Hello tous,

Il fallait s'y attendre. L'arrivée de la Go Pro 3 à la maison s'est accompagnée de quelques nuits blanches, puisque je me suis très rapidement entiché de cette petite caméra et de ses multiples possibilités, caressant notamment l'idée de réaliser des vidéos comme celles qui servent à la promotion de la machine sur son site officiel. Evidemment, c'est plus simple à dire qu'à faire, principalement parce que le matériel utilisé pour parvenir à ce type de rendu n'est pas donné. J'ai essayé la chose en téléchargeant une version shareware de Vegas Pro 10.0c (pour mon OS 32 bits) et une version test du plugin Twixtor : il n'y a pas à dire, le système est redoutablement efficace, et je confirme ici mon intention de faire l'acquisition de ce duo de logiciels particulièrement pratique. Mais en attendant, je vais me débrouiller en utilisant une alternative tout-à-fait satisfaisante, et qui plus est totalement gratuite - ce qui n'est pas rien pour quelqu'un qui n'aime pas les logiciels hackés - : SlowmoVideo.

C'est en faisant pas mal de recherches sur les forums de passionnés que je suis tombé sur cette perle. Après avoir été déçu par le rendu d'Avidemux, mais aussi par celui de Magix Video Deluxe 2013 Premium, deux solutions software prétendant pouvoir rivaliser avec le rendu de Twixtor mais sans y parvenir, je me suis orienté vers une solution que les sites indiquaient comme étant réservée aux utilisateurs Linux. SlowmoVideo, de fait, est né dans le monde du logiciel libre, mais a connu dernièrement une adaptation pour les environnements Windows. Heureuse nouvelle, car le logiciel se révèle tout-à-fait performant à l'usage, à condition de prendre garde à quelques détails. A tel point que je vous propose ci-dessous d'en apprendre le fonctionnement pas à pas.

1. L'installation

Le téléchargement s'effectue à la page https://slowmovideo.granjow.net/download.php. Le fichier zip doit être décompressé dans un répertoire aisément accessible depuis la racine du disque dur (ex: c:/slowmotion, à créer manuellement). Une fois le dossier installé, on doit encore télécharger le ffmpeg de Zeranoe - version 32-bit static builds - à l'adresse https://ffmpeg.zeranoe.com/builds/. Décompressez les fichiers dans le même répertoire que celui de SlowmoVideo (c:/slowmotion, donc), et effectuez une copie du fichier ffmpeg.exe (caché dans le sous-répertoire bin) pour le placer dans le même dossier que celui où figure SlowmoUI.exe (c:/slowmotion toujours). Rien de plus à faire, double-cliquez ensuite sur SlowmoUI pour lancer l'application. Vous arriverez à l'écran ci-dessous (double-cliquez sur les jpeg pour les voir en détails) :

 

2. Créer le projet

Une fois SlowmoVideo lancé, créez un nouveau projet via le menu "File", en haut à gauche. Indiquez le répertoire de stockage du projet (en vert), en prenant soin de garde très visible puisque les fichiers temporaires de création du slowmotion peuvent prendre plusieurs giga-octets d'espace disque. Pour ma part, j'ai installé ce répertoire sur mon bureau, ce qui me permet de l'effacer sitôt la vidéo achevée. Donnez ensuite un nom au projet, puis sélectionnez la vidéo à travailler depuis le menu "Input vidéo. Ceci fait, cliquez sur OK et laissez la vidéo charger, ce qui peut prendre quelques minutes.

 

3. Les principes de base à connaître

Une fois la vidéo chargée, un espace de prévisualisation apparaît que le haut de l'écran, tandis qu'une ligne de temps un peu particulière occupe le bas de la fenêtre d'action. Concernant l'espace de prévisualisation, rien de comparable aux autres logiciels de traitement vidéo : vous verrez apparaître, de gauche à droite, un rendu image par image de la vidéo d'origine, puis un rendu image par image de la vidéo telle qu'elle sera en sortie. Une troisième visualisation peut faire son apparition tout à droite: celle du rendering en cours (File - render preview). Elle est peu ou prou inutile.

La timeline, elle, mérite que l'on s'y arrête plus en détails. En ordonnée (vertical), vous trouvez la durée de la vidéo d'origine. En abscisse (horizontal), c'est la durée de la vidéo finale qui est calculée. A partir de ces deux variables, tout est possible : ralentir l'image, l'accélérer ou effectuer un rewind. Et ceci tout simplement en cliquant où il faut sur la timeline pour poser autant de balises (i.e. nodes) que nécessaire. Pour supprimer une balise, c'est tout simple : cliquez droit dessus et sélectionnez "delete node".

Admettons que la vidéo que vous traitez doit être totalement conservée (dans le cas contraire, il ne faudrait pas placer la première balise à 0;0, mais à l'instant T en ordonnée à partir duquel vous souhaitez que la vidéo finalisée commence). D'un simple clic de souris en 0;0 (zero d'abscisse, zéro d'ordonnée), vous indiquez le point de départ de vous travail. Dès lors, plusieurs options s'offrent à vous:

- en traçant une ligne à 45° de l'abscisse, vous faites passer le temps à l'identique de la vidéo d'origine.

- en traçant une ligne au-delà de 45°, vous faites accélérer le temps. Plus vous êtes proche de la verticale, plus le temps passe vite.

- en traçant une ligne en-deça de 45%, vous ralentissez le temps. Plus vous êtes proche de l'horizontale, plus votre vidéo ralentit.

- Plus une section horizontale est longue, plus la durée de cette section est longue dans la vidéo finale : c'est avec cette règle que vous pouvez modifier la durée de votre slowmotion.

- les lignes croissantes (/) vont dans le sens du temps. Les lignes décroissantes (\) remontent le temps.

- La fin de la vidéo est matérialisée par une ligne horizontale blanche, tracée en gras. C'est sur cette ligne que vous devrez terminer votre vidéo, à moins de ne pas souhaiter embarquer l'intégralité de cette vidéo pour votre rendu final.

 

 

4. Une fonctionnalité spéciale : la courbe de bézier

Vous constaterez que les sections réalisées en plaçant les balises sont assez brutes de décoffrage, ce qui induit des modifications brutales de la vitesse de défilement de la vidéo en fonction de vos actions. Il existe heureusement une option qui vous permet de rendre ces variations plus progressives, à savoir la courbe de bézier. Pour y avoir accès, cliquez sur la balise qui vous intéresse, puis cliquez-droit dans la timeline.

 

L'activation de la courbe de bézier se traduit par l'apparition dans la balise sélectionnée d'une sorte de petite roue. Celle-ci peut être saisie en appuyant sur shift (maintenir) puis en saisissant la roue. Il est alors possible de la déplacer sur la timeline pour incurver le segment travaillé, ceci grâce à une fonction de vectorisation. Pour revenir à zéro, il suffit de ramener la roue dans la balise.

 

 

5. A savoir

Vous l'avez constaté, l'utilisation de SlowmoVideo est relativement simple, ce qui constitue son principal avantage. Son inconvénient, en revanche, tient à  masquer le niveau de FPS retenu pour les effets de slowmotion. Veillez donc soit à sortir la calculette pour évaluer ce taux de FPS en fonction de la durée de la vidéo initiale et de son taux de rafraichissement, soit à garder en tête que les plus courtes sont souvent les meilleures. Quelques tests vous permettront de toute manière de vous familiariser avec la chose et de savoir quelles sont les limites à ne pas dépasser. Je n'en dis pas davantage sur le sujet, étant moi-même encore en train de chercher les meilleurs réglages pour limiter au maximum les artefacts visuels qui peuvent apparaître sur le slowmotion lorsqu'on abuse des bonnes choses.

Notez également qu'un des points faibles de l'algorithme slowmotion tient à sa nature : il calcule des images intermédiaires, ce qui signifie que l'interpolation de textures complexes peut générer des artefacts. Evitez donc les arrière-plans riches et préférez des fonds unis sur lesquels votre sujet principal peut se détacher aisément. Vous verrez plus loin la différence entre les deux situations dans la vidéo test (très imparfaite) que j'ai réalisée pour illustrer ce post.

6. Le rendu

Une fois que vous êtes à peu près satisfait de votre travail, il est l'heure de passer au rendu. Attention, à la différence de Twixtor, cette phase peut être très longue (de l'ordre de plusieurs heures), je vous conseille donc d'effectuer des tests avant de lancer le rendu final

Cette fonction se trouve dans l'onglet "File", sous l'appellation "Render". Vous ouvrez une fenêtre présentant plusieurs onglets, que je détaille ci-dessous, du mois dans les limites de ce que j'ai compris. Si vous avez des données à préciser sur le sujet, je suis preneur et mettrai le post à jour en fonction de vos remarques

 

L'onglet "Rendering settings" vous permet de définir si vous souhaitez traiter toute votre vidéo ou une sélection seulement (fonction que je n'ai pas encore maîtrisée). Vous y trouvez surtout le framerate de sortie de votre vidéo (24 FPS par défaut, je vous suggère de monter la valeur à 50 au moins). Vous pouvez également agir sur la taille (en small, pour les tests, ce qui permet de gagner du temps dans le traitement) et jouer sur le type d'interpolation.  L'interpolation two-ways est celle proposée par défaut, la bézier doit paraît-il limiter les artefacts visuels sur les arrière-plans plus complexes qu'un ciel bleu. J'ai testé, mais je ne suis pas convaincu.

 

 

 L'onglet "Optical flow" permet d'agir sur la qualité et la taille des images rendues afin de limiter les artefacts visuels, mais le logiciel lui-même indique qu'il faut effectuer des tests en essyant un rendu à 5 et un autre à 50, afin d'évaluer en quel sens il est préférable d'agir (si l'on décide d'agir sur cette variable). Pas eu le temps de m'y essayer, mais j'y reviendrai. La valeur "20" me semble de toute manière satisfaisante, pour le moment.

 

SlowmoVideo permet de générer des effets de motion blur (flou cinétique), à partir de la timeline. Je ne m'y suis pas intéressé, le rendu n'étant pas ce que je cherche (pour l'instant), mais sachez qu'il peut être paramétré dans cet onglet de rendu final. 

 

 

L'onglet "Output", enfin, permet de définir si vous souhaitez un rendu vidéo ou  sortir les images qui composent celle-ci, mais aussi de donner un nom à votre fichier (n'oubliez pas le .mpg à la fin du fichier !) L'"optional arguments vcodec" me semble, en l'état actuel des choses, inactif.

 

Voilà. Avec tous ces conseils, vous devriez pouvoir vous lancer dans la réalisation de slowmotions dignes de ce nom. N'oubliez pas que meilleure est la qualité de la vidéo initiale, meilleur sera le résultat final. Il pourrait être intéressant que vous postiez vos essais en complément de vos remarques dans le fil de commentaires, afin que ce tutorial puisse progressivement s'enrichir de vos apports. Je vous mets ci-dessous la première vidéo réalisée par mes soins (totalement brute, sans post-traitement, ne me hurlez pas dessus ^^), sachant que trois autres, normalement plus abouties, sont déjà en gestation. Enjoy !

 

En bonus, un autre Slowmotion réalisé avec SlowmoVideo. Pas de moi, et ça se voit...