La manette restera le seul élément hardware présenté lors de la conférence. Le leak était réel.

 

Hello tous,

Ben voilà, on y est. Sony vient tout juste de présenter sa nouvelle console, la PS4, lors d'un événement spécial organisé dans la nuit de mercredi à jeudi à New York. Je vous propose ci-dessous de retrouver les principales infomations relatives à ce nouveau hardware, qui - c'est stratégiquement très bien joué - est présenté pile à temps pour empêcher la Wii U de s'installer... et pour couper l'herbe sous le pied à Microsoft, qui entend apparemment présenter sa nouvelle machine à l'E3 de juin prochain. Un timing idéal, que l'on comprend encore mieux quand on sait que la concurrence risque d'être rude sur la prochaine génération de consoles : outre Sony, Nintendo et Microsoft, il faudra en effet peut-être bien compter avec de nouveaux acteurs sur le marché, à commencer par Apple qui ne fait plus guère mystère de ses appétits sur ce créneau. Evidemment, il faudra sans doute aussi suivre la montée en puissance des usages ludiques des tablettes et des smartphones, et il n'est pas exclu que les services de jeux vidéo en streaming fassent une percée avec l'arrivée progressive de la fibre optique dans les foyers. Une certitude en tout cas : les cinq ou six prochaines années seront cruciales pour les acteurs traditionnels du marché du jeu vidéo. Et a fortiori pour Sony qui joue très gros dans cette bataille, son département jeux vidéo étant à l'heure actuelle le seul à être bénéficiaire au sein de la société.

C'est Andrew House, président de SCEE, qui est apparu sur scène pour introduire la soirée. Il s'est chargé d'effectuer un retour sur l'histoire de Sony et de la Playstation, mettant l'accent sur les innovations apportées par la marque. "Nous avons changé tout le panorama des jeux vidéo", a-t-il estimé. Il a très vite mis l'accent sur la dimension connectée de ses hardwares. Puis est apparu le logo PS4. "C'est un départ". "Nous devons donner aux gamers des expériences multidimensionnelles" a ajouté Andrew House.

Mark Cerny, l'architecte principal de la nouvelle machine, a ensuite pris le relais. Le développement du hardware aurait débuté il y a déjà cinq ans. "Nous avons essayé de voir comment l'écosystème de Playstation pouvait évoluer, nous avons lancé le processus". Cerny a contribué à la création de la VCS 2600, il parle de consoles à l'époque "univalentes". "Aujourd'hui, c'est différent. Depuis la PS3, il y a multiplication des appareils dont se servent les joueurs. Les super-ordinateurs et les super-puces ont perdu de leur valeur. C'est ce qui fait qu'il a fallu réunir une équipe interdisciplinaire pour la PS3, même si on savait que le processeur multicoeur était au coeur de la machine. Il ne suffisait pas". Cernay a dans la foulée défendu l'intérêt de SCEE pour les développeurs, arguant que le hardware PS3 avait été conçu en fonction de leurs avis. Ce serait la même chose pour la PS4, fruit du travail d'une équipe plurisdisciplinaire, notamment en termes de connectivité et de réseaux sociaux. Quelques points techniques: la PS4 intègre un processeur X86, une carte graphique type PC GPU renforcé, un disque dur et une RAM de 8GO grande vitesse. Cerny a dans la foulée dévoilé la manette, le leak dévoilé quelques heures avant la conférence étant confirmé. La latence serait réduite. Bouton de partage (share), prise casque et barre lumineuse pour identifier le joueur sont implémentés. Surtout, une caméra stéréo (qui ressemble fort à Kinect) pourra pister la manette dans l'espace. A noter que la Vita aura un rôle à jouer : il sera possible de streamer les jeux PS4 sur la portable pour y jouer tranquillement loin de la télé.

Des spécifications plus précises ont été mises en ligne suite à la conférence par le magazine Famitsu : la PS4 embarquerait un CPU AMD x86-64 Jaguar 8 coeurs, un GPU de 1,84Tflops de type AMD Radeon, une RAM 8G DDR5, un lecteur BR, une connectique USB 3.0,ethernet, wifi IEEE 802.11 b/g/n, bluetooth 2.1, ainsi qu'une sortie hdmi et une sortie AV.

Une info importante : il sera possible de jouer à un jeu pendant que le téléchargement sera en cours. L'aspect social sera également important, avec 15mn de gameplay enregistrées en tâche de fond, le bouton "share" de la manette permettant de partager ces données très simplement. La console sera très fortement optimisée pour les usages sociaux, prenant la suite de la logique de Nintendo et de la Wii U. Un exemple concret : un ami pourra suivre votre partie en direct, depuis n'importe quel support, et pas seulement depuis la PS4. David Perry a également parlé de Gaïkaï, confirmant qu'il sera possible de streamer les jeux PS1, PS2 et PS3 sur PS4 grâce à cette technologie.

Ont suivi les présentations de jeux. Outre Knack, dont n'a pas pu voir grand-chose en raison d'une panne du flux streaming, sont apparues les premières images de Killzone Shadow Fall (assez impressionnant avec ses environnements ouverts et très détaillés), Driveclub (d'Evolution Studio, et visiblement en mesure de rivaliser avec Forza), puis Infamous Second Son (dont on n'a pas vu grand-chose de concret). Jonathan Blow, le papa de Braid, a ensuite présenté son nouveau titre, Witness, jeu à énigmes qui se déroulera en milieu ouvert et dont la patte graphique laisse rêveur. Le titre est très très prometteur.

Drive Club

 

Infamous Second Son

 

 Killzone Shadow Fall

 

 Deep Down

 

Davis Cage a fait une rapide apparition pour dévoiler que la PS4 permettra d'afficher des personnages de 30 000 polygones, soit deux fois plus que dans Heavy Rain, dévoilant un visage de personne âgée animé en temps réel - franchement étonnant. Puis Yoshinori Ono a dévoilé un nouveau titre Capcom, Deep Down, dont l'ambiance renvoie à Dragons Dogma, mais infiniment plus impressionnant techniquement : les dragons semblent réels grâce au nouveau moteur 3D Panta Rhei ! C'est peut-être la plus grosse claque de la soirée.

Squaresoft, de son côté, a diffusé une vidéo  de démo de son Luminous Engine déjà disponible sur le web depuis plusieurs mois. Impressionnant techniquement, mais étonnant que la firme n'en dévoile pas plus, et notamment pas le nom du jeu. En revanche, de nouveaux jeux Final Fantasy seraient en développement pour la PS4, et à découvrir durant l'E3.

Le PDG d'Ubisoft Yves Guillemot a fait une apparition sur scène, lui aussi. Evidemment, manière d'introduire une présentation ingame de Watchdogs, toujours aussi dingue et sublime. La possibilité de prendre le contrôle d'une rame de métro a été dévoilée, et c'est franchement enthousiasmant.

Watchdogs nouvelle balade ingame

 

Chris Metzen, de Blizzard, a ensuite pris la parole. Ceci pour confirmer ce que tout le monde supputait: Diablo III est en approche sur consoles, et donc sur PS4. Le gameplay a été repensé. Question tout de même :les joueurs craqueront-ils pour un titre PC vieux de deux ans à la sortie du support ? Pas sûr...

Le PDG d'Activision Eric Hirshberg a enfin fait une apparition pour évoquer Destiny, le nouveau jeu du studio Bungee. Qui verra donc le jour chez Sony. De quoi déboussoler un peu certains joueurs... Mais le titre semble très prometteur, ainsi qu'on l'a déjà vu ces derniers jours. Le titre sera dispo également sur PS3.

Destiny

 

La conclusion

Comme on le pensait, la PS4 sera disponible dans les rayons fin 2013. De cette présentation, l'on ressort cependant avec une sensation mitigée. Indéniablement, les progrès techniques de cette génération sont un peu moins conséquents que ce que l'on aurait pu imaginer, la machine - dont on n'aura vu aucune représentation - se plaçant peu ou prou au niveau des meilleurs PC du moment. La conférence en elle-même a enchaîné les interlocuteurs, avec ceci de positif que le hardware semble bénéficier d'un soutien conséquent des éditeurs tiers. On retiendra d'ailleurs, malgré l'absence d'images, l'arrivée d'un nouveau Final Fantasy sur PS4.

Une autre leçon semble poindre : visiblement, la course à la puissance a été - un peu - mise de côté par Sony, qui ne s'est d'ailleurs guère attardé sur les spécifications techniques de sa machine... sinon pour dire qu'elle se rapprochait d'une architecture PC. Tout comme Nintendo l'a fait avec sa Wii U et tout comme Microsoft le fait avec succès sur Xbox 360, la PS4 semble enfin amener Sony dans un univers connecté, où les réseaux sociaux sont pris en compte, exploités à l'avantage du support.

 

La plus grosse information de la soirée tient peut-être, justement, à ce fameux bouton "share" qui fait son apparition sur la nouvelle manette Dual Shock 4. Un simple bouton pour une philosophie totalement rénovée : désormais, le joueur est au centre de l'expérience, et ce joueur est conçu comme un élément ayant besoin de partager et de communiquer. L'arrivée en force des expériences prolongées sur les autres hardwares (smartphones, tablettes) est emblématique de ce nouvel état d'esprit, et ce n'est pas forcément une mauvaise idée : plutôt que de lutter contre les autres machines, pourquoi ne pas les cannibaliser ? Reste cependant à espérer que la concrétisation de cette idée soit aussi séduisante que les promesses présentées lors de cette soirée...

N.B.: Un dernier mot, tout de même, à propos de l'intégration du streaming dans l'expérience de jeu. Comme on pouvait le craindre pour le marché de l'occasion, c'est bel et bien vers la dématériasliation que les constructeurs veulent progressivement nous amener. Il ne serait pas étonnant que la technologie prenne une place croissante dans la commercialisation des jeux au fil des mois sur PS4. La crainte de perdre un patrimoine vidéoludique semble s'éloigner avec les possibilités du streaming, mais les heures du retrogaming semblent, trois fois hélas, comptées...