Yop!

C'est de circonstance, je vous ressors un post qui colle pile poil à ce 21/10/2015

 

Non, Liedh, je ne pourrai pas t'offrir de Delorean. Désolé, c'est un peu au-dessus de mes moyens: 28 à 30000 euros pour un modèle en très bon état, 20 à 25000 euros pour une voiture à réviser, ça fait un peu cher la doléance.

En revanche, je peux désormais te raconter l'histoire de cet engin mythique par le menu. Parce que non, la Delorean DMC-12 n'a pas été une création rien que pour le film Retour vers le futur, comme beaucoup le pensent. En fait, 8583 DMC-12 sont sorties des usines Delorean et se jouent des années de par le monde. Tu veux en savoir plus ? Ne crains rien, nous allons y arriver.

Quelques hommages

Tout d'abord, un petit hommage au jeune magazine The Good Life, dont le deuxième numéro vient tout juste de sortir dans les bonnes crèmeries. Cela faisait longtemps que je cherchais un bon papier bien senti sur cette voiture, et c'est ici que j'ai trouvé mon bonheur, de la page 222 à la page 227.

Ensuite, on salue bien bas Michael J. Fox (Marty Mc Fly) et Christopher Lloyd (Dr Emmet Brown), les deux acteurs cultes de Back to the Future. Le premier, vous le savez peut-être, se bat depuis 1991 contre la maladie de Parkinson, une horrible saloperie, mais continue à faire quelques apparitions à la TV et au cinéma. Le deuxième poursuit son bonhomme de chemin, on le retrouvera d'ailleurs dans Piranha 3DD ces prochains mois.

 

Une histoire qui vient d'Alsace

Enfin, l'histoire. Remontons donc dans le temps, à 88 miles à l'heure précisément, pour revenir à la douce année 1925. Nous sommes à Détroit, capitale de l'industrie automobile. John Zachary Delorean voit le jour cette année-là. Un petit détail qui compte pour nous (enfin, surtout pour moi, qui suis strasbourgeois) : son papa est un immigrant alsacien qui travaille chez Ford, à la fonderie.

Mû par son père, qui lui transmet le goût du travail bien fait et de l'automobile, John Zachary fait des études d'ingénieur. Sa carrière professionnelle est un brin aventurière. Il passe chez Chrysler, Packard, Pontiac (où il participe au développement de la GTO). En 1965, il prend la direction de Chevrolet. Une carrière exceptionnelle, qui connaît un coup d'arrêt terrible en 1973 : victime de jalousies et de son caractère peut-être un peu trop critique, John Zachary est débarqué.

C'est ce coup du destin qui donne l'idée à l'homme, alors âgé de 45 ans, de lancer sa propre compagnie. Ce sera la Delorean Motor Company. Très vite, un concept car y est élaboré en fonction des priorités affichées par le boss : écologie, protection du passager, sécurité sur la route. La voiture embarque une propulsion à moteur arrière, son design est élaboré par Giorgetto Giugiaro. Le premier chassis, conçu par un ancien de General Motors (William Collins) innove avec une technologie d'elastic reservoir moulding qui lui confère légèreté et rigidité, mais se révèlera finalement trop complexe à réaliser en série : on lui préfèrera l'architecture poutre de la Lotus Esprit (sur le conseil de Colin Chapman, patron à l'époque de Lotus). Le moteur, enfin, est un casse-tête. mais finit par être trouvé : ce sera un V6-PRV, élaboré par Renault et Volvo.

Delorean a déjà englouti 77 millions de dollars dans son rêve, et n'en est pas même encore au stade de la production. Les investisseurs se font rares, et l'homme d'affaires doit prendre son bâton de pèlerin pour chercher des soutiens. Il finit par en trouver un, et pas des moindres : c'est la dame de fer Margaret Thatcher elle-même qui permet au projet de prendre vie. Dès 1978, grâce à son aide -intéressée, puisque la promesse de 2500 emplois créés l'a séduite- la première pierre du site de production est posée à Dunmurry, dans la banlieue de Belfast. La production démarre en janvier 1981.

Le naufrage industriel... et l'entrée dans la légende

L'histoire ne laissera cependant guère sa chance à cette voiture pourtant très appréciée de la critique, à l'époque, malgré une motorisation décevante. Confortable, moderne, la Delorean DMC-12 est victime de ses coûts de production, affichant un tarif de 25000 dollars contre 12000 annoncés au départ. Victime de problèmes d'assemblage, la voiture n'est pas homologuée aux USA. Les premiers retours de clients, en plus, sont mitigés. La firme réagit peu, ou trop tard. Evidemment, le naufrage devient vite une évidence : en février 1982 Delorean Motor Company dépose le bilan, et la production de Delorean DMC-12 est stoppée la veille de Noël qui suit.

La fin d'une aventure qui aura tout de même permis à 8583 DMC-12 de voir le jour. Et à l'une d'elles de faire entrer la marque dans la légende : en 1985 apparaît sur les écrans un certain Retour vers le futur, dans lequel un ado débrouillard et un savant fou s'offrent un voyage dans le temps à 88 miles à l'heure. Le saviez-vous, d'ailleurs ? Au départ, ce voyage devait être réalisé dans un réfrigérateur. Mais la production a estimé que le concept serait de nature à donner de mauvaises idées aux enfants. Le frigo étant hors course, la DMC-12 pouvait entrer en piste...