Le genre du jeu de plate-forme est décidément immortel. Accomodé à toutes les sauces, remis incessamment au goût du jour, il prend les formes les plus variées, s'accomode même de la 3D à laquelle il n'était a priori pas destiné. Et puis, surtout, il sait à l'occasion revenir à ses fondamentaux, remettre en scène ses plus grands classiques. Castle of Illusion, la merveille sortie sur Megadrive au début des années 1990, a ainsi bénéficié d'un remake de très haute volée, disponible depuis peu sur X360 et PC. Et puis il y a Duck Tales, autre monument du genre sorti sur l'antédiluvienne NES en 1989 : Capcom en revisite aujourd'hui les fondamentaux via une version Remastered pas piquée des hannetons. Comme pour rappeler que tout ce qui est vieux n'est pas nécessairement dépassé.

Le gameplay est d'une simplicité enfantine. Aux commandes de l'oncle Picsou - le fameux Scrooge Mc Duck américain -, le joueur peut se déplacer, sauter et effectuer des rebonds sur sa canne. Deux boutons à peine, donc, sont utilisés, dont un permet une action alternative, à savoir repousser des objets en se collant à ces derniers. La mécanique du jeu de plateforme est ici résumée à sa plus simple expression - avec brio d'ailleurs puisque l'ensemble est d'une précision diabolique - mais ceci pour laisser s'exprimer le véritable enjeu du titre : un level design particulièrement bien pensé.

Ce level-design est directement tiré de la version originale 8 bits. Le souci de fidélité est remarquable : non seulement les ennemis restent les mêmes, mais leur gestuelle, leur rythme est très proche de l'expérience vécue à la fin des années 1980. Plus intéressant encore, ceux qui ont connu l'opus original ne seront pas perdus dans ces niveaux assez vastes : l'essentiel de leur construction reste très similaire, là encore, à ce que l'on a connu par le passé, jusqu'aux passages secrets dont le titre regorge pour peu que l'on prenne le temps de s'y attarder. Si certains "remakes" trahissent l'original par l'apport de nouvelles idées de réalisation ou de gameplay, ce n'est pas le cas ici : Wayforward, qui s'est chargé du développement pour Capcom, reprend l'ensemble du squelette du titre avec un infini respect, au point même de conserver le repop des ennemis lorsque l'on revient sur ses pas - un élément lié au scrolling de l'image propre aux consoles 8 et 16 bits .

Remastered oblige, l'expérience change en revanche radicalement concernant la réalisation. Oubliés, ici, les sprites grossiers et les niveaux très vides qui constituaient la règle sur NES. Désormais, la haute définition règne en maître, et l'ensemble du titre a bénéficié d'une conséquente remise au goût du jour. Le résultat saute aux yeux : les niveaux, à présent capables d'afficher de la 3D, sont chatoyants, fourmillent de détails ; l'animation est impeccable, d'une fluidité exemplaire. Esthétiquement, l'ensemble est également très inspiré. De l'Amazonie à la Transylvanie, en passant par l'Himalaya et autres destinations exotiques, Picsou évolue dans des environnements étonnamment variés, sublimés par la cohérence de la palette de couleurs, mais aussi par leur manière de décliner les éléments de décor attendus dans chaque contexte. Wayforward a mis beaucoup de coeur dans ce travail de création, et cela se voit à l'écran.

De ces sept niveaux, que l'on termine hélas trop rapidement, l'on ne peut que ressortir émerveillé du travail accompli. Duck Tales Remastered est de ces rares titres qui feront l'unanimité, une production à petit budget bien troussée et capable de séduire aussi bien les nostalgiques que les plus jeunes, en véritable patrimoine vivant qui n'a rien à envier aux plus gros blockbusters du moment - en termes de fun s'entend. Comme quoi, on ne prête pas toujours qu'aux riches...