Bonsoir à tous,

Ben voilà, c'est fait. L'espace d'une heure et quelque 45 minutes, je suis retombé en enfance. Celle où, ado, j'enchaînais les Commando, Die Hard, Rambo II, La fureur du dragon et autres nanars cultissimes pour tous les accrocs à la testostérone et aux gimmicks d'anthologie. Parce qu'Expendables II, c'est une madeleine proustienne. Où la gourmandise, pour le coup, ce sont les pétoires plus gigantesques les unes que les autres, les scènes d'action monstrueuses, les répliques qui tuent et qui sont, souvent, autant de clins d'oeil à une époque bénie pour les accrocs aux bons vieux actioners des familles. Expendables avait encore -un peu- le souci du sérieux. Désormais, c'est fini : place à un gigantesque et joyeux bordel dans lequel toutes nos anciennes gloires font mumuse comme si les années n'avaient pas passé. Foutraque ? Absolument. Couillon ? Totalement. Mais je dois bien l'avouer : j'ai pris mon pied. Avec toute une salle conquise qui n'a pas cessé, tout du long, d'applaudir et acclamer les happenings les plus dingues qu'on ait vus au ciné ces dernières années.

Qu'on soit bien clair : si vous n'êtes pas de cette génération qui a célébré la gloire de Stallone, Schwarzenegger, Willis, Lundgren et Norris (plus récemment et dans une moindre mesure celle de Statham, Jet Li et Steve Austin), vous resterez sans doute hermétique à cette improbable succession de sketches et de scènes d'action qui rythment Expendables II. Car tout, ici, est conçu pour rendre hommage au fan du bon vieux temps, pour partager avec lui un moment de complicité et de plaisir coupable. La minceur du scénario, à elle seule, ne fait que souligner que l'essentiel n'est pas dans l'histoire. Stallone et ses gars, cette fois, tombent sur un os lors d'une mission en Albanie, et décident, en guise de représailles, de mener une monstrueuse vendetta. Point et à la ligne.

Le reste n'est que dialogues croustillants, univers totalement référentiel et second degré assumé. Oui, les "I'm back" de Schwarzi sont au rendez-vous, tout comme le "Yeepekai" de Bruce Willis -même si ce n'est pas forcément dans la bouche attendue. Expendables II cite, pêle-mêle, Rambo, Die Hard, Commando, Terminator... ou même Bloodsport et Kickboxer. Car le "vilain" de cette affaire n'est autre que notre Belge philosophe, qui joue et se joue de cette réputation de bargeot qui lui colle désormais à la peau. Ceux qui l'ont vu dans JCVD savent que Van Damme peut être un bon acteur, et il en fait ici, tout en autodérision, constamment la preuve. On découvrira même que le bonhomme tient toujours la forme, ses "high kicks" restant particulièrement dévastateurs. Le bon vieux temps, je vous dis...

En d'autres circonstances, avec un autre point de vue, Expendables II aurait été insupportable de machisme, de passéisme et de grossierté. Mais la sauce prend bien, miraculeusement, parce que chacune de ces stars saborde joyeusement son image, offre un contrepoint rafraîchissant aux pires clichés véhiculés par les films des années 80 et 90. Stallone, moteur de l'histoire, ne dédaigne pas à l'occasion y aller de sa petite réplique hilarante car surannée. Lundgren, génialissime, joue de son physique impressionnant et de son curriculum vitae d'ancien du MIT pour camper un personnage aussi psychopathe que déglingué. Statham, un peu moins en avant que lors du premier opus, accepte de bonne grâce le statut de second couteau et ronchonne devant la caméra avec bonheur, entre deux scènes de combat au corps-à-corps épatantes - ce sont ses scènes qui en imposent le plus, d'ailleurs. Aperçus dans le premier volet, Willis er Schwarzenegger prennent cette fois part à l'action et s'amusent comme des petits fous à citer les rôles qui les ont rendus célèbres... appliquant consciencieusement la consigne de démonter leur personnage dès que l'occasion se présente. Et c'est totalement jouissif.

Quant à Chuck Norris, il est définitivement culte, et ce film devrait asseoir sa légende. Ses apparitions dans le film sont autant de petits instantanés de bonheur pour le fan. Car Norris a intégré sa mythologie, l'a digérée et s'en moque gentiment. Les Chuck Norris Facts -ces petites phrases humoristiques dans lesquelles Chuck est présenté comme un héros invincible - servent ainsi de matériau pour alimenter son rôle, et lui offrent une stature quasiment surhumaine. Une position dont il rit en citant, clin d'oeil génial, certaines de ces petites phrases qui font encore et toujours le buzz sur le web. Expendables a beau être un hommage au XXème siècle, le film sait vivre avec son temps...

Le verdict

Expendables II n'est pas un grand film, on s'en doutait. Il n'en reste pas moins qu'entre ses scènes d'action incroyables, le plaisir évident des acteurs à reprendre les armes et un sens de l'humour omniprésent, il constitue un divertissement de choix pour échapper à la canicule en ces derniers jours de vacances. Il démontre, de surcroît, une fascinante capacité à touner en dérision toute une époque du cinéma avec, paradoxalement, une tendresse et un respect infinis pour un genre que l'on regarde aujourd'hui, trop souvent, de haut. Moi, en tout cas, n'en déplaise aux intellos des salles obscures, il m'a donné envie de me refaire Bloodsport et Commando...