Sur fond de déboire technologique incarné par Stadia, Microsoft serait-il en train de se ranger à la position conservatrice de Nintendo ? La récente sortie du directeur général de Project xCloud dans les colonnes de GameInformer, semble le confirmer… 

Pour son édition datée de janvier 2020, le mensuel référence nord-américain a convoqué les différents décideurs de chaque section catégorielle composant la puissante branche jeu vidéo du groupe informatique. Deux grands chantiers attendent la société. Le lancement de la prochaine Xbox de la gamme X, en plus de son service de cloud gaming, appelé sobrement xCloud.

S’appuyant sur la solidité des infrastructures réseaux d’Azure et des multiples partenariats signés avec des géants locaux, la plateforme xCloud se singularise des consoles de salon par son enjeu stratégique déterminant pour l’avenir de l’industrie. Dans un monde post-console promis à la dématérialisation, Microsoft ambitionne de devenir l’une des principales porte d’entrée des joueurs au monde vidéoludique de demain. Cet objectif audacieux se réalisera par palier. De nos jours, la réduction de la latence reste en effet une problématique presque insoluble. Si bien que le vocable officiel glisse désormais moins sur son élimination que sa gestion parasitaire.

« Ce que nous avons constaté, explique Kareem Choudhry, vice président du projet xCloud, la cohérence de la latence est en réalité beaucoup plus importante que l’absence de latence ». La maîtrise du temps de réponse à l’action du joueur manette en mains, reposerait ainsi sur le niveau d’acceptation de celui-ci, sur son temps d’adaptation à cette contrainte technique résiduelle. « Les joueurs ont en quelque sorte ajusté le timing, ils sont capables de jouer à un jeu comme Killer Instinct » , dont l’exigence en matière d’enchaînement de combos n’est pas à prouver.

Mais c’est bien plus loin dans l’interview que le dirigeant consent à alerter sur la variabilité de la qualité d’expérience promise au joueur. Dans l’écosystème Xbox, « je vous le dit carrément, le meilleur endroit pour jouer est sur console de salon » , souffle K. Choudhry. En l’état actuel, le jeu en nuage apparaît davantage aux yeux de ce dernier comme « une technologie de commodité ».

Une position étonnante de la part de l’un des principaux artisans du cloud gaming. Plus tôt dans l’année, le vénérable vétéran de l’industrie Shigeru Miyamoto déclarait, à l’occasion de la présentation des résultats financiers de Nintendo à un parterre d’actionnaires, « qu’il existera toujours des jeux amusants à jouer localement et pas dans le cloud ».

Dont acte.