Hello tous,

Pour ce post du week-end, je vous invite à découvrir en ma compagnie une machine culte de l'histoire des jeux vidéo. Sortie à l'époque de la Gameboy et de la Game Gear, la Lynx a quelques années durant constitué une alternative viable aux machines de Sega et Nintendo, sans que pourtant je franchisse le pas. Depuis quelques heures maintenant et suite à un passage à Little Tokyo, incontournable magasin de retrogaming strasbourgeois dont je vous reparlerai plus bas, je mesure l'ampleur de mon erreur. C'est un très beau hardware qu'a pondu Atari (du moins Epyx) à l'époque, raison pour laquelle je vous propose d'en découvrir l'histoire et d'en partager les merveilles.

 

Atari... ou pas

Avant toute chose, revenons sur la destinée de la Lynx. Appelons-la d'ailleurs plutôt "Handy", qui fut son appellation d'origine. Comme je vous le laissais entendre quelques lignes plus haut, ce n'est en effet pas le géant américain qui développa ce hardware, mais la firme fondée en 1978 sous le nom d'Automated Simulations par Jim Connelley et Jon Freeman, rapidement rebaptisée Epyx. Je ne m'attends pas vraiment à ce que ce nom vous dise grand-chose, à moins d'approcher la quarantaine : c'est sur des machines comme le C64, le Spectrum ou l'Atari 800 XL que ces p'tits gars ont accompli leurs plus hauts faits d'armes : Temple of Apshai, mais aussi Impossible Mission, California Games, Barbarian IISummer Games... ou World Karate Championship.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Karate Champ, 1984, Data East.

 

 

International Karate Championship, rebaptisé WKC, 1986, Epyx

 

Je vous parle à dessein de ce dernier jeu, car il est contemporain du déclin de cette société et sans doute lié au passage de la Handle - Lynx dans le giron d'Atari : en 1987, Data East porte en effet plainte pour plagiat contre Epyx, estimant que WKC est honteusement copié sur son jeu d'arcade Karate Champ, sorti en 1984 (et visible dans le film ayant rendu Vandamme célèbre : Bloodsport). Le procès, tournant à l'avantage du plaignant, est une exécution en règle pour Epyx, et a pour corollaire l'accélération de la chute de la société. En 1989, souffrant en prime d'une conjoncture peu favorable aux USA pour les jeux vidéo et d'une incapacité chronique à faire de bons choix de business, Epyx fait faillite sans avoir pu mener à terme son projet de console portable, la Handy. Rachetée par Atari dès 1987 (à l'époque, Epyx ne parvient déjà plus à assumer les coûts de développement de la machine), celle-ci sort sous la bannière du géant américain en 1989, désormais rebaptisée du nom d'un fauve des forêts vosgiennes: la Lynx est née.

 

 La Lynx première génération

 

Mario contre Goliath... contre Sonic

Contemporaine de la Gameboy, la Lynx est en avance sur son temps. Technologiquement parlant, à sa sortie, elle enterrait littéralement la petite portable de Nintendo. Certes équipée d'un processeur central 8 bits "Mikey" issu de celui équipant les C64, la machine est renforcée par un coprocesseur graphique 16 bits, "Suzy", cadencé à 16 MHZ (ce qui est énorme à l'époque), et embarque un processeur sonore 4 canaux de haute volée. Le résultat se regarde et s'écoute : les jeux peuvent afficher 16 couleurs simultanément sur une palette de 4096, la console peut afficher de la 3D teps réel (Steel Talions) et le son mono de la Lynx est plus que convaincant. De plus, les ingénieurs ont pensé à tout dans la conception de la belle : droitiers comme gauchers peuvent s'y frotter sans problème, un switch permettant de retourner la console et de faire passer les boutons à gauche et le pad à droite. L'innovation est remarquable, et à ma connaissance unique dans l'histoire des jeux vidéo.

Mais la Lynx n'est pas exempte de défauts. Qui lui ont coûté cher en cette ère toute nouvelle pour le jeu vidéo en mobilité. Une autonomie trop faible et un encombrement trop important ont à l'époque rendu la machine peut séduisante aux yeux des joueurs. Et ceci sans même compter son prix de vente à sa sortie (200 dollars), largement supérieur à celui de la Gameboy. Il n'en a pas fallu davantage pour désigner cette dernière vainqueur par KO.

Toki

 

La ludothèque de la Lynx, inévitablement, a pâti de cette situation. Une centaine de titres à peine, pour la plupart peu marquants, sont aujourd'hui disponibles sur le support au fil de son existence. Pourtant, Atari avait fait les choses come il fallait, tentant même de rectifier le tir en 1991 avec une Lynx 2 mieux optimisée et dotée du son en stéréo. Mais la concurrence dès 1990 de la Game Gear de Sega , proposant elle aussi la couleur et bénéficiant du soutien des éditeurs tiers, notamment nippons (ce qui est crucial en cette époque reculée du jeu vidéo), a fait mal. Dès 1993, Atari devait baisser les bras face à des rivaux bien mieux implantés dans le coeur des joueurs. Je vous parle d'un temps oublié : en ces heures-là, point de Sony ou de Microsoft pour truster le marché : Sega et Nintendo règnaient en maîtres, loin devant NEC et SNK.

 

Mais ça continue, encore et encore...

 

Un beau gâchis, donc, mais la Lynx se découvre depuis sa disparition une étonnante propension à renaître régulièrement de ses cendres, grâce aux fans. Outre la ludothèque  officielle, qui comporte tout de même quelques perles comme Toki, Raiden, Checkered Flag, Lemmings, Batman Returns, Double Dragon, Pit-Fighter, California Games, Klax, Ninja Gaiden, Shadow of the Beast ou le magique Super Off-road, de nombreux adeptes de la machine ont en effet forgé une scène homebrew très active, développant des projets de titres jusqu'à nos jours (à voir notamment à l'adresse https://atariage.com/forums/topic/151888-current-atari-lynx-projects/, qui compile pas mal de liens vers ces titres fanmade).

Autant dire qu'il y a de quoi faire pour un nouvel acquéreur qui veut se plonger dans le petit monde de cette console mythique... Ce qui est mon cas, comme je le disais au début de ce post, puisque je suis désormais l'heureux possesseur d'une Lynx 2 en très bel état. Petit tour du propriétaire en vidéo pour ceux qui en ont envie, juste ci-dessous :

 

P.S.: Vous aurez noté que je fais état dans la vidéo du magasin dans lequel j'ai mes habitudes. et où j'ai trouvé mon bonheur Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de vous faire partager ce bon plan : Little Tokyo, à Strasbourg, est à mon sens l'une des enseignes les mieux achalandées de l'hexagone, en termes de matériel retrogaming. De la PC Engine à la Gamecube, en passant par la Neo Geo, la LT, la Wonderswan ou la Virtual Boy, il y en a pour tous les goûts, et le stock est régulièrement renouvelé.

Je ne vous ferai pas de faux plan. Les prix ne sont pas exceptionnellement bas, ni particulièrement élevés comparé au reste du marché. Ils sont justes. En revanche, le stock est exceptionnel. Si vous peinez à trouver un titre, une console spécifique, il peut donc être intéressant pour vous de tenter de faire appel à cette structure. Sachant que mieux vous connaîtrez votre sujet, plus vous apprécierez de vous retrouver face à un expert qui connaît son affaire.

Pour ceux qui veulent, un rapide petit tour du propriétaire en vidéo...

 

PS2 : Je vous parlais dans la première vidéo de la suite de la chronique en images. Ben, je déclare forfait suite  à la perte de l'intégralité du post et aux heures de boulot supplémentaires que ça a signifié pour tout recommencer. On verra ça demain, éventuellement, à tête reposée. Vraiment désolé.

 

Les sources :

https://en.wikipedia.org/wiki/Epyx

https://www.gamopat.com/article-gamopat-academy-la-lynx-de-atari-45177856.html

https://www.atariage.com/Lynx/history.html

https://www.grospixels.com/site/lynx.php