Hello tous,

Aujourd'hui, nouveau test à partager avec vous, en l'occurrence le très destabilisant Anarchy Reigns, dont j'identifie bien les multiples défauts mais auquel il est difficile de ne pas jouer quotidiennement en multi. Tout le paradoxe de cette dernière réalisation de Platinum Games pour SEGA, dont le côté foutraque constitue aussi, quelque part, le point fort. L'un des titres les plus étranges de cette génération de consoles...

Comme toujours, le test est à retrouver en intégralité sur https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos

 

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Fin de règne, début d'anarchie [24. 1.2013]

Drôle d'expérience ludique que celle d'Anarchy Reigns, improbable et explosif beat'em all multijoueurs qui surgit tel un anachronisme complet sur cette génération de consoles peu encline à laisser saillir les biscottos des héros décérébrés. Mais le concept, qui sonne comme l'adieu des développeurs de Platinum Games à Sega, a le sel de ces quelques titres appelés à passer à la postérité. Car il y va d'un splendide ratage autant que d'une authentique curiosité.

Quitte à se planter, autant le faire en beauté. Chez Platinum Games, on ne fait en tout cas pas les choses à moitié. Bayonetta, Vanquish et Mad World avaient déjà démontré par le passé cette étonnante capacité de l'équipe de développement nippone à assumer son concept jusqu'au bout, parfois contre vents et marées. Et c'est encore cette honnêteté qui préside à la destinée de son dernier bébé. Anarchy Reigns est imparfait ? Sans nul doute. Mais ceci parce que les fondements mêmes du jeu, auxquels les développeurs sont restés fidèles, l'y prédestinaient.

Solo basique



Cliquez pour agrandir l'image

Le titre marque le retour aux affaires de Jack, le héros de Madworld. 

Ici, tout le concept se résume en effet à un seul mot : l'anarchie. De toute évidence, Platinum Games a voulu faire corps avec cette idée, mettant en scène un scénario diablement foutraque pour cautionner l'aspect brut de décoffrage d'un brawler dans lequel le joueur fait mordre la poussière à ses adversaires avec un sentiment de puissance né de la multitude d'ennemis éradiqués. Telle est l'essence même du solo, succession de missions plus ou moins imposées dans des niveaux ouverts où fourmillent les hordes d'adversaires. Pas de structure, encore moins de finesse dans cette affaire. Avec un gameplay résolument primaire - attaque faible, attaque forte, saut, choppe, garde, esquive et attaque ultime -, Anarchy Reigns mise tout sur le fun, introduisant des affrontements dantesques contre des créatures énormes perdues au beau milieu d'une nuée d'ennemis présents pour faire de la figuration.

De la stratégie ? Que nenni. Anarchy Reigns assume jusque dans sa mise en scène son univers décérébré. Et peu importe, du moment qu'on peut y cogner. Pas pour rien que l'on y retrouve le cultissime Jack de Madworld, l'un des deux héros que l'on pourra incarner - avec le fadasse Neo aux faux airs de Raiden de Metal Gear. Lui au moins, il sait ce que veut dire le mot bestialité.

Revers de la médaille, le solo révèle vite ses limites. Peu habitués aux univers ouverts, les développeurs de Platinum Games ont fait pile ce qu'il ne fallait pas faire, à savoir proposer des missions redondantes dans des niveaux bégayants et souvent sans grande personnalité. C'est ici que le bât blesse, cruellement. Faute de savoir accrocher le chaland sur la durée, ce solo méchamment longuet devient ainsi purgatoire imposé : il faudra en effet le boucler pour débloquer tous les personnages avec lesquels, en multijoueur, l'on pourra enfin vraiment s'amuser. Et l'achever deux fois pour profiter de la véritable fin de cette pochade tout juste digne d'une série B. Gonflé.

Apprentissage par l'échec



Heureusement, autant Platinum Games se sera raté sur la partie "joueur VS machine" de son dernier bébé, autant le multi en ligne auquel les développeurs nous invitent est addictif à souhait. Non que tout y soit, là encore, totalement parfait, mais parce qu'Anarchy Reigns y trouve enfin la véritable justification de son existence : en une foultitude de modes proposant aussi bien challenges coopératifs que matches à mort ou mêlées dantesques à 16 (sic !), le titre se dévoile soudain plus complexe à dompter, infiniment plus intéressant à appréhender. 

Cliquez pour agrandir l'image

Anarchy Reigns se déguste avant tout à plusieurs, en ligne. 

Et ce ne sont pas là que des questions de bonus permettant de booster certaines de ses spécifications, ou même de montée en expérience -concept toujours aussi agaçant puisque niant l'égalité des joueurs entre eux lors des parties. Non, ce dont on prend conscience au fil des monumentales fessées que l'on sera immanquablement amené à supporter durant les premières heures de jeu contre d'autres humains, c'est qu'Anarchy Reigns est, étonnamment, une authentique histoire de skill. Apprendre à placer les enchaînements selon un timing précis, gérer finement sa barre d'attaque ultime, savoir contrer et alterner judicieusement défense et attaque... Seuls les plus aguerris pourront survivre plus de quelques instants dans ces arènes où chacun est la cible de tout le monde, où règne une joyeuse anarchie. Quant aux autres, ils prendront leur mal en patience, apprenant de leurs erreurs ou rendant définitivement les armes au bout de quelques parties. Difficile d'admettre, reconnaissons-le, qu'il puisse y avoir une structure dans ces affrontements a priori chaotiques et dans lesquels, de prime abord, l'on ne parvient pas même à se repérer.

L'amour est aveugle



A l'arrivée, un sentiment mitigé. Pas franchement joli - visuellement, le jeu est même daté en plus d'être ici et là buggé - et clairement mal calibré pour trouver son public, Anarchy Reigns ne sauve la mise que grâce à son multi apte à séduire, moyennant un investissement de temps conséquent, les plus hardcore et les plus déjantés des gamers. Vendue pour une trentaine d'euros, cette dernière création de Platinum Games pour Sega avant de filer sous de nouveaux cieux mérite cependant que l'on s'y arrête, au moins pour la curiosité. Qui sait ? Sans doute appelée à devenir culte, elle pourrait bien conquérir le coeur de l'un ou l'autre joueur sensible aux sirènes de cet incroyable bordel organisé.