Alors que Sega a fermé définitivement la porte à son retour sur le marché des consoles de salon, c’est à l’occasion de la célébration de son soixantième anniversaire que la société a dévoilé sa plus grosse évolution stratégique de ces vingt dernières années. Moribond, sa branche arcade devrait profiter de la croissance exponentielle du cloud gaming pour en améliorer sa profitabilité.

Vous avez dit cloud gaming ? C’est presque ça ! Fidèle à sa culture d’entreprise reposant sur l’appropriation (précipitée ?) des nouvelles tendances industrielles dites de rupture technologique, le groupe japonais lance son offensive dans le jeu d’arcade jouable à distance depuis les plates-formes iOS/Android. Les promesses du cloud gaming tardent à se concrétiser pour Sega, si bien qu’elle s’oriente vers une variante, le Fog gaming.

La qualité de connexion Internet des joueurs de jeux en nuage est une problématique à géométrie variable. En effet, la versatilité du ping neutralise le bénéfice de l’expérience ludique distanciée. A cela, s’ajoute le coût financier des infrastructures réseaux (maintenance, consommation électrique, main-d’œuvre…) difficile à supporter pour une société aux reins fragiles.

L’audit interne associé à l’expertise qui en est faite de cette technologie conduisent tout naturellement Sega à réorienter les bornes d’arcade vers des centres de données et non l’inverse. Cela nécessite tout de même de restructurer ses salles d’exploitation (installation de serveurs cloud) ainsi que de reconfigurer ses cartes d’arcade. Mais déjà équipées de capacité réseau, Sega aura juste besoin d’assurer à moindre frais leur continuité technique. Si il est impératif de mettre à niveau l’existant, le groupe japonais envisage de créer des cartes d’arcade nouvelle génération dédiées au Fog gaming.

Fort de son réseau composé de deux cents salles quadrillant l’ensemble du Japon, le déploiement massif de son réseau dédié habilite Sega à connecter le joueur au réseau le plus proche de sa position géographique. Lorsque le nuage (Cloud) tombe du ciel pour se rapprocher de l’utilisateur, il devient brouillard (Fog).  Mais le jeu vidéo n’est qu’une parcelle de sa vaste palette de services que le géant des loisirs compte commercialiser auprès de sociétés intéressées par sa technologie fog (machine virtuelle, fermes pour studio de vidéo production…). Ces nouvelles passerelles ainsi dressées aideront à prolonger la durée de vie ou en assurer la conversion au B2B de ses cartes d’arcade Fog.

Les barrières technologiques ainsi levées enrailleront la lente agonie d’un secteur frappée par des fermetures en série (de 14 000 salles en 2000, il ne restait plus que la moitié opérationnelle en 2010). L’appétence nouvelle de Sega pourrait ainsi propulser la société comme un des acteurs phare de la scène cloud.