Nous le savons désormais, autant le film de James Cameron, Avatar, a été un
joli succès au cinéma pour un film se voulant « révolutionnaire »,
autant l'engouement autour du film de la part du public ne s'est pas
retrouvé sur son produit dérivé, c'est à dire son adaptation en jeu
vidéo. Adapté par Ubisoft, son directeur général, Yves Guillemot, s'explique sur cette curieuse contre-performance :

« On savait qu'on prenait [un risque]. Le fait que le film sorte
en décembre était un problème potentiel, et ça s'est soldé par un
problème. On pensait que le jeu continuerait de se vendre après la
nouvelle année, mais au lieu de ça, il a suivi une courbe de ventes
descendante, plus typique
».

Le problème du mois de décembre fait référence au problème latent
des adaptations, c'est-à-dire le délai. En clair, les jeux adaptés
doivent à tout prix sortir en même temps que la sortie du film (souvent
un peu avant) pour pouvoir bénéficier de ventes optimums. Le revers de
ce type de développement est que les jeux sont rarement terminés et
finalisés comme ils devraient l'être, pressés par une date de sortie
qu'il ne faut en aucun cas manquer, participant d'ailleurs généralement
admise que les adaptations en jeux de films sont moins bons que la
moyenne.

Ce qui est amusant dans ce genre d'affaire, c'est de relever la
contradiction entre le discours promotionnel et la réalité avouée (une
fois le jeu sur le marché bien entendu). Il suffit de regarder le premier developper's diary (journal de développeur) pour s'en rendre compte. On nous promet une
relation jamais aussi étroite entre un développeur de jeu vidéo et
l'équipe du film. Des mots comme « epic creative partners », « unprecedented collaboration » s'affichent sur notre écran, entrecoupés de courts extraits du jeu.
Le tout, sur fond de promesses : les développeurs ont accès à tout pour
développer leur jeu, l'expérience que nous allons vivre sera incroyable
(ce n'est pas vraiment un jeu, mais une expérience pouvons-nous
entendre). Et même, le réalisateur James Cameron, en guise de caution,
vient nous expliquer cette collaboration forcément unique.

Ce qui est moins amusant dans ce genre d'affaire, c'est de se dire
que tous les secteurs du développement et toutes les informations sont
exclusivement émises dans le seul et unique but de vanter les qualités
d'un titre et dans notre cas particulier, dans le mensonge (y compris
quand on donne la parole aux développeurs). Comme toutes les
adaptations, les développeurs n'ont pas eu accès à aucun élément du
scénario ou de l'intrigue, par peur de fuites, alors que l'on nous fait
croire à une collaboration sans précédent. Le discours marketing en est
venu à occulter totalement l'information au sujet d'un jeu. Et aux sites « d'information » spécialisés, de relayer sans une once de regard
critique, cette pollution.

 

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