Hello tous,

Depuis lundi midi, c'est parti. Enfin. Grand fan d'In Memoriam et d'Experience 112, j'ai toujours été de ceux qui trouvent que Lexis Numérique apporte beaucoup en termes  de réflexion sur la nature même du jeu vidéo. Alors, forcément, j'attendais impatiemment le dernier rejeton en date d'Eric Viennot, Alt-Minds. Parce qu'il s'agit, en soi, d'une petite révolution. Je vais employer ici deux termes sur lesquels les RP fondent leur communication, mais qui me semblent pour le coup très pertinents: "fiction totale" et "transmédia".

[MAJ] https://www.dna.fr/societe/2012/11/13/aux-frontieres-du-reel : le lien vers l'article pro que je consacre à Alt-Minds, il est en accès libre. Bonne lecture!

J'explique, pour les retardataires et les p'tits gars au fond de la salle, près du radiateur. Depuis lundi midi, une enquête à grande échelle a été lancée sur le web. Depuis votre PC, votre Mac, votre tablette ou votre smartphone (mais là, les applis ne semblent pas encore disponibles), vous pouvez y prendre part, en temps réel. C'est la grande spécificité de la chose : le jeu est prévu pour durer dix semaines au total, soit une semaine de lancement, deux semaines de battement pour laisser le temps au public de venir, et enfin sept semaines de partie non stop à partir de décembre. Et chaque jour, vous aurez des missions spécifiques à remplir, les mystères à résoudre, en travaillant au même rythme que le reste du web, en découvrant les vidéos des enquêteurs du jeu, les indices disséminés au fil des dossiers qui sont mis à votre disposition. Eric Viennot a bien précisé qu'il sera possible, aussi, de jouer en différé (le contraire eût été étonnant, un modèle économique basé sur du jeu en direct étant particulièrement dangereux), mais la quintessence de l'expérience, ce sera bien le direct. D'autant que certains événements sont programmés qui feront de cette immédiateté un moteur du jeu à part entière.

Pour nourrir ce temps réel, une intrigue, d'abord. D'une densité d'ores et déjà assez effarante. Cinq jeunes chercheurs ont disparu en Ukraine, et font l'objet de recherches actives de la part de la fondation qui les emploie. Celle-ci, un tantinet broucouille, décide de tenter une expérience inédite : faire appel à la communauté du web pour tenter de collecter les indices, analyser les données, résoudre les difficultés qui se trouvent sur le chemin des enquêteurs officiellement engagés sur le terrain... 

Ce sont ces enquêteurs qui fournissent chaque jour une partie des vidéos mises en ligne. Mais le matériel de travail est infiniment plus vaste. Si les enquêteurs fournissent les vidéos à la base du jeu lui-même, Alt-Minds érige le transmédia en vertu cardinale. Du coup, la collecte de données devient un univers à part entière. Il faut lire, beaucoup lire, tant les dossiers que les comptes twitter, les profils facebook, les blogs ou les fausses pages de sites bien réels - comme celui du Monde, partenaire du jeu.  Il faut regarder la web-série qui avance chaque jour et en tirer les conclusions qui s'imposent, chercher à lever le voile tant sur le mystère de la disparition que sur les éléments cachés par la fondation (il y en a dès le premier jour de jeu, c'est dire). Viennot promet plus encore : les smartphones seront également mis à contribution, notamment pour des missions de géoloclisation, ou pour devenir une véritable interface de communication avec le jeu. Attendez-vous à recevoir des sms, voire à être appelés. Avec Alt-Minds, rien n'est exclu si l'on en croit son créateur.

La première journée de partie vient de se terminer, la deuxième est en cours. Deux missions ont été proposées hier, qui donnent une première idée du challenge qui est ici proposé. La première aura consisté à utiliser un outil de traitement vidéo permettant de modifier contraste, luminosité et gamma afin d'identifier un message caché au coeur d'une vidéo. Pas évident, il m'aura fallu une bonne demi-heure pour trouver la solution, d'autant plus que l'indice est particulièrement difficile à déceler. La deuxième épreuve, également une vidéo à analyser, a de son côté imposé de chercher un peu plus loin encore. La réponse attendue n'étant pas directement présentée dans les quelques minutes de séquence,c'est en croisant les données recueillies avec les sources présentes sur le web que la lumière est venue.

Voilà pour le minimum syndical. Mais bien évidemment, Alt-Minds à aller plus loin, à chercher le petit détail qui fera la différence par la suite. Première action logique, je suis allé fouiller les profils facebook des disparus, pour en apprendre un peu plus sur qui ils sont et ce qu'ils aiment. Quelques éléments intriguants ont émergé. Se pose aussi la question de savoir ce qu'une archéologue faisait avec trois physiciens et un informaticien. Je vais donc essayer de trouver le fil twitter des disparus, ce soir, pour voir s'il n'y a rien à y glaner...

Ce que je veux dire par là, c'est que le champ des possibles ouvert par ce rapprochement des différents supports (ordinateur, tablette, smartphone) et des différents types de médias est tout bonnement effarant. En 2003, In Memoriam avait déjà bluffé toute le monde en amenant le joueur à chercher ses réponses en utilisant le web comme terrain de jeu. Aujourd'hui, Lexis Numérique va beaucoup, beaucoup plus loin. Je vous conseille fortement de vous abonner pour vous faire une idée, ceci d'autant plus que la première semaine de jeu est gratuite.

 

Les liens principaux sont ci-dessous, alors à vous de jouer...

L'accès au jeu : https://www.alt-minds.com/

Le forum de la communauté Alt-Minds: https://forum.altminders.com/

 

Et un peu d'autopromo pour finir : l'interview d'Eric Viennot et le papier rédigés par mes soins sur https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos.