Bonjour à tous,

Voici le test de Resident Evil, jeu certes non exempt de défauts mais à propos duquel je trouve que beaucoup de joueurs, et de critiques, ont été injustes. Un opus de qualité qui mérite, à mon goût, que les fans se laissent tenter...

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Vous reprendrez un peu de zombie ? [ 2.11.2012]

Série fondatrice du genre survival horror, Resident Evil a muté au même rythme que le virus créé par la maléfique multinationale Umbrella Corporation. Pour devenir, à la faveur d'un sixième opus surprenant, une aventure chorus mâtinée de grand spectacle et d'action. Nouveau cocktail, nouveaux frissons, mais la recette est efficace et certainement pas dénuée d'ambition.

 

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Esthétiquement parlant, Capcom a effectué des choix gagnants en renouant avec les univers traditionnels de la saga. 

Un jeu, quatre scenarii. Le choix de structure est radical, presque déstabilisant pour le fidèle de la série. Là où ses prédécesseurs se contentaient de faire ronronner un concept depuis longtemps balisé, Resident Evil 6 impose, d'emblée, sa volonté de marquer une véritable rupture avec le passé. Et le résultat est là : au lieu d'une aventure linéaire, place à quatre trajectoires distinctes dont il faudra suivre les circonvolutions si l'on souhaite prendre toute la mesure de l'intrigue. Mine de rien, c'est une petite révolution.

Action, fuite, énigmes



Car Capcom, dans un souci d'ouverture de sa franchise culte au grand public, a voulu dynamiser son concept. Quitte à laisser la peur, la vraie frousse sur le bas-côté, la firme nippone a ainsi pris le parti de privilégier une adrénaline plus immédiate, enfant du grand spectacle. Il en résulte une mise en scène particulièrement habile, parfois tapageuse diront les détracteurs, mais indéniablement pourvoyeuse d'une conséquente diversité de ressentis.

Ceci d'autant plus que chaque scénario apporte une petite touche personnelle à l'aventure. Celui de Léon Kennedy et Helena Harper est le plus proche de l'expérience des deux derniers opus, mais aussi celui où le frisson est le plus présent, où la sensation d'oppression née de la menace zombie est la plus forte. Celui de Chris Redfield et Piers Nivans offre une approche nettement plus portée sur l'action, tandis que celui de Jake Muller et Sherry Birkin invite le joueur à ressentir l'urgence de la fuite. Débloqué une fois le reste de l'aventure bouclée, le scénario d'Ada fait enfin, de son côté, la part belle aux énigmes à l'ancienne. On est alors rassuré : le premier Resident Evil n'a pas été totalement oublié.

Des bons points, malgré quelques défauts gênants



Au registre des bonnes nouvelles, Resident Evil 6 propose un univers cohérent, des environnements au design très travaillé. Eglise assiégée, ville en flammes, sous-sols où suintent le mal et les expériences contre-nature réconcilient le jeu avec sa vraie vocation. Mais Capcom fait, ici aussi, acte de diversification, et c'est du coeur des Etats-Unis jusqu'au fin fond de la Chine que le titre construit ses pérégrinations. Si la répétition n'est pas totalement évitée -les quatre scenarii possèdent des boucles communes - le joueur voit du pays et apprécie la balade tout du long, bien que le titre, c'est vrai, soit souvent trop linéaire et scripté. Il aurait beaucoup gagné à laisser au joueur davantage de liberté.

Le gameplay a lui aussi été recalibré, optimisé. Pour un résultat globalement convaincant. Indéniablement, il est désormais plus aisé de se déplacer, de prendre pour cible les ennemis qui se succèdent à l'écran, d'autant plus qu'il est désormais très confortable de tirer en se déplaçant. Certes, l'intelligence artificielle de l'équipier, quand il n'est pas contrôlé par un joueur, laisse encore un peu à désirer. Mais le défaut a ses bons côtés : en ces noirs moments, il faudra apprendre à ne se fier qu'à soi. En revanche, les nouvelles possibilités de déplacement sont mal exploitées : les glissades sont accessoires et la possibilité de se mettre à couvert souffre d'une ergonomie trop déficiente pour être réellement utile dans une partie serrée.

La critique facile



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La plupart des héros de la franchise se retrouvent dans cet opus choral de belle facture. 

Il n'en reste pas moins que le plaisir est au rendez-vous. Doté d'une durée de vie plus que conséquente - 20 à 30 heures de jeu au minimum pour boucler le mode histoire -, Resident Evil 6 est de plus bourré de bonnes idées, à commencer par un mode coopératif - hors ligne en écran splitté ou online - aussi efficace que varié. Les modes compétitifs en ligne sont de surcroît rafraîchissants (la variante chasse à l'homme notamment, dans laquelle trois challengers peuvent incarner des monstres dans la partie d'un quatrième joueur, est pleine de promesses, quoique pas encore parfaitement équilibrée), ce qui achève de laisser une bonne impression à propos d'un logiciel pourtant souvent critiqué.

Mais c'est sans doute là la paradoxale rançon de la volonté de Capcom de séduire un public diversifié : multiplier les gameplays - et donc placer le joueur face à des concepts ludiques auxquels il n'est pas forcément habitué -, c'était risquer de ne plus contenter grand monde à l'arrivée. Mais n'en déplaise aux esprits chagrins, ce nouveau rejeton d'une saga culte ne fait pas honte à ses aînés. Viscéral, nerveux, racé, il est au contraire une valeur sûre de cette fin d'année.