Hello tous,

Une petite nuit blanche, et me voici devant vous fort d'un mode solo plié sur Injustice, afin de parler un peu en détails de ce titre de NetherRealm attendu par bon nombre de fans de jeux de combat. Je vous le dis d'emblée : nous sommes face à un titre soigné, mais qui risque de laisser certains sur la touche tant sont tranchés ses partis-pris de gameplay.

Injustice, pour faire simple, reprend la structure du dernier Mortal Kombat et l'applique à l'univers des super-héros de DC Comics. Evidemment, le roster, fort de 24 brutes surpuissantes, en est bien plus séduisant que celui du titre original (du moins pour les fans de DC). Ici, place à Superman, Wonderwoman, Cyborg, Green Arrow,  Batman, Nightwing, Aquaman, Flash, Green Lantern, Hawkgirl, Raven, Shazam pour le camp des bons, et Joker, Ares, Solomon Grundy, Lex Luthor, Bane, Sinestro, Harley Quinn, Killer Frost, Death Stroke, Doomsday, Catwoman et Black Adam pour le camp des villains. 24 personnages au total, et des styles de combat particulièrement variés à la clé. D'aucuns tomberont amoureux de l'extrême rapidité de Flash et Green Arrow (mon préféré), tandis que d'autres préfèreront la force brute d'un Lex Luthor, d'un Doomsday ou le judicieux équilibre puissance/vitesse que peuvent constituer d'autres personnages comme Wonderwoman, Batman (un régal à manier) ou Aquaman. Une réserve toutefois : il semble que le combat à distance n'est pas une option à privilégier, tant le titre repose sur des combos dévastateurs au corps-à-corps.

Une histoire passionnante

Le solo invite le joueur à prendre en main la plupart de ces personnages, à travers un scénario invoquant -manière habile de modifier les alliances habituelles- l'existence d'un monde parallèle au nôtre. Pour faire simple: Joker a encore fait des siennes. Dans un monde, il a réussi à aveugler Superman et à faire raser Metropolis par ce dernier. Exit Lois Lane et la progéniture du superpapa qu'elle portait. Dans un autre, cinq ans plus tard, il menace de détruire Metropolis au moyen d'une ogive nucléaire. La Ligue des super-héros intervient juste à temps pour l'en empêcher mais soudain Batman, Wonderwoman, Aquaman et quelques autres -dont le Joker himself- se retrouvent transportés dans un monde parallèle dans lequel Superman, fou de douleur, a décidé de s'ériger en maître absolu afin de garantir la paix. Vous avez bien lu : de cette situation initiale naît une proposition narrative inhabituellement riche pour un beat'em up,  posant à travers le jeu des alliances entre héros la question fondamentale du libre-arbitre. Et chaque super-héros ou bad guy de trouver sa place, rejoignant le camp de l'ordre ou celui de la résistance, en faisant fi des anciennes inimitiés.

Ce mode histoire, sacrément bien mis en scène, se boucle en un peu moins de quatre heures et une trentaine de combats, en suivant toutes les cinématiques proposées. Pour une fois, on ne sera pas trop tenté de les zapper. Non seulement belles (le jeu, d'ailleurs, est une réussite sur le plan esthétique, jusque dans les décors et la modélisation des combattants), elles profitent de l'appui des scénaristes de DC Comics (une bande dessinée, de Tom Taylor et Jheremy Raapack est d'ailleurs en cours de parution, qui propose de découvrir les événements ayant amené à la destruction de Metropolis). Injustice est riche de son intrigue, et n'omet pas d'assurer le fan service en mettant en scène des retournements de situation parfois grisants.

 

Sentiment de puissance

Côté gameplay, il y a de quoi s'arrêter un bon moment. Outre les attaques de base faible-moyen-fort - qui fonctionnent sur un principe de combos similaire à celui de l'excellent reboot Mortal Kombat proposé par NetherRealm -, un quatrième bouton permet d'activer une compétence spéciale propre à chaque personnage. La super-vitesse de Flash, des attaques au batarang pour Batman, le mode costaud tout rouge pour Superman... On prendra plaisir à découvrir ces capacités une à une.

Presser simultanément sur les gachettes L1 et R1 permet par ailleurs, une fois la jauge "special" remplie, d'activer une super-attaque dotée d'une petite cinématique en général assez impressionnante. Celle d'Aquaman, notamment, est un régal pour les yeux.

Mais Injustice amène également quelques originalités qui méritent d'être creusées. Jeu de combat 3D en visualisation 2D, le titre permet ainsi, surtout, de s'appuyer sur nombre d'éléments du décor pour attaquer l'adversaire. Imaginez le truc:  si vous combattez à côté d'une benne à ordures ou d'une voiture, sachez que vous pouvez saisir cet accessoire afin de le projeter sur le combattant adverse. Vous avez également la possibilité de propulser le super-héros qui vous fait face sur un élément d'arrière-plan, duquel il rebondira afin de vous permettre de l'enchaîner par un nouveau combo (il arrive même que cette action permette de changer de niveau !). Oui, cela risque de s'avérer un peu agaçant à la longue si vous vous retrouvez face à un adversaire qui sait jouer. Mais quel sentiment de puissance pour qui sait utiliser correctement cette possibilité !

Un petit point de gameplay qui m'a enchanté : la plupart des personnages proposent un style de combat alternatif. Ce qui peut changer du tout au tout l'issue des matches. Wonderwoman, par exemple, plane par défaut à quelques centimètres du sol et se déplace assez lentement, mais elle a la possibilité de rejoindre le plancher des vaches et de dégainer son épée et son bouclier pour combattre en fière Amazone. Sa puissance baisse, mais sa vitesse s'en trouve décuplée.

A noter, en passant : le mode histoire propose quelques petites séquences en QTE, en général pour repousser de loin des attaques d'ennemis. L'affaire est distrayante, mais ne change rien à l'évolution de l'intrigue selon que l'on réussisse le challenge ou non. Il eût mieux valu se dispenser de la chose, en ces conditions.

 

Y'a comme une raideur

Pour faire bref, on aura compris que le gameplay mis en place dans Injustice, s'inspirant très largement de MK, a réussi à développer ses propres spécificités et s'en trouve à l'arrivée assez conséquent en termes de variété. La question, en revanche, reste ouverte concernant l'équilibrage du roster : certains super-héros (Batman, Aquaman, Death Stroke, Luthor...) sont clairement avantagés, ce qui posera rapidement problème dans les parties en ligne. Un autre point qui me chagrine concerne l'animation des combattants, qui reste assez rigide. Quant aux personnages ayant la capacité de voler, ils perdent paradoxalement beaucoup en mobilité, leurs déplacements se faisant lourds et lents. Toutes les questions posées par la mise en scène de héros DC Comics dans un jeu de combat n'ont pas été résolues de manière satisfaisante, c'est un fait. De la représentation de la puissance de certains coups portés jusqu'à la gestion de la défense : assez aléatoire, celle-ci encourage le joueur à se porter principalement sur l'attaque et à espérer que son offensive prendra la priorité sur celle de l'adversaire. Les fins techniciens du beat'em up risquent de ne pas trop apprécier.

Injustice: Gods among us me laisse à l'arrivée un sentiment un peu mitigé. D'un côté, j'ai joué quatre heures d'affilée, enivré de puissance en incarnant successivement ces êtres surpuissants qui m'ont fait rêver quand j'étais gamin. De l'autre, je dois bien avouer que j'ai éprouvé pas mal de frustration en prenant le contrôle de certains d'entre eux, tant leur agilité et leur vitesse ne correspondaient pas à l'image que je me faisais d'eux, et en découvrant qu'un simple combo saut attaque faible, attaque moyenne et attaque forte me permettait de venir à bout de la plupart des ennemis rencontrés en mode histoire (difficulté moyenne, je précise). Une faille qui n'existera certes plus dans le mode multijoueurs, mais dont on se serait bien passé pour redouter réellement la menace qui fait face au début de chaque round. Injustice : beau, mais con ?