Bonsoir à tous,

En cette heure presque avancée, je vous livre la partie principale du test de Ridge Racer Unbounded, dont vous trouverez la version exhaustive à l'adresse https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos.

Je ferai simplement quelques remarques préalables : si RRU n'est pas mauvais en soi, le jeu m'a semblé fade et sans personnalité. Surtout, je n'y ai absolument pas retrouvé le plaisir qui faisait de moi un adepte de Ridge Racer. A ce titre, la critique est plus acerbe qu'à l'accoutumée : pourquoi diable avoir à ce point changé le concept si c'est pour obtenir à l'arrivée une resucée pas fantastique de concepts ludiques déjà vus et revus dans d'autres franchises ? J'en reste un peu effaré...

Sortie de route

Mais où sont donc passés les fondamentaux de Ridge Racer ? Le dernier opus en date de la franchise, Unbounded, emprunte une toute autre route que celle tracée par ses illustres aînés pour gagner le coeur des joueurs. Un choix osé, pour un résultat doublement décevant : le jeu de Namco perd ici toute son identité, et sans y gagner -au contraire- en jouabilité.

Trahir l'esprit d'une franchise n'est pas un problème en soi. Electronic Arts, avec Need for Speed, s'amuse régulièrement à jouer avec l'image de sa licence. Atari, avec Test Drive, en fait parfois de même. Mais il est une chose qui ne change jamais : l'ADN du jeu, ce petit quelque chose qui vient rappeler au joueur, pad en main, que c'est bien l'héritier d'un gameplay éprouvé qui lui est proposé. En l'occurrence, Ridge Racer a construit sa renommée sur le drift, les trajectoires négociées tout en finesse dans des virages où les dérapages sont rois. Ce n'est pas réaliste ? Bien entendu. Mais le plaisir est au rendez-vous, et le style a ses adeptes. L'abandonner est, au minimum, risqué.

Or, oser remettre en cause ce concept fondateur, c'est précisément ce que fait le dernier opus de la saga. Unbounded, de fait, n'a plus grand-chose à voir avec la licence fétiche de Namco, si ce n'est son nom. Ici, les courses sont des fuites désespérées vers la ligne d'arrivée. Dans des environnements urbains particulièrement torturés, tout est bon pour gagner: envoyer son adversaire dans le décor, détruire des éléments de l'environnement... L'esprit de ces challenges n'est plus celui glorifiant les trajectoires, la recherche des quelques dixièmes de seconde permettant d'optimiser son chrono. Non, ici, les Finlandais de Bugbear, qui ont pris en charge le développement du titre, opèrent une spectaculaire volte-face et s'en vont ouvertement chasser sur les terres des Burnout et autres Split Second Velocity. Les carosseries s'entrechoquent, les collisions avec les murs, dans les virages, ne sont plus un problème. Les habitués de la franchise seront, au minimum, un peu déroutés.

Déroutés, voire plus encore. Car cette mutation s'accompagne d'une remise à plat quasiment totale du gameplay traditionnel de la série. Ici, l'on découvre vite que le drift n'apporte plus grand-chose, le boost lui-même perdant de sa puissance et de son intérêt -si ce n'est pour détruire certains éléments du décor ou s'en prendre à un adversaire. Les véhicules, eux, ont le mérite de répondre assez bien aux injonctions du pad et de se comporter agréablement sur la route, mais les dérapages sont lourds et pénibles. Un comble pour un jeu issu d'une telle lignée. Quoiqu'il en soit, l'affaire semble assumée. Nous sommes bien en face d'une petite révolution de palais.

Reste que la révolution suppose une innovation. Ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut. Non seulement Unbounded pille allègrement les idées de gameplay de la concurrence, mais le titre ne parvient à aucun moment à faire mieux que ses rivaux. Le joueur se retrouve donc face à un titre certes pas désagréable, mais lui donnant une furieuse impression de déjà-vu au détour de chaque virage. Unbounded ne peut pas même compter sur sa réalisation pour briller : les environnements sont correctement modélisés, sans plus, et l'on déplore sur certaines épreuves de sérieux problèmes de lisibilité des tracés. Il n'y a guère que la fluidité de l'animation qui soit ici à saluer.

Des points positifs, malgré tout

Tout n'est pas noir, doit-on cependant relativiser. Unbounded propose pas moins de neuf districts et 63 courses aux objectifs variés (course pure, destruction pure ou mélange des deux), ce qui assure un temps de jeu conséquent avant d'en voir le bout. Ceci d'autant plus qu'un système de levelling assez bien pensé confère au titre une excellente rejouabilité. L'existence d'un multijoueurs convaincant vient, de surcroît, démultiplier la durée de vie du titre -voire son intérêt : jouable à huit en ligne, Unbounded s'est en effet doté d'un éditeur de circuit particulièrement performant qui permet, d'ores et déjà, au jeu de mobiliser toute une communauté online. Et il est vrai que les tracés y sont souvent très réussis, il faut bien l'avouer.

Ce que l'on retient sur la ligne d'arrivée ? Sorti sous une autre appellation, Ridge Racer Unbounded aurait sans nul doute mérité un avis magnanime, le titre disposant d'indéniables qualités qui permettront aux adeptes de jeux de course musclés d'y trouver leur compte. Mais la dénaturation de la franchise Ridge Racer pour un concept qui ne fait que singer des productions existantes et déjà bien installées ne cesse d'interroger. Les fidèles de Ridge Racer, à coup sûr, resteront sur le bas-côté...