
restreintes de liberté de pensée et surtout d'expression appliquées à la presse dite spécialisée du jeu vidéo. En effet, rien ne semblait
prédestiner cette émission, plutôt qu'une autre, à l'autocensure.

 

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